Une affaire où « s’illustrèrent », baïonnettes aux canons, des hussards à pied : Canth, 13 mai 1807.
Le 15 mai, Dumuy fit le rapport suivant à Berthier : « Au point du jour, j'entendis une canonnade. Je jugeai que le général Lefebvre avait atteint l'ennemi, et qu'il était aux prises. Je ne balançai point à me porter en avant, avec environ 200 hussards à pied et quelques hommes de cavalerie qui formaient la colonne placée sur la route de Schweidnitz. En même temps, j'envoyai l'ordre au commandant de la place de m'envoyer toutes les forces qui étaient à sa disposition, et surtout la cavalerie dès qu'elle serait arrivée. Je me dirigeai vers le point d'où partait le bruit du canon. J'arrivai vers les 11 heures aux portes d'un petit bourg à six lieues de Breslau, et les trouvant fermées, je jugeai que l'ennemi occupait cette position. La canonnade avait cessé depuis longtemps. Je ne doutai point que le général Lefebvre n'eût cessé l'engagement qu'il avait eu avec l'ennemi. Voyant les hussards à pied disposés à tout entreprendre, je crus devoir profiter de leur audace. Au premier ordre que je donnai d'attaquer, les portes furent enfoncées, et l'ennemi vivement assailli : en un moment il fut chassé de la place et poursuivi, dans le plus grand désordre, à plus d'une lieue. Je ne puis trop me louer de la conduite de ces Français, qui, au nombre de 150, sont parvenus à débusquer un ennemi bien supérieur en forces, et qui avait deux escadrons de cavalerie. On lui a tué beaucoup de monde et fait un grand nombre de prisonniers; nous n'avons eu que 2 blessés. »
Le même jour, le combat en question était ainsi rapporté par Gérard, aide-de-camp de Jérôme : « Le général Dumuy, qui avait été obligé d'attendre le retour de la cavalerie française, qui rétrogradait de dix lieues sur Breslau, s'est mis de suite en marche. A son arrivée, il s'est porté rapidement sur Canth, où il a encore trouvé l'arrière-garde ennemie, et environ 150 Bavarois prisonniers ou blessés. Avec 150 chevaux ou hussards à pied, il a fait enlever la ville à la baïonnette et a repris nos blessés ou prisonniers, ainsi que 30 Prussiens. »
Dumy écrivit également sur le même sujet, le lendemain, à Jérôme : « Je me suis mis à la tête de quelques cavaliers, et me suis avancé pour reconnaître si l'ennemi s'approchait. Vers les cinq heures le bruit d'une canonnade m'a fait juger que le général Lefebvre était aux prises avec lui. Je n'ai pas hésité à marcher de ce côté-là. J'étais suivi par environ 150 hussards à pied et quelques dragons. J'avais envoyé l'ordre au commandant de la place de faire mettre en mouvement toutes les forces dont il pourrait disposer. Je suis arrivé vers les 11 heures à l'entrée de Canth, petite bourgade à 6 lieues de Breslau. Les hussards ont enfoncé les portes et se sont jetés de vive force dans la place, où l'ennemi était établi au nombre de 1 800 hommes d'infanterie et 2 escadrons de cavalerie. 150 Français ont eu l'honneur de le chasser, de lui faire 200 prisonniers et de lui tuer beaucoup de monde. Je n'ai eu que 2 hommes blessés dans cette attaque. »
Logiquement, l’affaire eut les honneurs du 75 e Bulletin de la Grande Armée (18 mai 1807) : « A onze heures du matin, le général Dumuy, qui était sorti de Breslau à la tête d’un millier de Français, dragons, chasseurs et hussards à pied, qui avaient été envoyés en Silésie pour être montés, et dont une partie l’était déjà, attaqua l’ennemi en queue; 150 hussards à pied enlevèrent le village de Canth à la baïonnette, firent 100 prisonniers et reprirent tous les Bavarois qui avaient été faits prisonniers. »
Finalement, l’assaut à la baïonnette des hussards à pied semble avoir été conté de manière fort légère. Ainsi, le 20 mai, Jérôme avertissait Berthier : « Je joins ici une lettre du général Dumuy sur la prétendue affaire qu'il a eue avec l'ennemi, et dont je me suis empressé de faire le rapport à S. M., ne pouvant m'imaginer qu'un officier général pût m'en imposer à ce point; mais tous les détails qui me sont parvenus à ce sujet, et le propre aveu de ce général me prouvent qu'il n'est arrivé à Canth qu'après la retraite de l'ennemi, qui y avait laissé une vingtaine d'hommes pour garder des blessés. Il n'y a pas eu 10 coups de fusil de tirés, et tout cet étalage se réduit à rien autre chose qu'à la prise des blessés. Des deux blessés mentionnés dans la lettre, un s'est cassé la jambe en dansant. Je suis très fâché que le général Dumuy m'ait mis dans le cas de faire un faux rapport à Sa Majesté. Je désirerais qu'elle fût détrompée. »
_________________ " Grâce aux prisonniers. Bonchamps le veut. Bonchamps l'ordonne ! " (d'Autichamp)
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