Je vous invite à voir si vous en avez l'occasion cette très émouvante pièce de Ronald Harwood :"À tort ou à raison" qui nous fait entrer dans les salles de travail des denazificateurs.
http://www.telerama.fr/scenes/a-tort-et ... 135963.phpLa cible est le chef d'orchestre Wilhelm Furtwangler mais le débat est bien plus large. Par exemple, un artiste célèbre qui refuse d'émigrer devient il complice du régime par ce fait même alors qu'il n'aime pas les nazis et que les nazis le savent très bien ?
Le point le plus notable de la pièce (dont je ne sais si elle est fidèle à l'histoire) est que l'interrogateur (un officier américain, ancien agent d'assurance, sûr de lui et incapable de concevoir la vie quotidienne dans un régime totalitaire) n'a aucune preuve de la collusion éventuelle du chef d'orchestre avec les nazis. Il pallie cette absence de preuves par un harcèlement quotidien, des questions incessantes, des injures...pour obtenir un aveu (qu'il obtiendra partiellement). C'est l'exacte négation du procès à armes égales cher aux anglo saxons.
C'est aussi ce que la plupart des denazificateurs occidentaux ont refusé de faire - au risque de laisser filer pas mal de vrais coupables. Mais pour un libéral il vaut mieux 100 coupables en liberté qu'un innocent en prison, n'est ce pas ?
Nous en avons déjà parlé je crois : un procès pénal (même à armes égales ...) n'est pas un cadre adapté pour dégager la vérité historique. Trop de gens (accusés, témoins, accusateurs) ont intérêt à mentir ou à simplifier ...