Remontons à l'étage, et avançons de plusieurs décennies, avec le cabinet de toilette d'Eugénie, à la suite de son cabinet de travail, et jouxtant sa chambre. Cette pièce était la dernière pièce de l'appartement de l'impératrice avant la création de l'enfilade des nouveaux appartements par Lefuel. Elle a été créée en 1853-4 en même temps que la chambre de l'impératrice, à l'emplacement du billard de Louis Philippe, cloisonné pour former le cabinet de toilette, l'escalier et les atours de l'impératrice
Plan de l'appartement, état 1854-1860
Servi par des documents abondants (plan, vue en coupe, mémoire de restauration en 1857), j'ai réalisé l'état 1854 du cabinet, globalement achevé mais il y aura des détails à reprendre.
Le décor se rapproche beaucoup du décor des salons de Saint Cloud. La pièce est rythmée par 8 pilastres ornés d'entrelacs dorés (modèle ici : cabinet doré de la reine à Versailles), 2 sur chaque mur.
Vue depuis la porte de la chambre de l'impératrice
Au centre des longs côtés, une grande fenêtre à laquelle fait face une fausse fenêtre de glace (dont le miroir en deux parties est changé en 1857). Aux extrémités du mur de la fenêtre, deux arcades correspondant à droite à une niche de la façade percée sous le Premier Empire et devenue une fenêtre, et à gauche une arcade feinte en miroirs (qui est semble-t-il percée en 1866). Entre ces fenêtres vraies et fausse, un lambris sculpté pour lequel le mémoire du doreur ne donne malheureusement pas de précision, ici c'est un montage de panneaux du cabinet de garde de robe de Louis XVI à Versailles.
En face, encadrant la fenêtre, et au dessus d'un bas lambris, deux panneaux de tenture décrits dans l'inventaire de 1855 "deux panneaux de tenture en damas de soie bleue claire encadré de bordure de soie bleue et blanche, haut 2,85, largeur 1,70", qui correspondent exactement aux dimensions du dessin du mur du fond mis à l'échelle.
A gauche de la fausse fenêtre, une porte dissimulée dans la tenture qui donne sur l'escalier particulier et les atours (que je compte réaliser aussi!)
Sur les petits côtés, la structure est symétrique : côté fenêtre, une porte à double battants, surmontée d'un panneau sculpté dont nous avons le détail de la décoration ("L’ornement composé de la rosace du milieu (...), 8 feuilles(...), 12 faces de feuilles d’eau (...) la couronne composée de 16 paquets de feuilles de laurier (...) 2 rinceaux sur les côtés, (...) 2 enroulements avec feuille d’acanthe (...), une seconde feuille d’acanthe de 0,12, tiges, fleurons… 2 grands culots ensuite avec feuille d’acanthe (...) retroussis, palmettes, tiges (...) Puis branches de palmettes ". Ici un montage à partir d'un motif du cabinet de garde de robe de Louis XVI à Versailles.
La porte du mur de la baignoire s'ouvre par le battant de gauche sur les "closets" de l'impératrice, éclairés par une petite fenêtre donnant sur une niche de la façade.
Vers l'intérieur, encadré par deux pilastres, un grand cadre sculpté "de feuilles et graines de lauriers de 11,85 sur 0,12 " qui encadre le miroir de la cheminée (en marbre vert de mer, vestige de l'état Louis Philippe de la pièce) et la niche rectangulaire de la baignoire, assez large et profonde (1,17 m sur 1,57 m ). Elle est garnie de miroirs. Les deux sont en forte saillie (75 cm) par rapport au mur de la porte
La partie supérieure est assez complexe et pas évidente à reconstituer. Une grande frise au deux tiers de la hauteur est constituée de panneaux de lambris décorés de grecques alternant avec des rosaces sur les pilastres. La partie supérieure semble en deux parties : une partie plate sur le mur du fond et des voussures au dessus des portes et des fenêtres, avec un décor peut être peint en 1854, et qui en 1857 est constitué de grosses guirlandes de fleurs et de fruits. Une moulure rectangulaire ferme le plafond, que je n'ai pas encore reconstitué
La suite, ce sera l'état 1857 du cabinet!