MadamO a écrit :
Pourriez-vous me rendre un service? Je vous prie de publier dans le thème ci-dessus toutes les lettres "authentique" à mme Walewska tirées de chez d'Ornano qui figurent dans la Correspondance générale. J'en ai besoin pour ma recherche sur la falsification historique. Merci d'avance.
En voici sept (jusqu’à fin 1812 (la Correspondance générale ne va pas encore plus loin), il me manque le volume couvrant la période mars 1810-mars 1811)
Preussisch-Eylau, 9 février 1807.
« Ma douce amie, tu auras appris plus que je ne puis t’en dire aujourd’hui sur les événements, quand tu liras cette lettre. La bataille a duré deux jours et nous sommes restés maîtres du terrain.
Mon coeur est à toi ; s’il dépendait de lui, tu serais citoyenne d’un pays libre. Souffrez-tu comme moi de notre éloignement ? J’ai le droit de le croire ; c’est si vrai que je désire que tu retournes à Varsovie ou à ton château, tu es trop loin de moi.
Aime-moi, ma douce Marie, et aie foi en ton
N. »
Finkenstein, 26 mai 1807.
« Ma douce amie, la place de Dantzig a capitulé, je sais que tu seras heureuse de l’apprendre par moi. Je pars pour Dantzig, mais je n’oublie pas ma promesse. Sois calme et heureuse, car l’horizon s’éclaire, et nous nous reverrons bientôt. C’est mon vœu le plis cher.
N.
J’ai reçu ta lettre. »
Heilsberg, 12 juin 1807.
« Ma douce amie, tout marche comme je l’avais prévu. Nous sommes sur les talons de l’ennemi, et la division polonaise est remplie d’enthousiasme et de courage. Le jour approche d’une réunion que j’appelle de tout mon coeur, où nous pourrons vivre l’un pour l’autre. »
Saint-Cloud, 29 juillet 1807.
« Ma douce et chère Marie, toi qui aimes tant ton pays, tu comprendras avec quelle joie je me retrouve en France, après presque un an d’absence. Cette joie serait entière, si tu étais ici, mais je t’ai dans mon coeur.
L’Assomption est ta fête et mon anniversaire de naissance : c’est une double raison pour que nos âmes soient à l’unisson ce jour là. Tu m’as certainement écrit, comme je le fais en t’envoyant mes souhaits ; ce sont les premiers, faisons des vœux pour que bien d’autres les suivent, pendant beaucoup d’années.
Au revoir, ma douce amie, tu viendras me rejoindre. Ce sera bientôt, quand les affaires me laisseront la liberté de t’appeler.
Crois à mon inaltérable affection.
N.
Je t’envoie mon portrait et quelques lectures. »
Valladolid, 14 janvier 1809
« Ma petite Marie, tu es raisonneuse, et c’est très laid ; tu écoutes aussi des gens qui feraient mieux de danser la polonaise que de se mêler des affaires du pays. J’ai perdu un quart d’heure à t’expliquer que ce qui paraît être des mesures incompatibles apportera de grands avantages. Relis-moi et tu comprendras, le Code français a fait ses preuves et ailleurs qu’en France.
Je te remercie de tes félicitations pour Somosierra, tu peux être fière de tes compatriotes, ils ont écrit une page glorieuse dans l’histoire. Je les ai récompensés en masse et isolément.
Je serai prochainement à Paris ; si j’y demeure assez longtemps, tu pourras peut-être y revenir.
Mes pensées sont pour toi.
N. »
Schönnbrunn, 14 mai 1809
« Tu as eu régulièrement de mes nouvelles, pourquoi t’aurais-je fait savoir moi-même qu’il ne fallait pas compter venir, tu en aurais eu de la peine. Tes nombreux appels m’ont paru naturels et tes informations utiles. Je pense que tu as eu bien du courage d’aller voir P. dans ces conditions et de lui parler ainsi. Il est vrai qu’un chef responsable n’a de comptes à rendre à personne, c’est ce qu’il aura voulu dire. Que les Polonais se groupent autour de leur drapeau, cessent leurs querelles, et leur part dans leur libération apparaîtra.
Napoléon. »
Schönnbrunn, 20 juin 1809
« Chère Marie, tes lettres m’ont fait plaisir, comme toujours. Je n’approuve pas guère que tu aies suivi l’armée à Cracovie, mais je ne puis te le reprocher.
Les affaires de Pologne sont rétablies, et je comprends les anxiétés que tu as eues. J’ai agi, c’était mieux que de te prodiguer des consolations. Tu n’as pas à me remercier, j’aime ton pays, et j’apprécie à leur juste valeur les mérites d’un grand nombre des tiens.
Il faut plus que la prise de Vienne pour amener la fin de la campagne. Quand j’en aurai terminé, je m’arrangerai pour me rapprocher de toi, ma douce amie, car j’ai hâte de te revoir. Si c’est Schönnbrunn, nous goûterons ensemble le charme de ses beaux jardins et nous oublierons tous ces mauvais jours.
Prends patience et garde confiance.
Napoléon »
Comparativement avec les lettres issues de la collection Walewski, une différence saute tout de suite aux yeux : vouvoiement chez Walewski, tutoiement chez d'Ornano.