Je n'ai pas vu le film.
Maintenant je n'ai jamais raté un documentaire de cette first Lady, dont -du temps "Kennedy"- chacune voulait avoir (on avait à l'époque des "couturières") le dernier look, le côté "classe chic" ou naturellement sophistiqué. C'était incroyable.
Une fois la "robe-manteau" terminée (et on peut décliner : tailleur, coiffure avec cette frustration de ne pouvoir ajouter la petite toque : "Je vais avoir l'air ridicule tout de même...") la question était inévitable :
"C'est comment ? Tu crois que Jackie l'enlèverait ? Des talons plus bas ? Justement comment cette femme n'a pas encore compris que les talons aiguilles etc."
Là était la véritable distinction -mon enfance en a été bercée-, Bardot c'était pour celles qui... Bref, un autre genre !
Et puis patatra ! Jackie est devenue Mrs Onassis, déboulonnage du mythe. Un déboulonnage cruel comme savent le faire les femmes. On ne retenait que les grandes lunettes, il lui fallait au moins ceci pour cacher une telle honte. Comment l'épouse de JFK avait-elle pu se "vendre ainsi...". Se vendre : les deux mots étaient terribles et pourtant Jackie semblait plus Jackie que jamais. Toujours classe.
Jackie, inclassable, avait fait remonter la côte de Bardot. Et soudain tiré d'on ne sait où, La Callas revenait : elle, au moins, elle n'avait pas trahi...
Concernant le film, voici ce que j'ai lu :
[Dans d'autres mains que celles de P. Larrain, un film consacré à J. K. aurait fatalement tourné au biopic sirupeux. Récit des quatre jours de sa vie entre l'assassinat et l'enterrement de son président de mari en novembre 1963, cette
Jackie est au contraire une pénétrante étude de caractère : celui d'une femme à la fois dévastée et digne, anxieuse de donner à "Jack" des funérailles dignes de Lincoln mais consciente au fond de son héritage politique pointé par Bob lui-même :
"Qu'avons-nous accompli ? Nous ne sommes que des gens beaux et célèbres."Sous la caméra de Larrain, N. Portman est une J. K. sidérante, passant tour à tour d'une force magistrale à un état de vulnérabilité déchirant. Face aux journalistes qui viennent l'interwiewer une semaine après la tragédie, elle tient à garder un contrôle total de ses paroles. Au prêtre auprès de qui elle cherche le soutien de la foi, elle affirme :
"Je n'ai jamais voulu la célébrité. J'ai juste voulu être une Kennedy". Hantée par ses souvenirs, complexe et finalement insaisissable, cette
Jackie transcende de bout en bout un film à oscars qui n'en emprunte jamais la voie.]
Un petit cocorico : les uniformes des militaires qui défilent aux obsèques de JFK viennent directement de Saint-Ouen (comme les vêtements portés par les acteurs de "
Stefan Zweig", "
adieu l'Europe", "
Cézanne et moi", "
Une vie"), tirés des hangars de la Compagnie des Costumes. [
... dans la reconstitution de l'enterrement de JFK, par exemple, l'équipe du film "Jackie"
voulait être au plus près de la vérité historique ... Nous avons fourni quelques costumes civils et la totalité des costumes militaires du film qui a, en grande partie, été tourné en France...] (R. D'Elia)
Jerôme a écrit :
Quelques gros points d'interrogation : Jackie était-elle si peu maternelle, si égocentrique , si matérialiste que le présente le film ? J'avais l'idée d'une jeune femme plus ambitieuse, plus cultivée et pour tout dire moins sèche que le personnage joué par Natalie Portman.
Je me base sur les documentaires visionnés (un bon paquet sans compter les redifs) privilégiant les propos de JK-O aux commentaires.
1) J'ai souvenir d'une femme maternelle, essayant de soustraire ses enfants à la fameuse "émulation Kennedy" très présente à Hyannis port en tout et surtout dans les jeux où "gagner" avait un sens.
La volonté aussi de protéger ses enfants des clichés de journalistes (lorsqu'elle découvrit les photographies de JJ dans le bureau ovale et autres, une dispute sérieuse eut lieu au sein du couple, plus jamais de clichés des enfants sans l'aval de Jackie). Elle est présente autant que sa position le permet. Moins sans doute qu'aucune autre first lady, car aucune autre avant elle n'avait déchaîné -au point de devenir incontournable- autant d'adhésion.
Après le drame, seule et sans assise pécuniaire -ce qui a toujours été un cauchemar chez elle vu son enfance- elle épousera Onassis après l'assassinat de Bob. Il est certain que l'argent de l'armateur était rassurant, l'endroit aussi et les enfants ont compté pour beaucoup dans le choix.
Avec le recul, nous savons que la perte d'un premier enfant, elle le gère seule : il faudra toute l'autorité de Jo (le beau-père) pour arracher JFK à ses vacances où il est entouré et arguant lui-même qu'il ne peut rien faire de plus...
Il faudra le décès de Patrick pour qu'enfin le mari soit présent. Ceci doit laisser des traces.
2) Egocentrique ? Oui et non, narcissique plutôt mais là encore il faut connaître l'éducation de J. Bouvier et l'ambiance qui régnait dans la maison. L'omniprésence d'une mère manipulatrice (on voit comment est monté l'absence du père au mariage de Jackie, la seule chose qu'elle ait demandée : que son père soit là pour l'amener à l'autel...). Et il faudra faire contre mauvaise fortune, beau visage...
3) Matérialiste ? C'est le grand problème de Mrs Bouvier qui transmet cette angoisse à ses enfants. Ceci confine à l'hystérie et aussi à l'explication de certains choix pas très glorieux. Jackie gardera toujours cette angoisse.
Au décès de son époux : elle n'a rien. Pas de maison, pas de fortune... Rien sinon une proposition d'hébergement temporaire par le clan Kennedy avec ce que ceci suppose d'abnégation. Elle refusera. Le clan se chargera alors de la location d'une petite maison et Bob gérera le reste.
Elle a déjà goûté à la dolce vita d'Onassis, justement après la perte d'un enfant avec un époux cruellement absent. Elle sait que l'homme est solide. Après le drame, il sera là... déjà présent pécuniairement. J'imagine que ceci est un soulagement.
Ensuite pour les dépenses compulsives en vêtements, on peut comprendre : la représentation, la frustration et tant d'autres choses. Avec Onassis, il y eut contrat de mariage, contrat qui gère aussi l'intimité du couple.
Continuent donc les achats compulsifs doublés de "reventes" des vêtements pour du cash...
4) Elle était ambitieuse et sa culture a beaucoup compté pour atteindre les buts qu'elle s'était fixés. Interwiewer le jeune JFK fut un choix comme celui de le séduire puis d'accepter la suite avec ses multiples casquettes : infirmière, femme trompée, sourire ambulant, devoir de procréation (on ne plaisantait pas chez les Kennedy, Ethel -femme de Bob- le claironnait bien souvent), attitude de winneuse à chaque moment, meilleure affiche de son époux etc.
5) Elle pouvait en effet être très sèche et cassante. Elle avait aussi un humour décapant. Je n'ai pas souvenir de l'avoir entendue dans le registre "cynique" que pouvait avoir JFK et les autres membres de la famille Kennedy (Joan excepté).
N'ayant pas vu le film, si vous pouviez résumer ce qui concerne De Gaulle, ce serait sympa. Le côté
"Place, place... c'est le général, bougez-vous la France passe..." ne m'intéresse pas, pas plus que le chauvinisme un peu "bourrin" ; c'est plutôt ce qui est dit ou fait pour que vous en veniez à cette conclusion.
Merci.