Almayrac a écrit :
Atlante a écrit :
Si je puis me permettre, c'est peut-être l'évolution de la langue germanique qui peut donner une lueur sur la différenciation progressive de Clovis et de Louis.
Clovis vient de hlodovic, le h initial étant probablement très aspiré. Il est fortement probable que l'évolution de la langue (et notamment du franc vers le bas latin) ait abouti à la disparition pure et simple de cette initiale aspirée qui n'existe pas en latin. Tandis que dans les régions plus septentrionales ayant continué à utiliser ce dialecte évolutif, le h initial suivi du l a fini par se prononcer autrement, en l'occurrence Clo- (association que l'on retrouve dans plusieurs prénoms mérovingiens, notamment chez les fils de Clovis lui-même : Clotaire, Clodomir et l'un des fils de ce dernier, Clodoald (devenu Cloud). Il y a aussi une forme en Chlodobert, si je me souviens bien. Cette racine "originelle" devait certainement avoir un sens pour cette famille (à rattacher peut-être au légendaire Clodion) et, en tout cas, c'est une tradition qu'on retrouve chez la plupart des grandes familles de l'époque, franques ou avec d'autres origines germaniques, les Burgondes, par exemple, où plusieurs ont la racine "gonde" dans leur nom.
Certes, les mutations consonantiques de l'allemand n'étaient pas encore passées par là... mais, comme vous le soulignez, la langue de Clovis n'était probablement plus compréhensible sous le règne de Charlemagne.
J'aurais eu la réaction inverse : Clovis à donné Louis par simple lecture à la romane, le u remplaçant le v cela donne Clouis et Louis alors que Hlodovic à donné Ludwig en allemand via le hluduig tudesque.
Je suis d'accord avec vous sur la disparition du C et du H mais il s'agit d'un archaîsme et pas un marqueur ethnique. Par rapport au Mérovingiens qui vienne de Tournai (actuellement Wallone), et qui se sont rapidement mis au latin, les carolingiens vienne de la région de Herstal (Liège, Jupille) et leur langue maternelle est encore germanique 300 ans aprés.
Il y a aussi un retour en français du prénom Ludovic construit sur le hluduig tudesque.
Non, non. Pour Ludwig, vous faites un contresens. Ce que je vais vous dire émane directement de mes vieux cours de linguistique allemande.
Comme je l'ai expliqué dans un post un peu plus haut (que j'avais complètement oublié, d'ailleurs), l'allemand a subi deux mutations consonantiques, la première au VIIe siècle, qui a séparé le germanique du vieil-haut-allemand. Je vais rester dans la simplicité (vu que j'ai quand même oublié pas mal de choses), mais à cet époque, au VIIe siècle, un type, je me demande si ce n'est pas Wulfila, a traduit la Bible (précédant Luther de quelques siècles) dans la langue de l'époque et introduit de nombreux mots latins dans le vocabulaire courant germanique, qui ensuite ont évolué différemment suivant les dialectes et subi les deux mutations consonantiques, pour l'allemand, dont je vous parlais plus haut. C'est le cas, par exemple, de "pater" devenu "Vater" (et qui a donné "father" en anglais), "mater" devenu "Mutter", etc. Je vous épargne la seconde mutation, elle est plus tardive et ne concerne pas notre propos.
Pour en revenir au sujet qui nous préoccupe, "Clovis", ou plutôt Hlodovic, avait été assimilé à "Ludovicus" en latin (qui a plus tard évolué en Loois / Louis). C'est cette latinisation qui a été réintroduite en vieil-haut-allemand (et sans doute dans un paquet d'autres langues germaniques à la même époque) et qui a donné Ludwig. Il y a en fait des passerelles incessantes entre les langues qui évoluent très vite à cette période, compte-tenu du brassage migratoire.
L'autre point à prendre en compte, c'est que ce qu'on sait de la langue parlée par Clovis et son entourage n'émane que des Latins... Les Francs n'avaient pas d'écriture, et encore moins d'archives. Donc, nous n'avons qu'une vision très partielle.
Dernière chose, les prénoms mérovingiens ont perduré assez longtemps malgré l'influence chrétienne. Le plus vieux document conservé aux AD 41 est un parchemin (grand comme un mouchoir) daté de 903, sous le règne de Charles le Simple, une histoire de vente et de transaction de maisons sur le site du château. Toutes les parties portent des noms hérités des Mérovingiens : Ogier, Siranne, Sigefroid, Ingelsinde, Gobert, Raimberge...
http://www.culture41.fr/Archives-departementales/Decouvrir-et-transmettre/Tresors-des-archives/La-galerie-du-temps/903-le-plus-ancien-document-ecrit-du-Loir-et-Cher