On connait la fameuse réplique de Daumesnil à Vincennes. Quelques autres tirées du « Dictionnaire des braves de Napoléon » :
« Au combat de Rulsheim, un tambour à peine âgé de treize ans battait la charge ; un hulan lui lance un coup de sabre et lui coupe le poignet, l’enfant le regarde et bat de l’autre main, en s’écriant : « Il m’en reste encore une. » Ce tambour était Dugay. »
« Pascal, grenadier. Au moment où un boulet lui emporte un bras, il rentre dans les rangs, ses camarades lui en témoignent leur étonnement. « Notre capitaine, répond Pascal, ne vient-il pas de dire : à vos rangs, grenadiers ! eh bien, j’y suis ; il me reste encore un bras pour exterminer les ennemis de la patrie. »
« Thyrier, caporal de sapeurs au 21e bataillon de volontaires nationaux. En 1794, devant Bois-le-Duc, Thyrier faisant couper la route et élever un redan en face du fort Isabelle, a une cuisse emportée par un boulet parti de la place ; ses sapeurs s'arrêtent : « Travaillez, camarades, leur dit il, ce n'est qu'une cuisse de moins, je la remplacerai par une de bois, et je servirai encore la république. »
« Angot ( Guillaume ), grenadier dans la 85e demi-brigade d'infanterie de ligne, né à Falaise, département du Calvados. Le 15 juillet 1800, Angot s'étant élancé le premier dans une redoute ennemie, a la jambe emportée par un boulet ; ses camarades s'approchent de lui pour le secourir et l'enlever du champ de bataille. « Laissez-moi, leur répondit-il, je ne marche plus, mais l'ennemi marche encore. En avant, mes amis, la patrie l'ordonne. »
« Bailly, sergent-major au 55e régiment d'infanterie de ligne. A Austerlitz, le sergent-major Bailly voit une file de son peloton enlevée par un boulet, il la fait remplacer ; celle-ci est encore enlevée comme la précédente, et il s'occupe de la reformer, lorsqu'un troisième boulet tue deux hommes déjà placés, et lui emporte la jambe. On veut lui donner des secours : « Non, mes amis, dit il avec fermeté; après le combat, c'est l'ordre : donnez-moi seulement mon sac de toile, et battez-vous bien. » Il s'enveloppe lui-même la cuisse, et expire sur le champ de bataille. »
« En combattant avec intrépidité au combat de Lannoi, Villars venait d'avoir une jambe emportée par un boulet, peu de temps après, son général vient visiter les blessés , Villars lui demande si les Autrichiens ont évacué Lannoi. Le général lui ayant répondu affirmativement, Villars pousse un cri de joie, en disant : « Ah! maintenant, je ne regrette plus ma jambe. »
« Au combat de Namur, Dupuis, qui venait d'avoir la cuisse emportée par un boulet, refusa de se laisser emporter à l'ambulance, et voulut, malgré ses camarades, rester sur le champ de bataille : « Ne me comptez plus au nombre des vivants, leur disait-il, vos bras seront mieux employés à défendre nos autres frères. » Après que la victoire eut été décidée en faveur des Français, il dit à ceux qui étaient auprès de lui : « A présent, je veux bien qu'on me panse ; mais si nous eussions été battus , je n'aurais rien fait pour vivre encore. »
« Un officier du 2e d'artillerie à cheval, le lieutenant Conrad ou Conard (Guillaume), né dans le département du Bas-Rhin, a la cuisse emportée par un boulet; il renvoie à leurs pièces les canonniers qui veulent l'enlever du champ de bataille ; et se soulevant avec effort pour observer le tir de sa batterie, il leur crie : « Mes amis, pointez un peu plus bas ».
« Legris ( Charles ), soldat au 105e régiment d'infanterie légère. En montant aux redoutes de Hagueneau, le soldat Legris est atteint d'un boulet qui lui casse le genou. Après avoir souffert l'amputation avec le courage et l'impassibilité d'un stoïque, il demande sa jambe : « O ma patrie, s'écrie-t-il, reçois ce sacrifice ! »
« Poctier ( Etienne-Nicolas ), canonnier à la 6e demi-brigade d'artillerie, membre de la Légion-d'honneur, né à Paris, département de la Seine. Dans le combat naval qui fit tomber en notre pouvoir le vaisseau anglais le Swiftsure, le canonnier Poctier eut le bras gauche emporté par un bouletb; malgré cette blessure, ce brave ne voulut point abandonner son poste, et il ne consentit à aller se faire panser, qu'après que son commandant lui en eut donné l'ordre formel : il n'eut pas plutôt subi l'amputation, qu'il remonta sur le pont et mit le feu à une pièce en s'écriant : « L'ennemi m'a coupé le bras gauche, je lui ferai voir qu'il me reste encore un bras droit pour le service de ma patrie. »
« Renaud, canonnier de marine. Dans un combat, que la frégate la Résistance et une corvette soutinrent contre cinq vaisseaux anglais, Renaud a la jambe emportée par un boulet. « Vive la république ! s'écrie-t-il ». En même temps il s'attache d'une main au soliveau de l'entre-pont, tandis quede l'autre, il met encore trois fois le feu à son canon. »
« Nicolas Touvenin , faisant fonctions de caporal dans le 55e, a la cuisse emportée par un boulet, au moment où par son audace il électrise ses camarades; il tombe, et quelques soldats s'empressent autour de lui pour le secourir : « Laissez-moi , leur dit-il; vive la république ! Je meurs content, si nous prenons la frégate. » Ses voeux furent accomplis, il expira peu d'instants après que l'Embuscade eut amené son pavillon. »
« Lavigeur (Mathieu), grenadier à la 84° de ligne, né à Montflanqnin. Le 15 floréal an 8, au combat de Moeskirch , ce soldat se signala par sa bravoure : au fort de l’action, il eut les deux cuisses emportées par un boulet ; ses camarades se pressant autour de lui pour le secourir voulaient l’enlever du champ de bataille : « Laissez-moi mourir ici, leur dit-il courageusement, et courez à l’ennemi ». Il expira en prononçant ces mots.
« Frantz ( Antoine ), fusilier à la 17e de ligne, né à Alt-d'Orff. Le 1er messidor an 7, pendant la bataille de la Trebbia, il déploya le plus grand courage. Après avoir fait dix-sept prisonniers, il eut la cuisse droite coupée par un boulet; ses camarades voulaient le transporter à l'ambulance : « Laissez-moi, leur dit-il, que je respire la fumée du canon, je veux mourir ici pour être témoin de la victoire ; courez la remporter. » Les soldats qui l'entouraient insistaient pour qu'il se laissât enlever; il recueillit alors ses forces et se mit à entonner l'hymne national : Allons, enfants de la patrie, etc. Aux accents de ce brave, tous volèrent au combat en répétant en chœur : Allons, enfants de la patrie. Ce chant leur inspira des prodiges de valeur ; mais tandis qu'ils faisaient de l'ennemi un horrible carnage, l'intrépide Frantz, heureux d'avoir enflammé leur courage, expira en prononçant ces mots chéris : Vive la liberté ! »
« Marguet (Joseph), volontaire à la 36e de ligne, né à Saive. Un boulet lui emporta la cuisse, à la bataille de Moeskirch, en Souabe, le 15 floréal an 8. Prêt à rendre le dernier soupir, il recueillit ses forces, et s’écria : Vive la République. Son frère qui combattait près de lui, s’empressa de le secourir : Laisse-moi, lui dit-il , et va au champ d’honneur où t’attendent tes camarades. »
« Au combat de Binche, qui eut lieu en 1794, entre l’armée des Ardennes et les Autrichiens, Vincent eut le bras emporté par un boulet, il le ramasse aussitôt, et se tournant vers une batterie, il dit aux canonniers : « Mettez ce bras à l’embouchure de la pièce, et envoyez-le aux Autrichiens, pour qu’il les frappe encore une fois. »
_________________ " Grâce aux prisonniers. Bonchamps le veut. Bonchamps l'ordonne ! " (d'Autichamp)
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