Durant la crise des années 30, c’est bien la continuité, et non la mise en place, d’un socialisme municipal à Limoges. Les ouvrages écrits par Philippe Grandcoing et Vincent Brousse, aux éditions des ardents, sur l’histoire de la mémoire ouvrière à Limoges, et plus globalement dans le Limousin, constituent une mine d’information sur le sujet. Le dernier en date cité par Oreste « 1936 Le Front Populaire en Limousin » ne fait pas exception à la règle. Il serait intéressant de savoir dans quelles proportions ce système « d’aide locale » a été en place durant les années trente.
Pour en revenir au cas Limougeaud, historiquement et culturellement ouvrier, le Limoges du XIXème et du début XXème est fortement industrialisé avec notamment des manufactures porcelaines (Haviland, Bernardaud,Royal….) de chaussures (Heyraud)… Ces industries sont énormément pourvoyeuses d’emplois, pour l’industrie de la porcelaine on dénombre en 1880 30 à 35 fabriques pour 10 500 ouvriers en 1894 et pour l’industrie de la chaussure dont l’apogée se situe entre 1914 – 1918, où le conflit mondial gonfle les carnets de commande par la suite, on dénombre, en 1920, environ 70 fabriques pour pratiquement 8000 ouvriers. D’autres industries animent la vie économique (Imprimerie, brasserie, petite métallurgie…)
La crise de 1929 entraîne une désindustrialisation progressive de la ville et de ses environs.
Concernant Limoges, le développement du socialisme municipal et davantage lié à la sociologie urbaine de la ville qu’à la crise de 1929. En effet « la plupart des ouvriers apportent leur soutien dont ils attendent la protection des petits contre les gros, des réformes sociales, la fin des féodalités financières et industrielles… » (Cf Un siècle militant / Vincent Brousse, Philippe Grandcoing).
En fait le développement du socialisme municipal répond davantage à des cycles politiques locaux. Pour Limoges, le développement d’une politique de socialisme municipal s’observe dès 1895, sous la municipalité d’Emile Labussière dont l’appartenance à un Radical Socialisme ouvert à la cause ouvrière n’empêchera pas l’essor du mouvement syndical et la reprise des grèves.
Sous la municipalité Labussière, ce socialisme municipal se traduit par une intense activité comprenant 1800 projets et la rédaction de 1600 rapports en quatre ans (Source : Le Département Rouge : République socialisme et communisme en Haute Vienne – Dominique Danthieux) Certains projets visent à accompagner les transformations du cadre urbain mais d’autres s’inscrivent davantage au sein d’une démarche d’aide et d’assistance. Comme les faveurs accordées aux organisations ouvrières (Subvention de la bourse du travail à hauteur de 13 300 Francs en 1899 / versement de 12 000 Francs aux caisses ouvrières du chômage) où le renforcement d’une politique sociale en subventionnant écoles et crèches au profit des plus démunis.
Pour les historiens locaux le socialisme municipal de Labussière, en s’efforçant d’intégrer davantage les ouvriers à la vie politique municipale, leur donne aussi les moyens de développer leur combativité et leur identité.
Cette politique s’interrompt, suite aux violents évènements de 1905 s’accompagnant d’une radicalisation du mouvement ouvrier, avec les municipalités plus modérées de Chénieux et Dantony. L’élection du SFIO Léon Betoulle en 1912 jusqu’en 1956, (avec une parenthèse entre 1941 et 1947) consacre une réorientation du socialisme municipale en essayant de faire oublier l’ancien temps d’une action ouvrière trop radicale. Le congrès de Tours étant passé par là, les actions sociales de la municipalité sont moins dogmatiques et moins anticléricales mais nettement plus pragmatiques. Avec par exemple en période de crise (de 1929 à 1931) la construction des premiers immeubles de la Cité des Coutures dotée de 540 logements. Elle poursuit la logique des cités ouvrières débutée en 1921 avec la cité Jardin Beaublanc.
Pendant l’entre-deux guerres l’action sociale, menée par différentes municipalités, permettant le versement d’indemnisation chômage est due à la mise en place, par l’Etat, d’un « Fonds national de chômage ». En revanche je ne saurai dire si le versement de ces aides, à l’échelon local, étaient discrétionnaires ou soumis à un contrôle étroit de l’Etat.
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