Pédro a écrit :
Les empereurs font grand cas de l'alimentation de leurs populations... dans les grandes cité en tout cas. L'affaire d'Antioche sous Julien est révélatrice des soucis que cela pouvait générer ; en faisant livrer du blé dans la ville l'empereur a sans doute mis dans la difficulté les marchands locaux qui firent cause commune avec les élites et la population civile. Julien fut moqué et répondit par le Misopogon :
As-tu donc oublié que nous sommes bien loin d'être des Celtes, des Thraces, des Illyriens? Tu ne vois donc pas tout ce qu'il y a de boutiques dans cette ville? Car tu te mets à dos les boutiquiers en ne leur permettant pas de vendre au prix qu'ils veulent leurs marchandises au peuple et aux étrangers. Les boutiquiers crient contre ceux qui possèdent des terres; et toi, tu t'en fais aussi des ennemis, en les contraignant d'être justes. Des magistrats, qui m'ont tout l'air de profiter de ce double fléau de la ville, se réjouissaient jadis de leur double profit, comme propriétaires et comme marchands, mais aujourd'hui ils sont tout naturellement vexés de se voir privés de ces deux sources d'avantages. Enfin le peuple syrien, qui ne peut ni s'enivrer, ni danser le cordace (37), est furieux. Tu crois, en lui fournissant du blé à foison, le nourrir bel et bien ; mais ta gracieuseté ne s'aperçoit pas qu'il n'y a pas de coquillages dans la ville. L'autre jour quelqu'un se plaignit de ce qu'on ne trouve au marché ni volaille, ni poisson, tu te mis à rire d'un air moqueur, en disant qu'une ville frugale doit se contenter de pain, de vin et d'huile : manger de la viande, c'est déjà faire le délicat; mais demander du poisson et de la volaille, c'est un raffinement, c'est un excès inconnu même aux prétendants de Pénélope. Ainsi, prendre plaisir à manger de la viande de porc ou de mouton, parce que toi, tu te nourris de légumes, tu crois devoir le défendre, et tu te figures donner des lois à des Thraces, tes compatriotes, ou à de stupides Gaulois, qui ont fait de toi, pour notre malheur, un homme de chêne, d'érable, non pas toutefois un héros de Marathon, mais une moitié d'Acharnien (38), un être désagréable et odieux à tous les hommes. Ne valait-il pas mieux exhaler tes parfums sur l'agora dans tes promenades, avec une avant-garde de jolis garçons, fixant sur eux les regards des citoyens, et une escorte de femmes, comme on en voit chez nous chaque jour?
pas mal
mais l'histoire de l'Empire se limite-t-elle à la Syrie du milieu du IVè siècle ?
Est il légitime de généraliser à partir d'un cas particulier ? qu'est-ce qui permet de penser que cet épisode serait banal - ou au contraire ne le serait pas ?