Hé bien ! L'étrangleur Ottoman déchaîne encore des passions
Il est vrai qu'il véhicule tant d'image qu'il est difficile de l'étudier sans qu'une ne s'impose. D'une part, il représente l'archétype du luxe et de l'absolutisme, d'autre part, il offre l'image d'un déclin qui rappelle celui de l'empire romain et dont la narration peut emprunter des accents à Gibbon
Selon moi, il est plus intéressant de voir comment l'entité politique qu'il constitue évolue, comment ses dirigeants tentent de faire face aux différentes crises. Sur le plan militaire, l'empire connaît un évident déclin relatif. Mais c'est surtout, rappelons-le, à cause de l'accroissement de force sans précédent dans l'histoire des puissances occidentales.
Hugues de Hador a écrit :
Mais au fur et mesure du temps, cette bonne idée fini par se retourner conte l'Empire, car cette armée devient obsolète et refuse de se réformer. Les "janissaires" jaloux de leur privilèges seront un frein aux progrès militaires.
La montée en puissance politique des Janissaire est passionnante. Ce corps constitue une réponse à la problématique de l'administration d'un empire : comment garantir la fidélité au souverain des soldats et des fonctionnaires dans un empire multi-ethniques ? La réponse est de recruter ceux-ci parmi les esclaves jeunes, puis de les acculturer pour les détacher de leurs racines et s'assurer que leur fidélité ne va qu'au sultan, garant de leur prospérité. La douloureuse leçon historique est que ce corps va acquérir une dynamique propre, et intervenir dans la politique de l'empire en fonction de ses propres intérêts.
Parallèlement aux Janissaires, qui étaient soldats, je sais qu'un corps de fonctionnaires était aussi recruté par devchirmé. Quelqu'un se souvient-il de son nom ?
En plus des Janissaires qui refusent de se réformer, une des causes du déclin militaire réside également dans la perte d'efficacité du cavalier archer, qui n'a plus le même impact qu'auparavant sur disciplinées et armées de fusils. Le Timar perd donc peu à peu son utilité, mais sera également difficile à supprimer étant donné son importance dans la société.
Jerôme a écrit :
Une observation au passage : je crois que jusqu'à la révolution industrielle, les Européens sous estimaient leur supériorité technologique et économique. Par exemple il me semble que les français de l'expédition d'Egypte avaient été très surpris de la pauvreté du pays. Ce qui signifie bien que les Européens étaient tes mal informés des réalités orientales. Évidemment ce qui valait pour l'Egypte n'est peut être pas transposable à d'autres provinces ottomanes !
Effectivement, les Européens étaient eux-mêmes prisonniers de leurs représentations. L'Orient, c'est la richesse fabuleuse ! D'ailleurs, cette image était entretenue par les Ottomans, au travers du commerce des Echelles. La France par exemple, exporte peu - draps, tissus, papier, quincaillerie - et importe beaucoup : épices (poivre, sucre…), soie de Perse, café du Yémen, cendres de cali,huile d'olive, noix de galle et autres plantes tinctoriales, peaux, laine de chèvre, blé et coton.
Mais cette apparente abondance ne présage pas de la richesse du bas peuple, composé pour la plus grande partie d'agriculteurs ; et dans de petites exploitations.
Sait-on s'ils utilisaient des charrues ou des moulins ?