Robert Spierre a écrit :
Faget a écrit :
Le chef, mais à quel niveau ? Car les exemples de colonels mort au milieu de leurs hommes ne manquent pas, jusqu'à l'Algérie incluse. Pour les généraux c'est beaucoup moins dans le courant de ce siècle.
Celui d'un ''Etat'', d'une tribu etc. soit le chef absolu, le numero 1, d'ou mes exemples (Alexandre, Cesar etc.).
Le second niveau, celui auquel réponds partiellement Faget concerne plus précisément la chose militaire. Les premières tactiques de l'Antiquité semblent être relativement simples : on prend un maximum de combattants, on les regroupe et on fonce vers l'ennemi en criant. Le combat étant, en fait, une somme de combats individuels ... Mais, assez vite les armées se professionnalisent et l'on voit apparaitre des corps spécialisés qui vont se subdiviser en cavalerie lourde, cavalerie légère, infanterie lourde, infanterie légère. Chacune se voyant attribuer une mission spécifique sur le champ de bataille : choc, artillerie, reconnaissance, capacité de porter le combat en divers endroits du champ de bataille.
On voit donc apparaitre des officiers capables de former, préparer, encadrer ces unités plus ou moins spécialisées. A ces époques, le général (qu'il soit le roi, le pharaon, l'empereur ou un général) dispose ses armées avant le combat, puis une fois que l'assaut est lancé... il ne peut plus influer sur le cours des combats. Donc, il peut se permettre de participer à la mêlée, sa tâche d’ordonnateur de la bataille étant terminé. Mais, dans certains cas, on se rend compte que la vue de quelques personnes qui arrivent à percevoir qu'il y a une faiblesse à exploiter dans le dispositif ennemi et à y entraîner des troupes adaptées peut modifier favorablement le cours de la bataille. Deuxièmement, il arrive parfois que l'on a trop de troupes pour l'ensemble du champ de bataille. Du coup, maintenir des réserves et les envoyer au combat au moment adéquat est intéressant pour influer sur le cours de la bataille. Bref, les tactiques se complexifient et il y entre même des éléments de stratégie ou de ce que l'on appelle maintenant l'opératoire. On commence à comprendre qu'un général, avec un État-major destiné à transmettre ses ordres et à centraliser les renseignements provenant de l'avant, mais aussi de la cavalerie légère qui fait de l'éclairage autour du champ de bataille peut influer sur le cour de la bataille. Il peut optimiser l'utilisation des combattants.
A ce moment-là la place du général va changer. On ne va plus lui demander d'être le leader qui se situe à l'avant et entraîne ses troupes, mais d'être le pilote qui se place à l'arrière et qui ayant une vision synthétique est capable de prendre les bonnes décisions au bon moment. Dans un premier temps, seul le commandement suprême des batailles est mis à l'arrière; le colonel commandant un régiment de cavalerie ou d'infanterie, lors des grandes batailles se trouve souvent en première ligne, puisque son rôle est de transformer les ordres provenant de l'arrière en consignes simples adaptées au contexte opérationnel immédiat. Quand le général commandant la bataille ordonne à tel régiment de se disposer en carré, le commandement local de ce régiment est sur place pour organiser cette manœuvre et indiquer l'endroit exact autour duquel le mouvement va s'organiser. Ensuite, les officiers subalternes se chargent de faire manœuvrer leurs troupes sous les ordres des sous-officiers.
Mais, les missions de coordination se complexifiant avec l’introduction de diverses technologies concernant la logistique et les transmissions, des corps spécialisés naissent dans les diverses unités, et il faut coordonner tout cela. Bref, le commandement supérieur des unités va avoir de plus en plus tendance à se retirer lui aussi vers l'arrière. Le but d'un colonel de l'infanterie pendant la PGM n'est plus d'entraîner ses pelotons en étant à la pointe de ceux-ci, mais d'assurer la logistique qui va permettre aux combattants de ses sous-unités de combattre dans les meilleures conditions possibles. En fait, dans ce contexte de combat, il est devenu plus utile à l'arrière qu'à l'avant. Plus utile pour ses hommes, mais aussi pour la conduite des opérations. Certaines des remarques formulées plus haut semblent montrer qu'un certain nombre des intervenants ont toujours une vision romantique de la guerre. La place d'un chef est là où elle est la plus utile au moment donné en fonction des modes de combat de l'époque considérée. Il y a eût une époque où on a pu estimer que le rôle du chef était d'être le leader de ses troupes, il se devait d'être à l'extrême-avant, les troupes qu'il commandait le suivant et s'inspirant de son exemple.
Actuellement, le combat a changé et le rôle du chef à évolué. On lui demande d'organiser ses troupes, d'organiser la confrontation, de faire en sorte que ses services subalternes fonctionnent le mieux possible. EN fait, un bon chef, un très bon chef pourrait se permettre d'être absent lors de la confrontation, puisqu'il aurait mis les bonnes personnes aux bons endroits... Mais, il vaut mieux qu'il soit présent, car l'usure de la guerre demande des prises de décisions qu'il n'est pas toujours possible de déléguer à des subalternes qui n'ont pas la vision d'ensemble du champ de bataille