Saladin a écrit :
comment les difficultés économiques de l'URSS dans les années 1980 se traduisaient-elle concrètement pour les habitants de l'URSS au quotidien ? Pourquoi ? Est-il juste de dire que le secteur le plus impacté est l'agriculture ?
Comme dans le système soviétique les prix étaient fixes, quand il y avait pénurie d'un bien, son prix n'augmentait pas, mais il était tout simplement absent des rayons des magasins. S'approvisionner correctement était un petit défi qui demandait de la débrouille (savoir quand le magasin était ré-approvisionné)... ou d'aller au marché noir... et le plus souvent, de patienter dans de longues files d'attente.
Je me souviens aussi qu'en RDA, le délai entre la commande et la livraison d'une Trabant (la voiture de base) était de 11 ans !
Je crois aussi qu'il n'y avait pas de système de crédit. En tout cas, c'est ce que j'ai lu dans le livre d'un pilote de ligne qui a discuté avec des homologues ex-soviétiques : la seule méthode était d'économiser jusqu'à pouvoir payer comptant. Un pilote, entendant que le Français a 10 ou 15 ans de métier, lui dit qu'alors il va bientôt pouvoir se payer sa première voiture, et tombe du ciel en entendant que le pilote français s'était acheté une voiture à crédit dès qu'il avait son CDI - et que son épouse avait sa propre voiture elle aussi.
En revanche, avantage de ce système, en URSS, il n'y avait pas de personnes vivant sous un certain seuil de pauvreté. La libéralisation de l'économie et des prix a créé les premiers cas de pauvretés, et l'apparition de mendiants dans les rues de Moscou a été un choc.[/quote]
Je me rappelle lors de mon voyage en URSS en juillet 1986, que les magasins à
Kiev,
Leningrad et même à
Moscou étaient quasiment-vides de produits. Dans la capitale, un peu moins, car c'était un peu la vitrine du pays. Par contre, il y avait les magasins spéciaux, les
Beriozkas, où on pouvait tout acheter en $, qui étaient donc interdits aux citoyens soviétiques, qui n'avaient pas le droit d'avoir des devises occidentales, sauf, évidemment, pour les membres de la
Nomenklatura. Ce problème de ravitaillement, de pénurie chronique de produits de consommation, a miné la confiance du peuple dans les instances politiques. Dans les partis communistes occidentaux, on ne faisait plus guère d'illusions sur le
paradis des travailleurs.
Jean Kehayan, écrivain et militant communiste, racontait que beaucoup de camarades français ont voulu le dissuader d'aller vivre, pendant quelques temps, en URSS, pour étudier le "
paradis soviétique" ...mal lui en a pris, il est parti vivre à
Moscou et en est revenu totalement désabusé, 2 ans plus tard, en sortant "
Le tabouret de Piotr", chronique d'une désillusion communiste sur les conditions de vie en URSS, qui étaient très éloignées de la propagande du PCF !
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_K%C3%A9hayan