Barbetorte a écrit :
Pas de panique ! Il y a résumé et résumé donné par Borsig. Ne pas confondre.
Là je comprends mieux.
Merci pour votre éclairage.
Pour son prestige, il aurait mieux valu que Pétain reste en France volontairement, sous surveillance de la résistance, plutôt que d'accepter une captivité en Allemagne. De plus il aurait été jugé plus tôt, ce qui valait mieux : tous les exilés de Sigmaringen ont eu la malchance - pour eux - d'être jugés juste après le retour des déportés, c'est à dire au moment où l'on découvrait toute l'horreur du régime nazi. Ce qui donnait à la Collaboration une couleur encore plus sordide.
(Jean Lacouture cite les sondages de l'Ifop - dont c'était les premiers sondages - sur la proportion de partisans de la peine de mort pour Pétain : à la Libération ils ne sont qu'une poignée à la réclamer, un an plus tard ils sont devenus largement majoritaires.)
Gilles Perrault raconte que les détenus de Fresnes qui ne sont pas embarqués dans le dernier convoi sont inquiets de ne pas partir en Allemagne comme les autres, et se demandent avec inquiétude pourquoi ils ne sont pas traités comme tout le monde. (il s'agit en général de personnalités de la Résistance, pour certaines appelées à jouer un rôle à la Libération, que certains officiers de la Gestapo cherchent à épargner pour se fabriquer des alibis futurs. Il cite en particulier Aimé Lepercq, de l'OCM, qui sera un éphémère ministre des finances, avant de se tuer en voiture à l'automne 44.)
Citer :
Pour le fun, je cite encore un passage du télégramme :
Le président Laval a quitté Paris le 18 août 1944 pour Metz, on envisage la création d'un nouveau gouvernement avec l'assentiment et la participation de Jules Jeanneney, Edouard Herriot, Camille Chautemps et le groupe radical. Jules Jeanneney convoquerait l'assemblée nationale, celle-ci retirerait au Maréchal ses pleins pouvoirs. Ce gouvernement aurait l'accord du gouvernement américain par l'intermédiaire de Camille Chautemps et du gouvernement allemand grâce au président Laval. Edouard Herriot a été ramené de Nancy à l'hôtel de ville de Paris et vient de quitter Paris pour Nancy.
Passe encore pour l'autorisation du gouvernement américain, mais de Gaulle demander l'autorisation du gouvernement allemand en août 1944 ! On rêve !
C'était la dernière tentative de Laval pour jouer un rôle politique après la Libération. Pour cette manoeuvre qu'il croyait subtile, il avait obtenu l'accord d'Abetz. Il commença par aller chercher chez lui Edouard Herriot, président de la Chambre. Herriot était, à ce qu'on disait, très déclinant intellectuellement...
De Gaulle parle de cette ultime manoeuvre dans ses mémoires, en ajoutant qu'en dernier recours sa réussite aurait nécessité qu'il s'y prête... (et quand on le connaît...)
C'était comme vous le dites totalement illusoire. D'ailleurs Herriot, moins déclinant que la rumeur le prétendait, refusa absolument de convoquer la Chambre, ce qui lui valut de partir en résidence surveillée en Allemagne.
Les auteurs du télégramme sont bien renseignés sur la manoeuvre - la résistance a su pendant toute la guerre absolument tout ce qui se tramait à Vichy, qui a même constitué un canal permanent à la fois d'espionnage et d'intoxication des Allemands, qui s'y confiaient trop - en revanche ils n'ont pas compris - parce que c'est trop récent - que si Laval est à Metz et Herriot "en route vers Nancy" (en réalité les deux sont en route pour l'Allemagne) c'est qu'elle a déjà échoué : Hitler mis au courant a piqué une de ses colères de bambin et mis fin à l'opération. - son intérêt est le désordre en France, ce qu'il pense probablement possible entre maréchalistes, communistes et gaullistes. Donc pas question d'une passation de pouvoir dans l'ordre.