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Message Publié : 20 Déc 2016 18:17 
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Hérodote
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Bonsoir,

Dans une lecture axée sur l’ingénierie, un auteur fait un aparté sur les nombreux essais de chars lourds en l’Allemagne, tous abandonnés pour raisons techniques. En substance, abandonnés car pas ou point et goinfres, tant en termes de maintenance, de réparation, qu'en pièces détachées ou de carburant. Avec tout ce que ça implique en termes de logistique, de vitesse moyenne et de sollicitations de l'industrie. Il s’interroge sur le lien entre l’abandon des chars lourds et l’émergence d’une stratégie ou d’un nouvel emploi au niveau tactique de chars légers, avec tout ce que cela implique pour la campagne de France.
Il estime aussi que du côté français, les pertes les plus lourdes furent peut-être plus dues au manque de carburant ou aux nombreuses défaillances mécanique, qu’au combat.

D’où deux questions de ma part :
- La stratégie allemande pourrait-elle avoir été influencée par des considérations techniques, alors que les alliés me semblent parier sur le char lourd au début de la guerre ? Il me semble que l'Allemagne est un des rares pays ayant les moyens de financer les chars lourds mais y ayant renoncé.

- L’autonomie semble avoir été un souci majeur pour les Français dans la campagne de France : la fiabilité, ou son absence, pourrait-elle aussi avoir eu un rôle ?


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Message Publié : 20 Déc 2016 21:49 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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Inscription : 25 Juil 2009 21:18
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Avant toute chose, et par soucis d'éclairer le débat, j'ai regardé qu'elles étaient les forces en présence, en matière d'équipements blindés.

Les sources étant différentes peut t'on apporter une confirmation sur les chiffres se rapprochant le plus de la réalité.

Blindés opérationnels côté Allemand :

+/- 1.000 automitrailleuses
523 Pz-I légers
955 Pz-II légers
106 Praga t-35 légers
228 Praga t-38 légers
349 Pz-III moyens
278 Pz-IV moyens
blindés en réserve

soit 3439 blindés Allemands selon la source suivante (FRIESER Karl-Heinz. Le mythe de la guerre-éclair. La campagne de l'Ouest de 1940. Belin, Paris, 1995, pp. 52 à 53.)

+/- 1.000 automitrailleuses
640 Pz-I légers
825 Pz-II légers
396 Praga t-35 et t-38 légers
456 Pz-III moyens
366 Pz-IV moyens
blindés en réserve

soit 3683 blindés Allemands selon la source suivante (FABRIBECKERS (chevalier de). La campagne de l'armée belge en 1940. Rossel, Bruxelles, 1978, p. 74.)

Blindés opérationnels côté alliés

42 automitrailleuses belges
450 automitrailleuses françaises
310 blindés britanniques
40 automitrailleuses hollandaises
270 chars légers belges
2.085 chars légers français
8 chars moyens belges
445 chars moyens français
280 chars lourds français
330 blindés de réserve
330 blindés britanniques

soit 3930 blindés Alliés selon la source suivante (FRIESER Karl-Heinz. Op. Cit., pp. 56 à 57)

55 automitrailleuses belges
743 automitrailleuses françaises
418 automitrailleuses britanniques
40 automitrailleuses hollandaises
251 chars légers belges
2.085 chars légers français
238 chars légers britanniques
8 chars moyens belges
415 chars moyens français
77 chars moyens britanniques
280 chars lourds français
23 chars lourds britanniques
1.166 blindés de réserve
45 automitrailleuses britanniques
630 chars légers français
174 chars légers britanniques
135 chars moyens français
156 chars moyens britanniques
26 chars lourds français

soit 4633 blindés opérationnels côté Alliés (pas de source)

De plus les évaluations techniques que j'ai pu retrouver sont les suivantes :
"D'un point de vue strictement quantitatif, on constate donc un déséquilibre certain entre les forces blindées et pas du tout dans le sens où on l'attendrait. D'autant qu'il convient encore de signaler l'existence au sein de l'armée française de 1.685 vieux chars Renault du type FT, complètement obsolètes et de 206 automitrailleuses présentes dans les colonies. Ce matériel n'est pas comptabilisé en raison de sa faible valeur militaire ou de son éloignement excessif de la métropole.

D'un point de vue qualitatif, la comparaison est encore beaucoup plus surprenante. Du côté allemand, les Pz-I et Pz-II n'ont strictement aucune valeur, ils ne servent qu'à faire du nombre. Leur blindage trop faible (13 à 14,5 mm) et leur armement trop léger (mitrailleuses de 7,92 ou canon de 20 mm) ne leur permettent pas de soutenir un combat contre les automitrailleuses françaises (canon de 25 mm), ni contre les chars légers français (canon de 37 court ou long), ni même contre les chars légers belges (canon de 47). Seuls les chars tchèques et les Panzers III et IV ont une véritable valeur combative. Les Praga (t-35 et t-38) disposent d'un canon moderne de 37 mm long, de deux mitrailleuses de 7,92 mm et d'un blindage de 25 mm. Les Pz-III possèdent également un canon moderne de 37 mm long, deux mitrailleuses de 7,92 mm, ainsi qu'un blindage de 30 mm. Quand aux Pz-IV, ils emportent un obusier de 75 mm8, deux mitrailleuses de 7,92 mm et un blindage de 30 à 40 mm. Ces quatre types de blindés ne représentent ensemble que 1.218 unités sur les 3.683 engins opérationnels dont, soulignons-le, un millier d'automitrailleuses de qualités très diverses.

Les chars français sont généralement moulés (coulés d'une pièce), ce qui leur confère une plus grande résistance que les chars allemands, dont le blindage est soudé ou riveté. Les chars alliés sont généralement mieux blindés et plus fortement armés que leurs homologues allemands. Le char lourd français B-1bis avec un obusier de 75, un canon de 47, deux mitrailleuses de 7,5 et un blindage de 60 mm représente, avec le Matilda II britannique, un mastodonte quasiment invulnérable aux projectiles allemands. En comptant les FCM, les Renault R-35 et R-40, les Hotchkiss H-35 et H-39, les Renault D-1 et D-2, les Somua S-35, les B-1bis et quelques Matilda II, on parvient à un total de 2.518 chars opérationnels du côté des Alliés, sans compter les automitrailleuses, ni les chars belges qui ont également une certaine valeur. Les FCM, Renault R-35 et Hotchkiss H-35 souffrent d'un défaut rédhibitoire, ils sont presque tous équipés d'un canon de 37 mm SA-18 court dont l'efficacité antichar est quasiment nulle, sauf à très courte portée. Quelques rares exemplaires (H-39 et R-40), attribués aux chefs de compagnies, ont reçu le canon de 37 mm SA-38 long, moderne et efficace.

Les seuls avantages que l'on puisse reconnaître aux blindés allemands résident dans une autonomie légèrement supérieure (parfois), dans la généralisation d'un équipement radio de bonne qualité (toujours) et surtout dans des tourelles plus spacieuses, qui accueillent un combattant supplémentaire. Cela permet au chef de char allemand de se concentrer exclusivement sur sa manœuvre. Le chef de char français devant quant à lui simultanément diriger son char, envoyer des signaux optiques aux véhicules voisins et manipuler son canon ou sa mitrailleuse.

L'autre supériorité allemande, dans le domaine des blindés, réside en une doctrine d'emploi tout à fait qui n'est absolument pas inhérente au matériel, ni à sa conception."

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> Le courage, c'est de comprendre sa propre vie... Le courage, c'est d'aimer la vie et de regarder la mort d'un regard tranquille... Le courage, c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel.
( Jean Jaurès )


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Message Publié : 20 Déc 2016 22:31 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 21 Sep 2008 23:29
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Un grand merci Nico pour ce résumé assez intéressant et complet.

Cordialement, Paul.


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Message Publié : 21 Déc 2016 9:06 
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Jean Mabillon
Jean Mabillon

Inscription : 16 Jan 2010 19:18
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La France était déficiente quant à la qualité des moteurs puissants aussi bien pour les chars que pour les avions. Le but premier de l'industrie française, Renault entre autres était la production pour le marché civil qui ne réclamait pas de tels moteurs. Les industriels avaient gardé un très mauvais souvenir des impôts rétroactifs de 1932 sur les bénéfices de guerre des marchés conclus avec l'état. Ils n'ont pas investi comme il aurait été nécessaire pour la recherche en ce domaine contrairement à ce que faisait l'URSS à cette époque.


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Message Publié : 21 Déc 2016 9:26 
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Thucydide
Thucydide

Inscription : 26 Avr 2014 11:11
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Bonjour,

Un vieux débat… :mrgreen: Établir qu'un char est meilleur qu'un autre est difficile car il faut de nombreux paramètres pour décrire a minima un char, si on peut objectivement dire que tel char est meilleur sur tel point, la pondération en importance qu'on accorde à ces points va ensuite changer la note finale entre deux considérations d'auteurs…

La considération ci-dessus met l'accent sur le blindage et la capacité antichar par exemple, et néglige les autre différences. L'avantage est donc donné aux Alliés ici.

Aussi les chars doivent répondre à la doctrine de l'armée utilisatrice, on peut déjà se demander s'ils y ont bien répondu, mais la pertinence de la doctrine sur celle de l'ennemi a également son importance, le but étant évidemment la victoire.
Citer :
Du côté allemand, les Pz-I et Pz-II n'ont strictement aucune valeur, ils ne servent qu'à faire du nombre. Leur blindage trop faible (13 à 14,5 mm) et leur armement trop léger (mitrailleuses de 7,92 ou canon de 20 mm) ne leur permettent pas de soutenir un combat contre les automitrailleuses françaises (canon de 25 mm), ni contre les chars légers

Strictement aucune valeur est exagéré… Les combats chars contre chars sont plutôt l'exception en 1940.

Certes l'absence de blindage et d'un bon canon antichar a pu poser quelques courts problèmes, mais ceux-ci réglés par l'artillerie de 88 et 105, le reste du temps les chars allemands ont pu montrer d'autres qualités que la citation que vous faites a étonnamment ignorés : la vitesse et la maniabilité, bien utiles d'abord au combat pour manœuvrer contre les positions françaises (ou éviter le combat de chars et laisser le boulot à l'artillerie, comme à Flavion), mais également dans la course de vitesse à laquelle ont joué les Allemands et qu'on voit mal avoir été réalisée par des R-35. La fiabilité et la consommation logistique entre ici aussi en considérations.

L'armement des chars français n'est pas forcément mieux non plus : le 37 mm qui équipe la plupart des chars français n'est pas d'une grande puissance contre l'infanterie et inutile contre les chars aussi…

Pour moi l'un des meilleurs chars de la campagne reste le Panzer IV, son 75 mm en tourelle reste un énorme avantage pour faire taire les positions, c'est ce qui a été le plus utile. Il n'était pas non plus complètement inefficace contre les autres chars, loin de là (mais pas au top bien sûr). Il lui manquait un bon blindage mais l'avant n'est pas catastrophique non plus… Un bon blindage aurait pesé sur ses autres qualités. Il était bien équilibré pour la campagne 40, sans doute plus pour les suivantes mais c'est une autre histoire.


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Message Publié : 21 Déc 2016 10:26 
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Je plussoie le message de Chevallier en y ajoutant que le type du char à son importance : un PzKpfw IV Ausf. D de la campagne de France n'a que peu à voir avec un Ausf. G en URSS en 1943.

Dernier point : le canon mitrailleur de 2cm des PzKpfw II est excellent en antipersonnel et pour la saturation.
En raison de leur manoeuvrabilité, de leur vitesse, de leur nombre et de leur consommation logistique réduite, ce sont essentiellement les PzKpfw II (et les kleinen Panzerbefehlswagen I SdKfz 265 qu'on oublie toujours !) qui représentent un tiers des blindés allemands qui gagnent la campagne de France - ce qui ne signifie pas que les autres sont sans utilité.

CEN EMB

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"Sicut Aquila"/"Ils s'instruisent pour vaincre"/"Par l'exemple, le coeur et la raison"/"Labor Omnia Vincit"/"Ensemble en paix comme au combat"/"Si Vis Pacem Para Bellum"/"Passe toujours !"


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Message Publié : 21 Déc 2016 11:09 
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Jean Mabillon
Jean Mabillon

Inscription : 16 Jan 2010 19:18
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Oui,vous avez raison le 20mm allemand sature, il est de plus précis et les tireurs-pointeurs sont bons; ils savent placer leurs obus là ou il faut, mon père a vu un de ses excellents 47 antichars modèle 37 mis hors de combat car le char allemand a tiré à environ 300m avec un travers de 45°environ et a réussi a placer ses obus juste à la jonction du bouclier et du tube, les éclats blessant deux hommes, pièce H S et abandonnée vu la situation....
Rommel précise qu'il a ordonné de foncer et saturer à la mitrailleuse tout ce qui semble suspect, même si l'équipage ne voit rien de précis....


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Message Publié : 21 Déc 2016 15:56 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 11 Oct 2012 21:58
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CEN_EMB a écrit :
Je plussoie le message de Chevallier en y ajoutant que le type du char à son importance : un PzKpfw IV Ausf. D de la campagne de France n'a que peu à voir avec un Ausf. G en URSS en 1943.

Dernier point : le canon mitrailleur de 2cm des PzKpfw II est excellent en antipersonnel et pour la saturation.
En raison de leur manoeuvrabilité, de leur vitesse, de leur nombre et de leur consommation logistique réduite, ce sont essentiellement les PzKpfw II (et les kleinen Panzerbefehlswagen I SdKfz 265 qu'on oublie toujours !) qui représentent un tiers des blindés allemands qui gagnent la campagne de France - ce qui ne signifie pas que les autres sont sans utilité.

CEN EMB


Je n'ai pas vérifié ce que dit Wiki mais en l'occurrence, la dotation en obus du Pzkpfw II est de 180... à raison d'une cadence de tir de 120 coups/mn, on sature pas longtemps!


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Message Publié : 21 Déc 2016 16:45 
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Hérodote
Hérodote

Inscription : 31 Oct 2016 18:39
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Est-il seulement possible de faire une comparaison grâce aux données sur le papier ? Intuitivement, il me semble que la fiche de performances n’est qu’un des nombreux paramètres à prendre en compte.

A autonomie égale, par exemple, un véhicule vorace en carburant demandera une grosse logistique, des trains de ravitaillement importants qui auront eux-mêmes besoin d’ateliers, de carburant, de personnel. L’emploi ne pourra être le même que des blindés légers partageant la même autonomie mais qui s’en sortiront éventuellement en pillant les stations-service, pour caricaturer un peu.
Facilité de production, adéquation avec la doctrine et le terrain, logistique, fiabilité, possibilité d’utiliser une plateforme pour d’autres usages, tous ces paramètres ont aussi un impact non négligeable, me semble-t-il.
Après tout, le japon et ses blindés hérités de la première guerre se sont bien débrouillés dans la première phase et les shermans américains clairement surclassés ont filé vers l’est, malgré les monstres blindés allemands.

C’était d’ailleurs le sens initial de ma question : plus qu’une comparaison de modèles, j’aurais aimé avoir une idée du ratio entre pertes au combat et véhicules abandonnés en France. L’auteur du livre auquel je faisais référence a participé à la conception du char B1. Il estimait qu’il s’agissait d’une génération de blindés trop en avance sur leur temps et qui en payaient le prix par une fiabilité déplorable, ainsi que le fait d’être des gouffres à essence et à main d’œuvre pour la maintenance. Simple hypothèse de sa part dans un court aparté, mais il pense à un impact très important de cet état de fait.
Il y a de nombreuses et intéressantes discussions sur la campagne de France, mais il me semble que les facteurs discrets comme celui-ci sont peu abordés. D'où mon interrogation : influence faible ou manque d'intérêt pour la chose ?

En revanche et en repensant à ce que j’ai pu lire ici, la dimension stratégique de la guerre éclair est sujette à débat. M’interroger sur l’influence des limitations techniques sur une doctrine discutée n’est pas forcément pertinent.

Pour ce qui est de l'inutilité des chars légers, je mettrais tout de même un bémol de la part de mon grand-père. Il estimait que les "boites de sardines" allemandes ne valaient pas tripette face aux chars français. Mais qu'en l'occurrence, les chars allemands étaient au milieu de sa compagnie, justement parce qu'il s'agissait de « boites de sardines », contrairement aux chars français absents. Ce qui lui a valu quelques années de captivité avec l’essentiel de son unité.


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Message Publié : 21 Déc 2016 18:05 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 11 Oct 2012 21:58
Message(s) : 1591
Tuiop a écrit :
Est-il seulement possible de faire une comparaison grâce aux données sur le papier ? Intuitivement, il me semble que la fiche de performances n’est qu’un des nombreux paramètres à prendre en compte.

A autonomie égale, par exemple, un véhicule vorace en carburant demandera une grosse logistique, des trains de ravitaillement importants qui auront eux-mêmes besoin d’ateliers, de carburant, de personnel. L’emploi ne pourra être le même que des blindés légers partageant la même autonomie mais qui s’en sortiront éventuellement en pillant les stations-service, pour caricaturer un peu.
Facilité de production, adéquation avec la doctrine et le terrain, logistique, fiabilité, possibilité d’utiliser une plateforme pour d’autres usages, tous ces paramètres ont aussi un impact non négligeable, me semble-t-il.
Après tout, le japon et ses blindés hérités de la première guerre se sont bien débrouillés dans la première phase et les shermans américains clairement surclassés ont filé vers l’est, malgré les monstres blindés allemands.

C’était d’ailleurs le sens initial de ma question : plus qu’une comparaison de modèles, j’aurais aimé avoir une idée du ratio entre pertes au combat et véhicules abandonnés en France. L’auteur du livre auquel je faisais référence a participé à la conception du char B1. Il estimait qu’il s’agissait d’une génération de blindés trop en avance sur leur temps et qui en payaient le prix par une fiabilité déplorable, ainsi que le fait d’être des gouffres à essence et à main d’œuvre pour la maintenance. Simple hypothèse de sa part dans un court aparté, mais il pense à un impact très important de cet état de fait.
Il y a de nombreuses et intéressantes discussions sur la campagne de France, mais il me semble que les facteurs discrets comme celui-ci sont peu abordés. D'où mon interrogation : influence faible ou manque d'intérêt pour la chose ?

En revanche et en repensant à ce que j’ai pu lire ici, la dimension stratégique de la guerre éclair est sujette à débat. M’interroger sur l’influence des limitations techniques sur une doctrine discutée n’est pas forcément pertinent.

Pour ce qui est de l'inutilité des chars légers, je mettrais tout de même un bémol de la part de mon grand-père. Il estimait que les "boites de sardines" allemandes ne valaient pas tripette face aux chars français. Mais qu'en l'occurrence, les chars allemands étaient au milieu de sa compagnie, justement parce qu'il s'agissait de « boites de sardines », contrairement aux chars français absents. Ce qui lui a valu quelques années de captivité avec l’essentiel de son unité.


je ne sais pas s'il est possible d'affiner une évaluation des matériels en présence pour répondre à la question mais à mon avis, ça n'a pas beaucoup de sens: en 1941, le meilleur char du monde est sans contestation possible le T34. Ca n'empêchera pas les Soviétiques d'en perdre des milliers. Dans la marine anglaise, on dit "un navire ne vaut que par ses marins"...


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Message Publié : 21 Déc 2016 18:33 
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Philippe de Commines
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Concernant les matériels blindés utilisés au début de la guerre, par les Allemands et les Français, rappelons que le sujet avait été abordé ici, il n'y a pas longtemps. :wink: :arrow:
viewtopic.php?f=49&t=39453

En ce qui concerne les chars " lourds ", je pense que les Allemands ont fait l'impasse à la belle époque de la Blitzkrieg, parce que la philosophie visait à une guerre offensive, mobile, avec des engins rapides et pas forcément bien blindés.
La philosophie française visait plutôt une guerre défensive, livrée de manière méthodique, au rythme de l'infanterie. D'où des tanks bien blindés, mais relativement lent et souvent handicapés par un faible rayon d'action. D'ailleurs, on a vu que les tanks français capturés par les Allemands en 1940 n'étaient pas du tout adaptés à ce qu'ils souhaitaient pour leurs actions offensives... Et ces engins étaient relégués à des missions secondaires (engins du génie, tracteurs d'artillerie, chasse aux partisans...).

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“La barbarie est l'état naturel de l'humanité, [...]. La civilisation n'est pas naturelle. Elle résulte simplement d'un concours de circonstances. Et la barbarie finira toujours par triompher.” ― Robert E. Howard


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Message Publié : 21 Déc 2016 21:25 
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Philippe de Commines
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Inscription : 21 Sep 2008 23:29
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Lord Foxhole a écrit :
Concernant les matériels blindés utilisés au début de la guerre, par les Allemands et les Français, rappelons que le sujet avait été abordé ici, il n'y a pas longtemps. :wink: :arrow:
viewtopic.php?f=49&t=39453

En ce qui concerne les chars " lourds ", je pense que les Allemands ont fait l'impasse à la belle époque de la Blitzkrieg, parce que la philosophie visait à une guerre offensive, mobile, avec des engins rapides et pas forcément bien blindés.
La philosophie française visait plutôt une guerre défensive, livrée de manière méthodique, au rythme de l'infanterie. D'où des tanks bien blindés, mais relativement lent et souvent handicapés par un faible rayon d'action. D'ailleurs, on a vu que les tanks français capturés par les Allemands en 1940 n'étaient pas du tout adaptés à ce qu'ils souhaitaient pour leurs actions offensives... Et ces engins étaient relégués à des missions secondaires (engins du génie, tracteurs d'artillerie, chasse aux partisans...).


Tres intéressant, tout ce que vous dites, Lord.
PS: J'ai des bonnes souvenirs d'Alain Adam et le forum AFT 40
http://atf40.forumculture.net/
http://atf40.fr/ATF40/index.html

Cordialement, Paul.


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Message Publié : 21 Déc 2016 21:46 
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cush a écrit :
Je n'ai pas vérifié ce que dit Wiki mais en l'occurrence, la dotation en obus du Pzkpfw II est de 180... à raison d'une cadence de tir de 120 coups/mn, on sature pas longtemps!


1) la cadence de tir théorique est justement... théorique. En réalité, les tireurs ne devaient utiliser leurs armes qu'avec des rafales courtes, à l'image de ce qui se fait aujourd'hui avec un fusil d'assaut (100 coups à la minute avec un chargeur de 25, alors que la dotation sur l'homme est de moins de 300 cartouches, c'est-à-dire trois minutes de tir !). Cela prolongeait nettement la capacité à durer au combat ;
2) un PzKpfw II seul n'a aucun intérêt, sauf à appuyer une attaque de l'infanterie par des tirs d'aveuglement. Justement, au contraire des Français, les Allemands ont mis en oeuvre une guerre où chaque arme avait sa propre mission - ce qui n'empêchait pas l'intégration interarmes, au contraire. L'appui mobile de l'infanterie était confié aux Sturmgeschütz spécifiquement conçus pour cette mission ; classiquement il reposait sur l'utilisation des leichten Infanteriegeschütz leIG 18 de 7,5cm, canons d'infanterie à cadence de tir rapide. Les PzKpfw II n'utilisaient leur capacité à saturer offerte par leur grande cadence de tir que pour se désengager (1) ou appuyer une progression (2), éventuellement couvrir la mise en place de moyens plus puissants (3), ce qui ne requerrait pas de tirs continus, surtout s'ils agissaient en groupe ;
3) en conséquence du point 2, les PzKpfw II agissaient à plusieurs, par section (Züg) ou demi-section (Halb-Züg), ce qui autorisait des tirs fournis sans que la consommation de munition soit si importante qu'elle remette en cause la durabilité de l'action ;
4) il faudrait se pencher sur la chaîne logistique d'une Panzer Abteilung ou d'un Panzer Regiment pour savoir si elle était assez efficiente pour compenser toute surconsommation. Apparemment, ce fut le cas.

En tout état de cause :
- le 10 mai 1940, les PzKpfw II représentent un bon tiers des chars allemands en ligne (938/2614, soit 35,88%, si on reprend les chiffres de Jentz, les plus fiables à mon sens - contre 22,3% pour les PzKpfw I, 13,35% pour les PzKpfw III, 10,74% pour les PzKpfw IV, 4,5% pour les PzKpfw 35(t) et 7,91% pour les PzKpfw 38(t)) ;
- avec un tel ratio, alors que plus de 50% de la Panzerwaffe était constituée de chars démodés, obsolètes ou insuffisants (PzKpfw I et II), la Wehrmacht obtint une victoire fulgurante et retentissante ;
- celle-ci fut obtenue grâce, entre autres, à une supériorité tactique et une mobilité stratégique obtenues grâce à la manoeuvrabilité des Panzer Divisionen qui reposait elle-même sur la faible empreinte logistique des chars allemands, leur rapidité à se mouvoir et leur flexibilité dans l'action (optiques de tir et moyens de communication supérieurs). Tous avantages qui sont très vrais pour les PzKpfw II.

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Message Publié : 22 Déc 2016 11:20 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 11 Oct 2012 21:58
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je ne vais pas me faire plus bête (la réalité dépasse déjà la fiction) et vous avez évidemment raison mais dans ce cas, il faut aussi parler des automitrailleuses françaises (je pense à l'AMD 178 bien sûr) qui sont en beaucoup de points supérieures aux Pzkpfw I et même II (leur seul handicap par rapport à ceux-ci étant la mobilité en tout terrain mais elles sont à la fois mieux armées, mieux blindées et beaucoup plus rapides).
Je ne crois pas à la pré-détermination de l'arme blindée allemande (au contraire de la soviétique par ex). C'est une arme qui est jeune, s'est développée rapidement et "avec les moyens du bord". Ce n'est pas en vue d'une guerre rapide que les Allemands sont équipés en majeure partie de blindés (trop) légers, c'est parce qu'en 1935 - 36, ils n'ont encore ni les moyens industriels et techniques, ni les moyens économiques de partir sur des développements de blindés plus aboutis. Le fait que le Somua S35 soit équipé d'une caisse moulée montre une certaine avance technique de l'industrie française dans ce domaine.
Par contre, le développement de la radio et son usage étendu redonne une souplesse dans la manœuvre qu' hélas les Français n'ont pas.
Il est évident que les Allemands ont tiré le meilleur parti du matériel dont ils disposaient (le résultat est éloquent) mais dire que leur matériel est techniquement supérieur ou étudié en vue d'une nouvelle forme de guerre me semble très exagéré (pour ne pas dire que c'est une contre-vérité). Pour reprendre un autre exemple, pendant près de deux siècles, les navires français ont été techniquement meilleurs que ceux de la RN (meilleurs marcheurs, mieux armés, équilibrés...). On a vu le résultat à Trafalgar!


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Message Publié : 22 Déc 2016 11:22 
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Je suis bien entendu d'accord avec votre message plein de bon sens, cush.

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