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Je suis totalement ignorante du contexte.
Je sors simplement de certains sujets : guerre de 7 ans, de SA, conférence de Wannsee et de mon côté je planche sur une biographie de Bismarck et Bismarck : de la Prusse à l'Allemagne, j'ai tâté de l'Empire, de la Révolution, de ce que l'on nomme diplomatie officielle alors qu'il en existe une officieuse, d'actes barbares mais dont on trouvera -avec moins que l'analogie- à démontrer que parfois des coupes sombres au sein d'une armée sont salutaires pour sauver ce qui peut l'être etc.
Je retiens qu'il peut exister des volontés d'actes graves qui ne sont pas transcrites, des volontés de se montrer l'agressé lorsque l'on est l'agresseur en sous main, d'estimer que le contexte exige que... parce-que tout de même c'est déjà bien bon d'apporter la civilisation si en plus les
animaux de cette contrée se montrent rétifs et bien on veut bien être civilisé mais il y a des limites, d'autant que les voisins ne semblent pas non plus trop s'embarrasser d'empathie...
Je me souviens aussi que dans une émission sur la WW1, des sanctions avaient été demandées à l'encontre de Guillaume II. Ce fut sans effet car il était évident qu'à un moment, lui-même avait été dépassé par son entourage belliciste.
Je songe aussi au choix de Tureau, au contexte vendéen, à un Tureau antérieur à cette mission qui ma foi avait fait du bon travail sans tomber dans les excès qui lui seront reprochés en Vendée par ceux-là même qui l'avaient envoyé, au contexte du moment, à la récurrence des discours montrant les Vendéens comme autant de non patriotes créant un Etat dans l'Etat et exterminant les belles idées tout en bouffant du bleu ce qui obligeait à mettre un terme à tout ceci dans des temps record etc.
Se pourrait-il que le choix de von Trotha ne soit pas innocent ? J'appuie ma question avec un exemple : le choix de Bugeaud ne fut pas innocent, ancien de la campagne d'Espagne, il renouvellera -avec la connaissance de ce style de conflit et de terrain- les mêmes méthodes ; en Espagne, les plus résistants et aussi les plus lucides devant ce sale conflit étaient souvent des anciens ayant participé au problème vendéen.
L'analogie est toujours bancale -deux cas ne sont jamais similaires en tout- mais c'est une méthode.
Chacun devait avoir fait le tour de l'homme et pointé ses récurrences : c'était le type
ad hoc pour une besogne pas très glorieuse mais inévitable et il ne donnerait pas dans la demi-mesure et les états d'âme. Au contraire, ses initiatives dans le domaine n'attendaient pas les ordres. Un homme dont l'esprit ne s'embarrasse pas de questionnement mais dont les actions avaient été couronnées de succès vu que les seuls à pouvoir émettre quelques doutes quant à la forme étaient au fond...
Ce genre de choix pour une telle besogne : au départ pacifier semble-t-il quelques irréductibles, est évoqué en réunion, en comité, que sais-je ? Il est rare cependant de laisser par écrit des intentions qui ne sont pas très ragoûtantes comme -après tout, le but est le bien de l'Etat et la fin justifie les moyens- si Trotha pouvait agir comme il en a l'habitude, la question serait vite réglée. On pourrait y voir de la realpolitik étirée, voire de la weltpolitik pourquoi pas, personne ne songe à mettre de bornes dans ce qui se comprend sans trop s'exprimer.
Avec un profil d'homme tel Trotha on ne risque pas de faire erreur car ces hommes agissent toujours de la même manière...
Ils ne connaissent que cette manière bien souvent.
Se pourrait-il alors que sans le crier sous les toits Trotha ait été envoyé avec une grande latitude d'action (ce qui n'est pas condamnable en soit) afin qu'il puisse donner toute l'étendue de son savoir faire (ce qui là encore n'est pas condamnable) ?
Ensuite il s'agit de regarder les actions antérieures du bonhomme et combien de temps il faut à ses méthodes pour donner déjà une bonne cueillette (rien de répréhensible à ceci, c'est le travail d'un supérieur ; Arendt classe ceci dans la bureaucratie médiocre : médiocre mais consciente et responsable).
On présente ceci bien emballé, on laisse faire et lorsque des retours sons commencent à être un peu prégnants, on le rappelle.
Bien sûr, on ne pouvait pas deviner un tel déchaînement sur cette tribu mais on ne pouvait pas non plus ignorer que face à une rébellion, les actes de Trotha allaient donner toute leur amplitude.
Tout ceci peut être fait sans aucun compte rendu qui laisse deviner la finalité.
Maintenant ce n'est qu'une question.
Bien sûr je m'attends à ce que cette question soit estimée tordue mais je puis assurer que pour le côté tordu (j'ai des exemples
) -on dira pragmatique pour les gouvernants- est souvent de mise au court de l'Histoire.
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