jovien a écrit :
A la vérité, même là vous avez tort.
Il y a des gens, peu nombreux sans doute, qui ont hésité entre Résistance et Collaboration. De même, pour prendre des exemples appartenant à des ordres de réalités passablement différents, qu'il y a des gens qui hésitent entre s'adonner à l'homosexualité ou à la sexualité "normale", ou bien à devenir honnête homme ou bien truand, ou d'autres qui hésitent entre des choix politiques diamétralement opposés (FN ou Front de gauche). Jean Valjean, dans "Les Misérables", à des moments cruciaux, hésite profondément sur sa conduite. Combien de romans présentent des situation où un rien aurait pu tout changer ! Dans la série, Schwarz commence par être un collabo économique de l'armée allemande, et finit par devenir maquisard.
Mais vous aimez à penser que tous les bons sont bons par essence...
Libre à vous de décréter que j'ai tort, ça ne rend pas votre argumentaire plus convaincant pour autant. Je passe sur les exemples que vous donnez et qui à mon avis n'ont pas grand chose à voir avec le sujet.
Vous semblez ne pas prendre en compte une différence fondamentale entre collaboration et résistance: être résistant, ou le devenir (j'entends résistant actif), c'est passer brutalement de la voie légale à l'illégalité, c'est se mettre délibérément en situation de "hors la loi", bref c'est rompre avec le système établi. La collaboration telle qu'elle est montrée dans la série et telle qu'elle a existé pour partie, est au contraire le refus de quitter les sentiers battus et le désir de pérenniser ou de retrouver une situation existante ou pré-existante. Il n'est pas question là de "bonté" ou de "méchanceté", il est question d'ordre établi et de respect de cet ordre quel qu'il soit. Certains placent le curseur très bas (le jeune résistant dont j'ai oublié le nom), d'autres n'ont pas de limite (Servier qui sert un état qui l'amène à renier toutes les valeurs humaines) et d'autres encore ont un curseur à mi-course (Schwarz qui commence par "jouer le jeu" puis le refuse lorsque des valeurs qu'il juge fondamentales sont remises en question). Servier n'est ni un nazi, ni même un fasciste, il n'est pas non plus "méchant", il place la structure qu'il sert au dessus de toute valeur. Si j'osais un néologisme, je ne dirais pas qu'il est inhumain, je le dirais plutôt "a-humain" comme on peut être amoral sans être immoral. C'est en ce sens que le hasard n'a rien à voir avec sa destinée.
Mais j'arrête là car je n'ai pas grand chose à ajouter et je n'ai pas non plus l'intention d'essayer de vous convaincre de quoique ce soit. Il s'agit seulement de mon opinion... Pour finir et dans ces épisodes, c'est la vision dans son ensemble (résistants compris) qui me trouble, pas l'affirmation que les pires salauds sont aussi des hommes (je crois l'avoir déjà lu quelque part... Paris Match?)