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Message Publié : 23 Déc 2016 18:26 
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Bonjour,

Nous en avons peut-être déjà parlé mais je n'arrive pas à retrouver de sujet dédié.
Dans la première quinzaine d'août 1870, 18 bataillons de gardes nationaux mobiles de la Seine (Paris et ses environs) sont envoyés, sous les ordres du général de brigade Jean-Auguste Berthaut*, sur le camp de Châlons.
Ils devaient servir à mettre sur pied une division d'infanterie qui prendrait rang dans le 12e Corps nouvellement formé. Mais en raison de leur attitude déplorable (baraquements incendiés, de mémoire, indiscipline généralisée, refus d'obéir) notamment constatée de visu par le maréchal Canrobert, ils furent renvoyés sur Paris et la division du 12e Corps fut formée par les quatre régiments d'infanterie de ligne qui, jusqu'alors, montaient la garde sur les Pyrénées (et qui devaient servir à la mise sur pied du 13e Corps à l'origine).

Est-ce que quelqu'un a des détails précis sur l'attitude des mobiles de la Seine sur le camp de Châlons ? Que s'est-il passé au juste qui vaille qu'on les renvoie illico à Paris ? Pourquoi la réputation de Canrobert semble avoir été entachée par cet épisode ? Qu'advint-il de ces mobiles ?

* Qui commandera malgré cet épisode la garde nationale de Paris pendant le siège.

Merci de votre aide.
Cordialement,

CEN EMB

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Message Publié : 23 Déc 2016 22:37 
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En farfouillant, j'ai trouvé cela :

Une source secondaire a écrit :
[...] on appela les mobiles de la Seine (18 bataillons et 6 batteries). Dès le 18 juillet, lendemain du vote de la loi, et avant même de les convoquer, ils furent formés en régiments, ce qui excluait toute idée de les utiliser comme garnisons. On les convoqua les jours suivants pour leur distribuer l'habillement et leur faire quelques instructions sans arme, toujours sans les cantonner ou caserner.
On commençait à réclamer assez vivement ces armes que l'on ne voyait toujours pas venir quand l'ordre arriva de partir pour Châlons : Les 12 premiers bataillons reçurent le fusil à tabatière pour faire la route : les 6 autres, comme le quatrième officier de la chanson, ne portèrent rien.

Au camp, ce fut bien autre chose encore ! Rien n'était prévu pour les recevoir : « Je faisais dresser des tentes, dit le maréchal Canrobert, je leur faisais donner de la paille et quelques couvertures que j'avais de disponibles et de grandes marmites mais comme ils n'avaient ni bidons, ni gamelles, je ne sais comment ils pouvaient faire pour manger ».
Et toujours pas d'armes : celles qu'ils devaient recevoir étaient une partie des 30000 chassepots retirés de Strasbourg. « Ils arrivaient à chaque instant; il fallait les ôter de leur caisse et les nettoyer ». Bref, arrivés les 3, 4 et 5 août, quand ils repartirent le 17, certains n'avaient pas encore le chassepot « ils ne l'eurent qu'à Paris ».

Ce manque d'armes et cette incurie, avaient retardé de quinze jours d'instruction, et compromis sérieusement le moral des bataillons de la Seine, au point de faire réclamer par le maréchal Canrobert leur dispersion dans les places de Dunkerque à Belfort.
Ainsi, ces unités qui avec celles de l'est eussent pu par les ressources spéciales de l'industrie dans le département, le degré d'instruction générale plus élevé des hommes, avoir une organisation plus rapidement que les autres, loin d'être un appoint de force, devaient elles-mêmes être gardées.

[...]

La mobile de la Seine

Paris comptait 15000 gardes mobiles : 18 bataillons et 6 batteries, qui pouvaient être selon le cas, très bons ou très mauvais.
Le Parisien est « plutôt bon que mauvais, surtout en campagne » dit le général Ducrot « mais quand il est à moitié soldat, il est toujours détestable, car alors ses instincts d'indiscipline et de révolte priment constamment ses qualités natives de courage et d'audace ».
A Paris ils étaient dangereux. Eloignés et soumis a une discipline sévère « l'on eût pu trouver en eux un élément sérieux de la défense.
C'est bien ce qu'on voulut faire et ce fut le but de leur départ précipité pour Châlons, mais on avait compté sans eux.
Déjà ce départ « en fiacres, carrioles, à cheval, et la plupart à pied sans ordre et en tas ressembla plus à une descente de la Courtille qu'à un défilé de soldats ».
Peut-être eût-on pu les tenir au camp, si tout le nécessaire les y avait attendus mais nous avons vu qu'il était loin d'en être ainsi, et ce fut là le motif
ou le prétexte d'une indiscipline révoltante. Les officiers de quelques bataillons se voyant huer en bloc, sans aucune distinction rien que parce qu'on les « présumait » impérialistes, avaient renoncé à maintenir l'ordre et les surveillaient de loin.
Le maréchal Canrobert voulut se rendre compte par lui-même et les passer en revue « pour leur donner un peu d'esprit militaire, leur indiquer » ce qu'ils avaient à faire et faire appel à leur patriotisme. Les premiers bataillons l'accueillirent « assez bien » dit-il, le 3e par des murmure et le 4e par le cri « A Paris ». « J'étais si étonné que je leur dis : Mes enfants, c'est à Berlin que vous voulez dire, je suis sans doute un peu sourd » (déposition du maréchal Canrobert). « Non, à Paris, à Paris ». « On m'a dit depuis qu'ils m'avaient insulté, qu'ils m'avaient lancé des pierres... Je fis venir leurs officiers supérieurs et quelques autres qui me semblaient avoir de l'influence, ils me promirent d'intervenir. Ils l'ont fait, sinon d'une manière efficace, du moins ils ont empêché des désordres sanglants.
« J'écrivis au Gouvernement... qu'il fallait les disperser dans les places depuis Dunkerque jusqu'à Belfort ».

Le Ministre de la Guerre ordonna donc leur dispersion dans les places du Nord, mais entre-temps ils restaient à Châlons, un peu remis en ordre et s'instruisant un peu, mais n'offrant, au dire du général Berthaut, qui les commandait, que très peu de solidité : « ils ne pourraient pas soutenir le feu
dans un avenir rapproché ».

Aussi l'encombrement causé par la formation du 12e corps, l'arrivée successive des 1er et 6e en retraite, allait forcer à exécuter l'ordre du ministre,
quand au Conseil de guerre du 17 août, présidé par l'Empereur, le général Trochu mit comme condition à son acceptation du poste de Gouverneur de Paris,
la rentrée des mobiles de la Seine. L'Empereur termina en disant: « Ils défendront leurs foyers ».
Le général Trochu s'en défendit beaucoup dans la suite, mais il est avéré qu'il fit valoir la mesure comme devant apaiser la population parisienne, et faciliter un retour éventuel de l'Empereur dans la capitale


Dommage, il n'y a pas de date, même si on peut supposer que cela a eu lieu vers le 10 ou le 12 août 1870 (arrivée des 18 bataillons entre le 3 et le 5 août, retour sur Paris le 17).

CEN EMB

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Message Publié : 23 Déc 2016 22:51 
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Philippe de Commines
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Le Tome 1 des récits du Général Ambert (en 4 tomes) intitulé l'invasion, aborde, dans la première partie du chapitre III, les décisions prisent par le conseil de guerre sur le sort de cette garde mobile de la Seine.

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( Jean Jaurès )


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Message Publié : 24 Déc 2016 7:24 
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J'ai lu dans divers mémoires qu'ils étaient fort indisciplinés, refusant les ordres qui n'étaient pas donnés par les officiers qu'ils avaient élu, entraînant un mauvais état d'esprit dans les autres troupes.

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)


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Message Publié : 24 Déc 2016 9:43 
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Philippe de Commines
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Inscription : 25 Juil 2009 21:18
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Localisation : Vienne (86)
Dans ce que j'ai pu lire le Général Berthaut propose, lors du conseil de guerre, de faire le tri entre les bons éléments qui seraient envoyés sur Paris et les mauvais envoyés dans les places du Nord.
L'empereur puis le Général Trochu ne souscrivant pas à cette idée jugée trop risquée "Le choix qui sera fait donnera lieu à de fâcheuses interprétations et soulèvera des mécontentements profonds"

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Message Publié : 24 Déc 2016 10:45 
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Merci pour ces contributions. J'en déduis qu'il y a eu insubordination généralisée dans certains bataillons (au moins un), indiscipline envers une partie des officiers, et que ces unités se caractérisaient par un manque d'ordre dans leur marche et leur équipement.
Bref, qu'elles n'étaient absolument pas fiables, ni politiquement, ni militairement, et qu'il était de bon sens de les renvoyer d'où elles venaient. Mais qu'il était délicat de les dissoudre ou de les disperser dans des garnisons de province (voire coloniales) tant cela aurait pu générer une étincelle qui aurait embrasé tout Paris.

Il est vrai qu'elles causèrent des problèmes une fois revenues à Paris (au camp de Saint-Maur) : une petite partie - de l'ordre du millier d'hommes, ceux qui étaient en permission ce jour - des révolutionnaires du 4 septembre 1870 venait des rangs de ces bataillons, et il serait intéressant de savoir quel a été leur positionnement lors de la Commune...

CEN EMB

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