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Message Publié : 07 Nov 2016 12:46 
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Polybe
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En février 1804 après le massacre dit des Princes par les janissaires , commence la rébellion des Serbes !
1805 ils remporte à Ivankovac la victoire sur les Turcs
1806 ils battent 2 armées ottomane et libère Belgrade!
Après la guerre russo-turque de 1806-1812, l’Empire ottoman exploite ces dissensions. Profitant également d’un affaiblissement momentané de la Russie (à la suite de la campagne organisée contre elle par Napoléon Ier), il reconquiert la Serbie en 1813.
Ce premier soulèvement serbe ouvre la voie au second qui donne à la Serbie son autonomie.
Il préfigure l'ère des nationalités dans les Balkans qui poussera les Grecs et les Bulgares à suivre l'exemple serbe. À l'époque cela était perçu comme un mouvement de libération des populations chrétiennes .
Pourquoi à votre avis ces épisodes sont totalement occultés, par la France de Napoléon 1 er ?
Est-ce pour ménager les Ottomans qui sont en guerre avec la Russie ?
Ou ?

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La guerre c'est le massacre de gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui se connaissent et ne se massacrent pas
Paul Valéry


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Message Publié : 07 Nov 2016 17:31 
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Fustel de Coulanges
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La Serbie ne représenta sous l’Empire qu'un élément au sein de la politique, à la fois complexe et soumises aux circonstances, que menait Napoléon vis à vis de Constantinople et de Saint-Pétersbourg.


Si la France et l'Empire ottoman était en paix depuis 1802, les rapports entre les deux nations restaient bien tièdes.
Ils se réchauffèrent cependant fortement en 1806 avec la paix de Presbourg, les deux états devenant frontaliers ; rapprochement diplomatique offrant du coup de nouvelles perspectives à Napoléon, qui, dans le cadre de la guerre menée contre la Russie, ne pouvait voir que d'un mauvais œil la rebellion serbe, susceptible d’offrir au Tsar de nouveaux territoires d’influence et de provoquer à court ou moyen terme la chute de Constantinople.

« Je ne veux rien de l'empire de Constantinople ; […] je veux, autant qu'il est en moi, en pacifier toutes les parties, réorganiser et rétablir, s'il est possible, ce formidable empire, qui, dans son état de faiblesse même, en impose à la Russie et la contient
[...]
Je ne soutiendrai aucun rebelle à la Porte, ni aucun de mes anciens amis d'Égypte ou de Syrie, ni aucun Grec. Ma politique est une et simple : être intimement lié à la Porte
[…]
Je ne veux point partager l'empire de Constantinople ; voulût-on m'en offrir les trois quarts, je n'en veux point. Je veux raffermir et consolider ce grand empire, et m'en servir tel quel comme opposition à la Russie. »
(Instructions à Sébastiani, 9 juin 1806)

Deux jours plus tard, Napoléon évoquait la question serbe dans une lettre écrite à Talleyrand :
« Il vous sera facile de démontrer que la Russie ne parle pas comme une puissance amie ou alliée, mais comme une puissance souveraine ; que s'il est vrai qu'elle veuille si fort la conservation de l'empire ottoman, pourquoi ne cesse-t-elle pas de secourir les Serviens par des exhortations et de l'argent ? Et si son zèle pour les intérêts de la Porte est tel qu'elle fait un plan de campagne contre la France, qu'elle suppose vouloir attaquer la Porte, que n'envoie-t-elle un corps de 3 à 4 000 hommes contre les Serviens ? Cette simple démonstration leur ferait voir qu'ils n'ont rien à attendre des Russes et épargnerait beaucoup de sang. Mais la Russie ne prend pas elle-même la peine de masquer ses intentions. Est-ce une simple intervention en faveur de paysans ? Mais ne sait-on pas que c'est un acte d'hostilité que de soutenir des sujets en révolte contre leur prince ? La Russie ne devrait-elle pas dire aux Serviens : Si vous êtes prêts à poser les armes, à livrer les chefs qui vous ont égarés, à rentrer dans l'ordre, je vous obtiendrai de la Porte l'oubli du passé ?
Au lieu de cela, qu'ose offrir la Russie ? De proclamer l'indépendance de la Servie. C'est là justement le but de la révolte soufflée parmi les Serviens. C'est là le développement du grand plan médité depuis longtemps de pousser ainsi les Ottomans du côté de l'Asie. Si les Grecs de Servie obtenaient ce qu'ont obtenu la Moldavie et la Valachie, l'indépendance, la Moré et les autres parties de l'empire Turc, où il y a une si grande quantité de Grecs, aspireraient au même dessein, et par là, la chute immédiate de l'empire ottoman serait opérée.
Ainsi donc la Russie, pour cacher les véritables actes d'hostilité qu'elle commet, a trouvé juste les propositions des Serviens. Encourageant leur révolte, elle ose demander, à la puissance qu'elle appelle son amie et son alliée, son déshonneur et le sacrifice de ses intérêts.
[…]
Les Serviens et les ennemis de la Porte n'ont aucune intelligence avec la France ; elle est trop prudente pour soutenir des rebelles. Si les Serviens s'adressaient à l'empereur des Français, il en instruirait la Porte et ne les écouterait qu'autant qu'ils poseraient les armes, qu'ils livreraient leurs chefs et rétabliraient les choses comme par le passé. Par cette conduite différente des deux puissances, la Porte peut juger où sont ses véritables amis. »

Ainsi, le 20 du même mois, Napoléon écrivait à Sélim III :
« Si Votre Hautesse veut nous permettre de finir par un conseil, nous lui dirons que les vrais intérêts de son empire veulent qu'elle ne laisse intervenir aucune puissance étrangère dans ses discussions avec les Serviens, qu'elle doit employer les moyens les plus vigoureux pour soumettre ces rebelles, qui sont excités et encouragés par la Russie ; la demande qu'elle a faite de leur accorder l'indépendance le prouve assez. »

Même avis dans la missive impériale du 1er décembre :
« N'accorde pas aux Serviens ces concessions qu'ils te demandent les armes à la main. »


La paix avec la Russie balaya cependant l’amitié franco-turque.
Ainsi, l’article 8 du traité d’alliance de Tilsitt du 7 juillet 1807 disait :
"Si par suite des changements qui viennent de se faire à Constantinople, la Porte n'acceptait point la médiation de la France, ou si, après l'avoir acceptée, il arrivait que dans le délai de 8 mois après les négociations, elles n'eussent pas conduit à un résultat satisfaisant, la France fera cause commune avec la Russie contre la Porte Ottomane et les deux H.P.C. s'entendront pour soustraire toutes les provinces de l'Empire Ottoman en Europe ; la ville de Constantinople et la province de Roumélie exceptées, au joug et aux vexations des Turcs."


Cependant, le démantèlement de l’Empire ottoman n’apparaissait aucunement pour Napoléon comme une priorité. Si son éventualité était bien évoquée pour satisfaire Alexandre, il convenait de ne pas brusquer les choses afin de ne pas provoquer la chute de l’empire qui fatalement aurait éveillé l’appétit de l’Angleterre. Il convenait donc d’éviter une telle alternative (tout du moins tant que l’Angleterre n’avait pas été abattue). Il était nécessaire en effet pour Napoléon de fermer au Tsar les Détroits, et du coup la Méditerranée, ce qui aurait placé les Russes dans une position bien trop favorable. Pour Napoléon, la meilleure option était d’obtenir un arrangement russo-turc permettant à Saint-Pétersbourg d’obtenir la possession de quelques territoires assurant sa satisfaction dans le cadre de l’alliance avec la France et susceptibles de freiner pour un temps ses appétits.

Des discussions eurent lieu au printemps 1808 à Saint-Pétersbourg sur ce point. A cette occasion, le sort de la Serbie fut abordée. Les Russes imaginèrent la rendre indépendante sous la souveraineté d’un archiduc autrichien ou encore la voir offerte à l’Autriche ; éventualités (Napoléon n’abondant pas dans les souhaits d’Alexandre) qui n’aboutirent pas.

De leur côté, les Serbes se tournèrent vers la France. Ainsi, le chef de l’insurrection, Karageorge écrivit à Napoléon, le 19 août 1809 :
« La gloire des armes et des faits de Votre Majesté impériale remplit l'univers entier. Les peuples voient en votre très-auguste personne leur défenseur et leur législateur : la nation serbe désire participer à ce bonheur. Tournez vos regards, sire, vers les Slavo-Serbes, qui ne manquent ni de courage guerrier ni de fidélité envers leurs bienfaiteurs. Le temps et l'occasion démontreront cette vérité. Que votre très-auguste et très-digne Majesté impériale daigne, par sa haute promesse de la protection de la grande nation, consoler celui qui en nourrit le plus vif espoir,
De votre Majesté impériale le très-humble et très-fidèle serviteur »

L’appel fut renouvelé en janvier 1810, mais Napoléon resta sourd à cet appel : à l’heure où le torchon brûlait avec la Russie, il convenait de se montrer prudent du côté de l’Empire ottoman.
Ainsi, un an plus tard (le 26 mars 1811), Napoléon écrivait :
«  L'Empereur veut que vous […] fassiez une seconde [démarche auprès de la cour de Vienne], relative à l'occupation de Belgrade par les troupes russes. Si Sa Majesté voit avec déplaisir les Russes dans la Valachie et dans la Moldavie, elle serait bien plus alarmée de les voir occuper Belgrade et tout disposer pour établir un hospodar ou prince grec en Servie. Sa Majesté envisage toutes les conséquences fâcheuses d'un tel établissement. La tranquillité de la Dalmatie et des provinces illyriennes en serait moins assurée; l'influence du nouveau gouvernement servien s'étendrait sur tout le littoral de l'Adriatique et sur la Méditerranée; une souveraineté grecque établie en Servie exalterait les prétentions et les espérances de vingt millions de Grecs, depuis l'Albanie jusqu'à Constantinople, qui à cause de leur religion ne peuvent se rallier qu'à la Russie : l'empire turc serait blessé au cœur.
L'Empereur veut donc, Monsieur, que vous déclariez à la cour de Vienne son intention de ne point souffrir que les Russes conservent, à la paix, de l'influence en Servie, ni qu'ils y établissent un gouvernement de leur choix. Vous pourrez même, si vous trouvez le ministère autrichien dans des dispositions favorables, concerter avec lui les mesures propres à procurer à la Porte, lors de la paix, la restitution de la Servie, ou du moins à empêcher qu'il ne s'y établisse un ordre de choses favorable à l'influence russe, ou qui laisse exister dans cette province un gouvernement grec.
L'empereur Alexandre a pris avec l'empereur Napoléon l'engagement de ne rien garder en Servie. L'occupation de Belgrade peut être envisagée comme une violation de cette promesse; la France pourrait donc s'en plaindre, et la cour d'Autriche, quelque démarche qu'elle veuille faire à l'occasion de la Servie, peut être assurée qu'elle sera franchement, loyalement et entièrement appuyée par la France. Ainsi la France sera disposée à prendre tel engagement que la cour de Vienne voudra lui faire contracter, soit pour opérer la restitution de la Servie à la Porte, soit pour empêcher l'établissement d'un gouvernement grec dans cette province; mais c'est à l'Autriche à agir à Constantinople. »

Finalement, le traité de Bucarest du 28 mai 1812 mit fin à la guerre russo-turque. L’Empire ottoman avait désormais les mains libres pour reprendre le contrôle de la Serbie...

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Message Publié : 07 Nov 2016 21:29 
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Polybe
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Inscription : 14 Oct 2016 20:13
Message(s) : 87
Merci pour votre réponse fouillée .
Je vais en prendre connaissance ,l'analyser plus avant pour pouvoir y répondre!
Je vous remercie d'avance de toute manière, car vous êtes quasiment le seul interlocuteur averti de ce forum pour cette période!
cordialement!

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Paul Valéry


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Message Publié : 07 Nov 2016 21:31 
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Fustel de Coulanges
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Inscription : 06 Fév 2004 7:08
Message(s) : 3532
De Narbonne-Lara a écrit :
Je vous remercie d'avance de toute manière, car vous êtes quasiment le seul interlocuteur averti de ce forum pour cette période!


Pas du tout. 8-|

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Message Publié : 07 Nov 2016 21:36 
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Polybe
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Inscription : 14 Oct 2016 20:13
Message(s) : 87
Drouet Cyril a écrit :
De Narbonne-Lara a écrit :
Je vous remercie d'avance de toute manière, car vous êtes quasiment le seul interlocuteur averti de ce forum pour cette période!


Pas du tout. 8-|

Je le vous dit sans flagornerie aucune!
Et sans image de TERMINATOR ou autre Bouton Rouge
D'ailleurs je le regrette ne vous en déplaise pour la diversité des savoirs !

:P

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Message Publié : 07 Nov 2016 21:38 
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Fustel de Coulanges
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Inscription : 06 Fév 2004 7:08
Message(s) : 3532
Bref... Passons... :rool:

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Message Publié : 08 Nov 2016 9:39 
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Polybe
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Inscription : 14 Oct 2016 20:13
Message(s) : 87
Un vrai panier de crabes aux intérêts variés et changeants des grandes puissances !
Les Serbes ont bien fait finalement de ne compter que sur eux mêmes pour se libérer

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Message Publié : 16 Mai 2017 2:50 
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Jean Froissart
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Inscription : 23 Déc 2004 18:02
Message(s) : 1404
Localisation : Généralité de Riom & Bourbonnais
Pas tout à fait seuls et isolés malgré tout, il y'a l'Armée Russe qui est intervenue directement en Serbie on l'oublie souvent
le texte de Cyril évoque l'occupation de Belgrade en 1811 mais en fait l'Armée Russe est pratiquement présente de 1807 à 1812 en deux temps
les troupes Russes de l'Armée de Moldavie font jonction avec les insurgés Serbes dés juin 1807
ils vont se retirer et revenir quelques mois plus tard, ce n'est qu'à la défaveur de l'ouverture de la campagne de 1812 que la 16e Division d'Infanterie et la 20e Brigade de Cavalerie détachés de l'Armée Russe de Moldavie vont abandonner leurs frères Slaves à leur triste sort...


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