Narduccio a écrit :
Pierma a écrit :
Georges Blond y fait allusion dans son ouvrage sur Verdun. Il explique que les Allemands mettent le paquet pour leur dernière offensive vers Verdun, en juillet 1916, qui sera arrêtée de justesse devant le fort de Souville :
"Ou alors, renoncer. Dans quelques jours va s'ouvrir l'offensive de la Somme. Les Allemands le savent, les renseignements allemands sont émérites. Des régiments français qui montent en ligne [ dans la Somme, donc ] trouvent sur le futur champ de bataille des écriteaux ironiques indiquant leurs emplacements et l'heure prévue pour leur attaque."
On peut se demander où ils trouvaient des renseignements pareils, et pour quelle raison ils en faisaient l'étalage, ce qui allait forcément alerter le contre-espionnage français. Pour le diriger dans la mauvaise direction ?
C'est en fait très démoralisant pour l'adversaire. Une partie de la réussite des plans militaires repose sur la surprise. Il faut surprendre l'adversaire là où on ne l'attends pas. Et dans ce cas précis, c'était évidemment loupé.
Ah mais je ne doute pas de l'effet démoralisant sur les poilus français.
Simplement, ça revient à claironner : nous avons connaissance de ces renseignements précis, à vous de trouver comment nous les avons obtenus.
Bien des enquêtes de contre-espionnage commencent avec moins d'indices.
Que les Allemands aient connaissance de la prochaine offensive sur la Somme, je pense que le contre-espionnage français était sans illusions, vu l'ampleur des moyens mis en place. Mais qu'il sachent que, mettons, le 60e RI devait occuper la tranchée R7 pour attaquer le 23, là c'est autre chose : c'est l'aveu qu'ils ont eu accès à cette information et on peut chercher comment ils l'ont obtenue. S'ils le font pour plusieurs unités françaises, on commence à savoir où chercher. Bref, pour se permettre un coup pareil, il faut être certain que sa source est bien protégée.
Il me semble que les Russes ont fait le même coup aux Allemands avant la bataille de Koursk, avec les renseignements fournis par la source Lucy, que les Allemands cherchaient déjà depuis des lustres, et n'ont en fait jamais trouvée. (Ils ont obtenu, sous la menace, en 44, que la police fédérale suisse cherche les postes émetteurs - qu'ils avaient triangulés - et les fasse taire. Mais ils n'ont jamais su qui était Lucy, dont les sources restent aujourd'hui encore discutées.)