Elzevir a écrit :
Le name dropping des suicidés pourrait finir par faire oublier que la plupart des survivants n'ont pas mis fin à leurs jours. La plupart on avancé avec leurs souvenirs douloureux. La question de Pouzet portait justement sur ceux, l'écrasante majorité, qui ont sinon surmonté le traumatisme, tout au moins appris à vivre avec. Un élément à prendre en compte, tout au moins chez ceux qui ont vécu l'expérience concentrationnaire, c'est que leurs stratégies de survie dans le camp a sans doute conditionné les années qui ont suivi leur libération.
Rudolf Vrba, que la plupart des intervenants connaissent sans doute bien, a vécu deux ans l'enfer d'Auschwitz. Il s'évada en 44, se joignit ensuite au combat aux côtés des partisans tchécoslovaques. Après la guerre, il fit une brillante carrière universitaire, enseigna, publia, à la fois comme chercheur dans sa branche et comme témoin de la Shoah. Il s'est marié, a eu des enfants. Pour autant que je sache, il n'a pas passé sa vie sous antidépresseurs. La lecture de ses mémoires, il y a un petit moment tout de même, m'a laissée l'impression d'un homme stable et lucide. C'est un exemple de survivant qui a surmonté son épreuve par l'action. Rudolf Vrba n'était sans doute pas un naufragé ; ou alors un Robinson qui a prit sa situation à bras le corps et a surmonté le souvenir débilitant de la tragédie qu'il avait vécue.
Dans les situations difficiles, et c'est peu dire qu'être confronté à l'univers concentrationnaire nazi est une situation difficile, plus on est "moteur", plus le taux de survie semble élevé. Quand on se laisse aller, on survit plus difficilement. Quand on écoute les nombreux témoignages des survivants, il sont été de 2 types, soit des gens qui ont tout fait pour survivre, soit des jeunes qui ont été aidés par des plus anciens qui estimaient injuste que ces jeunes ne survivent pas.