Pour rebondir sur les éloges des contemporains cités plus haut et continuer à faire plaisir à Guillemin (et Jefferson), voici quelques extraits de bôô discours tenus lors de l’inauguration de la statue de Joséphine à Fort de France, en Martinique, le 29 août 1859 :
« Il y a surtout quelque chose que la Religion aime à saluer dans Joséphine, c'est l'auréole du malheur qui vint orner son front habitué à ceindre le diadème impérial, c'est le courage avec lequel elle supporta son infortune, ce sont les vertus qu'elle pratiqua dans sa retraite, c'est le soin qu'elle prit des malheureux.»
(extrait du discours de l’évêque de Saint-Pierre et de Fort de France)
« Après le Te Deum de la victoire vient la fête pacifique. Celle de ce jour est destinée à rendre hommage à une souveraine qui a brillé autant par ses vertus privées que par le haut rang qu'elle occupait dans le monde.
[…]
Si l'auguste Joséphine est restée populaire, non seulement à la Martinique qui s'enorgueillit de lui avoir donné le jour, mais dans la France entière où son souvenir est encore si vivant, ce n'est pas seulement parce que ce souvenir rappelle la bonté, la bienfaisance et toutes les vertus privées dont elle était ornée. C'est aussi parce que la croyance populaire lui attribuait une influence sur nos destinées, sorte de lien mystérieux qui existait entre elle et la France »
(extrait du discours du gouverneur de la Martinique)
« Vous avez entendu l'éloquent éloge que M. le Gouverneur vient de faire du caractère et des vertus de Joséphine. Belle, bonne, aimable, gracieuse, son plus beau titre à notre admiration c'est d'avoir été la digne épouse, la compagne chérie du plus grand génie que les siècles aient vu paraître; son plus beau titre à notre reconnaissance, c'est d'avoir été l'aïeule de Sa Majesté Napoléon III, et d'avoir légué à la postérité, dans la personne de son petit-fils, le sauveur de la France, le libérateur de l'Italie.
Honneur au pays qui a vu naître Joséphine ! Gloire à la Martinique qui peut la compter au nombre de ses célébrités ! Vous n'ignorez peut-être pas que Sainte-Lucie avait la prétention d'être considérée comme le pays natal de Joséphine. Pour moi, je ne vois dans cette circonstance qu'un hommage de plus qu'on a voulu lui rendre; et ma présence ici, aujourd'hui, vous fait voir sous quel point de vue j'envisage la question. En effet, Joséphine est si grande, si digne d'admiration que les îles de l'Archipel se disputent l'honneur de lui avoir donné le jour.»
(extrait du discours du gouverneur de Sainte-Lucie)
« La Martinique, ce sol généreux qui a produit tant de nobles cœurs, tant de grands caractères, tant d'esprits élevés. La Martinique inaugure aujourd'hui la statue de Sa Majesté l'Impératrice Joséphine, la plus éclatante de ses célébrités.
[…]
Honneur donc à la créole Impératrice qui a marqué parmi les sommités de l'univers et du sein de laquelle se sont épanchés la gloire et le bonheur de la patrie ! honneur à la contrée qui lui a donné le jour ! Habitants de la Martinique, que cette œuvre d'art ne vous inspire pas seulement des sentiments de légitime orgueil ; qu'elle exalte votre patriotisme, qu'elle symbolise le lien qui vous unit à notre sublime métropole et à ce foyer de lumières et de prospérité qu'on appelle l'Empire. »
(extrait du discours du gouverneur de la Guadeloupe)
« Dans sa prévoyante sagesse, le ciel s'était plu à répandre sur l'impératrice Joséphine ses dons les plus précieux : douceur, bonté, affabilité, bienveillance, charité, en un mot, toutes les qualités du cœur et de l'esprit qui font de la femme un être angélique sur la terre, et sur le trône, une providence et un modèle des douces et rares vertus qui attirent l'affection des peuples.
[…]
Grande Impératrice, nous vous saluons ! La Martinique est heureuse et fière de posséder sous le manteau impérial la statue de l'immortelle Créole des Trois-Ilets. Puisse votre image vénérée protéger et porter bonheur aux habitants de ce beau pays !
[…]
Admirons l'œuvre de l'habile artiste, qui a su reproduire avec autant d'exactitude que de vérité les traits de notre grande souveraine ; voyez comme elle est belle et gracieuse ; ne dirait-on pas qu'elle revoit la Martinique avec ce bonheur et cet amour que l'on conserve toujours pour le pays qui nous vit naître ? »
(extrait du discours du maire de Fort de France)
Le long de la grille entourant le monument, quatre arcs de triomphe avaient été érigés. Chacun était orné respectivement des mots suivants :
« De ce peuple enivré, saluant ton retour,
Illustre Joséphine, entends les cris d'amour ! »
« La grâce et la bonté, d'une double auréole,
Ceignent le noble front de l'illustre Créole. »
« Pour son pays natal quel noble attachement !
Pour son illustre époux quel pieux dévouement ! »
« Joséphine, par toi le pays illustré,
Devait ce monument à ton nom vénéré. »
Gravures de la cérémonie :
La statue :
Aujourd’hui, la statue de Joséphine ressemble à ça :
O tempora, o mores !
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