J'avoue ne pas avoir le temps de lire tout ce sujet qui pourtant est intéressant. Du coup, je risque de faire des redites.
Les vikings étaient des commerçants dans l'âme. Selon Boyer, c'était même leur motivation première. On a souvent vu les "invasions barbares" (le phénomène viking s'inscrivant tardivement dans cette dynamique) comme des phénomènes très violents. Hors beaucoup de ces populations n'avaient pas que des intentions belliqueuses....
Pour revenir sur le fond du sujet, soit "pourquoi la guerre (vous citez les souverains, mais les républiques ont tout autant fait la guerre sinon plus... la 3ème république a tout de même sacrifié une génération entière ou presque dans une guerre aux motifs douteux qui a mis fin à la suprématie mondiale de la vieille Europe....).
On peut effectivement se demander ce qui pousse l'hommes à combattre ses semblables. A mon sens, il ne s'agit pas uniquement d'un mécanisme naturel que l'on pourrait comparer aux rapports de force entre animaux ou purement de protection territoriale. Aucune autre espèce n'entraîne ses propres congénères en masse pour massacrer d'autres congénères en masse (la prédation se fait la plupart du temps sur d'autres espèces... j'ai bien dit la plupart du temps....). Même dans les combats entre mâles de beaucoup d'espèce, la mise à mort de l'adversaire est rare. Il faut bien avouer que du point de vue évolution, une espèce dont les individus sont capables de se battre jusqu'à anéantissement de communautés entières, elle prend des risques (ça ne lui a, étrangement, pas si mal réussi.... darwinisme par la guerre?).
L'être humain est certes un animal, mais un animal social, et à mon sens, la guerre est l'expression d'une prédation hyper sociabilisée. On ne va pas seulement tuer son voisin par peur de manquer, on le fait pour s'assurer un statut social dominant. L'homme ne veut pas juste vivre, il veut vivre mieux, et en particulier mieux que les autres. Fondamentalement, il cherche justement à s'extraire de sa condition naturelle, animale, ce qui peut le pousser à se penser comme supérieur à ses congénères. S'affirmer comme supérieur, par la force, en dominant ou en éliminant ceux que l'on juge "inférieur", c'est une façon de convaincre et de s'auto-convaincre, par les rapports sociaux que cela engendre, que l'on est plus qu'un simple animal. Les premiers rois se faisaient adorer comme des dieux, et le sacré est resté un fondement du pouvoir jusque dans les dictatures contemporaines et le culte de la personnalité. Même nos institutions républicaines, héritées des lumières et d'un monde rationaliste, et fondées sur des violences extrêmes (Terreur, guerres napoléoniennes, répression de la Commune, guerre de 14....) cherchent à s'auto convaincre de leur caractère sacré, extra naturel, avec toute la pompe et les atours dont les formes de pouvoir se dont toujours entouré.
Sur la pure défense de territoires ou d'intérêt économiques, cela a joué, mais n'est pas, je pense, la raison fondamentale. Sinon pourquoi déjà à la préhistoire, les guerres étaient déjà existantes (à priori... après tout a-t-on des éléments qui permettent sans contestation possible d'établir que des guerres ont bien eu lieues avant le néolithique?) alors qu'une très faible population se partageait des territoires immenses et à priori pleins de ressources (gibier en grand nombre). Il n'y a qu'à voir les sociétés très guerrières des indiens d'Amérique du Nord (encore qu'on puisse également se poser la question de l'influence européennes sur les évolutions des sociétés amérindiennes entre le XVIème et le XIXème siècle).
Je crains que certains individus ne soient capables, au nom du pouvoir qu'ils détiennent, de sacrifier absolument tout et n'importe quoi. L'être humain ne se contente pas d'être bon, il faut qu'il soit meilleur que les autres, et même qu'il les domine.... Il y a une espèce de mégalomanie latente chez l'être humain. Pour certains (et beaucoup de nos dirigeants actuels, je n'en doute absolument pas) sacrifier des vies, même en nombre, n'est rien comparé à cette soif de pouvoir et cette folie des grandeurs. Les raisons économiques, territoriales, familiales, éthiques viennent comme prétextes qui très tôt enrobé tout cela de cultures guerrières qui ont fortement troublés les pistes. Il y a dans les sociétés anciennes une fascination quasi mystique pour le fait guerrier, l'arme, au statut quasi magique.......... car à la clef, c'est le pouvoir qu'ils confèrent. La guerre est ainsi devenue une sorte de culture. Faire la guerre pour un souverain, de l'antiquité à la période moderne, c'est quelque chose d'attendu, l'inverse serait presque anormal. Le Christianisme n'a jamais réussi à juguler cela, il a même servi de prétexte de plus.
La période moderne a cherché à théoriser tout cela, à le rationaliser, en inventant la notion d'Etat, de sécurité (en tant que droit inaliénable de l'individu) de Nation qui ont servi de prétextes, à nouveau, plus acceptables éthiquement que les vieux principes des cultures guerrières (mais qui ont eu un effet autrement plus dévastateur, car quand on est persuadé de faire la guerre pour rester dans le droit chemin, on va jusqu'au bout). L'Histoire de l'humanité peut se résumer par une longue quête de pouvoir (économique, politique, technologique.... et la meilleure manière de l'obtenir, rapidement, c'est par la force), cristallisées par certains individus pour qui rien n'est plus important que leur pouvoir personnel.
On en revient à la question fondamentale "l'homme est-il bon?" dont la réponse a voulu être tranchée par certaines religions et idéologies, mais dont l'Histoire fait tout de même sérieusement douter.
On pourrait ergoter à loisir sur les raisons qui poussent l'homme à faire la guerre depuis toujours, quelque soit le lieu (étrangement, si les cultures diffèrent, on retrouve des expressions du pouvoir assez similaires partout et de tout temps), je vous ai donné mon opinion plus haut, qui frise la discussion de comptoir (mais j'assume). Mais il y aurait un sacré paquet de données liées à l'ethnologie, à la psychanalyse, à la psychologie et à la sociologie pour ne serait-ce que donner un embryon de début de réponse valable et étayée.
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