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Aigle a écrit :
... les idées de Lucien qui, au contraire, est réputé pour ses liens d'amitiés avec les milieux monarchistes catholiques (Fontanes, Bonald ... et bien sûr Châteaubriand). N'oubliez pas qu'il s'est exilé à Rome pour se placer sous la protection du Pape ...pas très républicain tout cela ...
C'est pour cela que je ne vois guère de cohérence dans son action ni dans ses idées ...
Montesquieu, plein d'admiration pour les régimes antiques et en tant qu'humaniste est dit avoir l'esprit républicain (Cf. : du principe de la démocratie), de là à être révolutionnaire...
Les idées d'un homme évoluent avec l'âge, la carrière, la "Fortune" ; les hommes ont aussi la chance de pouvoir être autre chose que monolithique ou binaires. Ce qui semble cohérent à l'un peut aussi bien être un mauvais choix tactique pour le voisin et bien souvent les hommes aux idéaux purs et durs n'ont pas de déroulement de carrière.
Si Lucien a été proche de Fontanes, c'est pour la plume de celui-ci. Il a aussi été proche de Chateaubriand car très assidu (une grosse tocade) pour Mme de Récamier dont il squattait les salons (alors que tous deux fussent mariés). Il a même été jusqu'à l'abreuver de missives amoureuses que la belle a largement partagé avec son entourage pour mieux en rire. Là encore, Lucien a assumé : oui, il était amoureux et ses lettres sont celles d'un amoureux aussi, il ne faut pas y chercher quelque chose de raisonnable, pas plus qu'une prose destinée à la postérité.
Lucien était "proche" de Lord Byron. La proximité ? Le traducteur de Lucien était un ami de Byron... Il faut donc parfois étudier les liens que l'on annonce comme des proximités qui tendent à montrer que et qui -au final- ne montrent rien de bien solide.
Lucien Bonaparte est comme tous les hommes de son époque (la RF), il évolue selon ses opportunités. Pourtant une ligne ne change pas : il ne devra aucun titre à son frère, celui-ci restera toujours son débiteur d'un moment, même si ce moment a été certainement exagéré, il n'en reste pas moins "LE" moment ; le seul aussi où l'on peut constater que le charisme de Bonaparte est un peu mis à mal et l'affaire rattrapée par celui qui semble le moins "adaptable"... pour un régime autoritaire très certainement.
Dans cette famille où les unions sont aussi vite faites que défaites selon les besoins, Lucien garde le cap : l'union est -pour l'église- un pilier semble-t-il. Là encore, il s'est démarqué et ne pouvait -par ses choix- que plaire à Rome.
Que Lucien ait eu l'esprit jacobin, pourquoi pas ? NB a bien vu Rousseau comme le
nec plus ultra et Augustin R. comme une personne très fréquentable. Comme quoi, les idées changent selon les moments et les personnes à courtiser.
Lucien n'a pas l'âge requit et pourtant est élu puis devient président. Il ne doit ceci qu'à son propre tissu relationnel : il a donc fallu qu'il soit diablement convaincant et personne n'est plus convaincant que lorsque l'idée prêchée est aussi sienne. Si NB fait la grimace lors de la publication de Lucien, c'est un peu oublier "le souper de Beaucaire" au talent bien moindre.
Trop tôt et un risque, et bien non ! Ce n'était nullement trop tôt car l'idée était déjà chez beaucoup quant au tournant que prendrait l'affaire. D'ailleurs les choix étaient-ils si nombreux ?
Pour Rome : où échapper à la vindicte de son aîné tout ayant une protection non négociable ? Chez les ennemis ou près d'un personnage dont l'autorité fait encore loi, les humiliations épargnées à son épouse et des titres à donner.
Ce sera le pape pour la protection et le titre (je crois que la demande vient de Lucien mais je n'en suis pas certaine : il y eut deux titres), les Anglais pour son côté écrivain qui veut être publié (à ce moment, il s'agissait d'une pièce de théâtre).
Le pragmatisme semble être familial chez les Bonaparte.
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