Loïc a écrit :
il n'y a pas vraiment d'homogénéité puisqu'il y'a même aussi des noblesses non-titrées dans certains pays
Il me semble que partout l'essentiel de la noblesse était non-titrée. Est noble (gentilhomme) celui dont le père est noble, dont les parents ont été unis par un mariage chrétien et qui vit "noblement". Est titré celui qui a reçu un titre du roi ou l'aîné d'une famille ayant reçu du roi un tel titre. Dans mon ascendance française, il y a de nombreuses familles nobles, parfois depuis le moyen-âge, mais qui ne sont titrées qu'à partir des XVII-XVIIIèmes siècles et encore l'origine du titre est souvent peu convaincante (comme bien sûr l'origine de la noblesse elle-même, qui est plus un état de fait qu'une attribution précise). Le titre est devenu le signe de la noblesse, un ami de mes parents, assez récemment anobli par le roi des Belges se plaignait de n'avoir pas reçu de titre "sérieux", il n'était qu'écuyer (ce qui en fait n'est pas un titre). Pourtant la plupart des familles nobles en Belgique dont beaucoup de très anciennes sont dans la même situation. A l'inverse, dans la Recherche, on décrit un baron de Charlus qui pourrait se parer de titres plus ronflants et préfère le plus antique, quitte à ce que des Verdurin le pensent moins "titré" qu'un marquis beaucoup plus récent. L'idée même d'une stricte hiérarchie des titres n'est pas d'ancien régime.
Je pense qu'historiquement la France a été un pays où l'usage du titre a été assez souple, ce qui explique la pléthore de titres de courtoisie. C'est essentiellement la différence avec des pays comme l'Angleterre ou l'Espagne où la distinction entre noblesse titrée et non-titrée apparait comme beaucoup plus nette (comme la hiérarchie des titres). Ma famille espagnole s'est contentée pendant plus de 5 siècles du prédicat don et de bénéficier des avantages de son statut noble reconnu (hidalguia), mais fin XIXème ils obtiennent un titre de marquis (en fait 3 titres si on prend des cousins plus éloignés), le simple prédicat n'étant de toute évidence plus suffisant pour assurer leur visibilité sociale (aujourd'hui le titre est porté par des cousins qui n'ont plus le même patronyme que moi parce qu'il se transmet aussi aux femmes, situation très différente de la France). En France mon grand-père a parfois usé, en société, du titre (de courtoisie) de comte ce qui était admis pour une personne de naissance noble (la différence subtile entre jean comte de truc et le comte alain de truc).
Comme le note Jérôme, le titre de vicomte vient sans doute de vice-comte, remplaçant du comte. C'est devenu par l'usage un titre en soi (Fouquet est vicomte de Melun et de Vaux, titres peut-être choisi parce qu'il n'était pas l'aîné?), pour les titres de courtoisie, les cadets d'un comte se font parfois vicomtes, mais il me semble qu'il s'agit d'un usage et pas d'une règle.