cush a écrit :
Pour revenir à cette série, le fait de montrer que les collabos sont aussi des êtres humains n'est pas choquant en soi bien sûr mais il y a deux points qui me posent problème: dans ces derniers épisodes, ils apparaissent comme des "salauds" par hasard, si ce n'est par accident. Si l'autorité avait été du bon côté, ils auraient été des héros et ce n'est pas du tout la vision que j'ai de l'époque comme je le dis dans mon mail. Ceux qui étaient à Londres n'y étaient pas "par hasard" et ceux qui ont résisté ne l'ont pas fait non plus par hasard. Collaborer, ça a d'abord été un choix et on peut peut-être l'expliquer et le comprendre dans les toutes premières semaines de Vichy. Mais dès la mise en œuvre des lois anti-juives et autres, ce choix n'est tout simplement plus défendable. Laisser entendre que ces hommes (le sous-prefet, l'ancien maire, le flic) sont tout simplement pris dans une mécanique et deviennent des salauds parce qu'ils choisissent de servir l'état "légitime" n'est à mon sens pas vrai. Ils deviennent et sont des salauds parce qu'ils cautionnent les lois raciales, la répression à tout va, le déni de toute justice équitable. Lors du procès, les remarques ironiques de Muller remettent au même plan les accusés et les juges. Servier montre effectivement une certaine dignité et un certain courage et le maire toute son humanité.
Ajoutez qu'en parallèle, Schwarz qui a eu un comportement plus qu'honorable replonge dans des magouilles plus ou moins nauséabondes avec son ex, le jeune chef du maquis fait l'aveu de sa faiblesse et même de sa lâcheté lors de l'assaut, que les communistes sont montrés sous un jour douteux, Bériot et le préfet s'adonnent aux petits jeux de la magouille politique... Bref, les gentils d'hier sont les "pourris" de demain et les "pourris" d'hier ne sont finalement que des hommes trahis par leur besoin de "faire au mieux"...
C'est ce discours, dans une série pour tous, et sans autre explication (et il faudrait des heures!) que je conteste.
Je ne suis pas d'accord avec vous pour Marchetti : il n'apparaît nullement comme un homme qui est devenu collabo par respect du pouvoir légal (même si c'est le discours qu'il tient quand il attend son exécution). Il apparaît nettement comme un assassin et je dirai, pour employer un mot vague, un psychopathe. C'est particulièrement le cas quand il conduit la fille avec laquelle il couche à se pendre. Et c'est ce que lui dit courageusement Mme Morhange quand il l'interroge : qu'il aime dégrader, tourmenter, avilir.
Comme je l'ai écrit, je trouve que n'est pas très plausible le fait que Jeannine Schwartz, collabo de première et veuve du maire ultra-collabo, passe au travers de l'épuration parce qu'au dernier moment elle a subventionné le maquis. Et effectivement, ça salit de façon peu plausible le camp des non-communistes. Le but de la série, là, évidemment, est de dramatiser.
A part ça, en général il y a quand même eu des gens qui sont devenus collabos par hasard, et d'autres résistants par hasard, je veux dire que, si pour beaucoup des uns et des autres il y avait une très grande logique dans leur choix, pour d'autres, ce qu'ils étaient permettait l'hésitation. Par exemple, tel pacifiste de gauche pouvait se laisser tenter par la collaboration, tel homme de droite anti-démocratique pouvait hésiter entre pétainisme et France libre, etc. Et évidemment des hésitations pour des causes non politiques. Tel homme était courageux, tel autre ambitieux, etc.