Aigle a écrit :
Mais surtout le programme prévoyait explicitement que le cours devait "faire chérir" la constitution française (donc la royauté d'ancien régime ...). Or il me vient une question : si le droit public n'etait pas enseigné en faculté, il était finalement prévisible que les juristes , uniquement formés à la lecture de Montesquieu et Rousseau, en viennent à la détester...alors que le jeune Bonaparte (qui lira plus tard Rousseau) avait du garder en mémoire les arguments qui lui avaient été exposés en faveur et la monarchie ...il allait s'en souvenir en 1804 ...
Je me suis demandé moi aussi dans quel établissement on pouvait apprendre le droit public et, plus largement tout ce qu'il est nécessaire de connaître pour tenir un emploi de haut niveau. A la faculté de droit de Pau n'étaient enseignés que le droit canonique, le code de Justinien et les Novelles, le Digest et le droit français, le droit français étant les coutumes de droit civil. Je suppose qu'il en était de même dans toutes les facultés.
Je pense qu'on apprenait beaucoup sur le tas après avoir suivi des études générales qui n'avaient pas forcément atteint un très haut niveau, comme l'avait fait Jean-baptiste Colbert par exemple qui avait suivi le parcours suivant :
- études dans un collège tenu par des Jésuites,
- emploi auprès d'un banquier à Saint-Etienne,
- emploi chez un notaire parisien,
- emploi auprès du premier commis du département de la guerre qui était son cousin,
- titulaire de la charge de commissaire ordinaire des guerres achetée par son père,
- secrétaire privé de Michel Le Tellier,
- secrétaire gestionnaire de la fortune de Mazarin.
Un parcours brillant était possible à partir d'un niveau d'études modeste mais à condition de disposer d'une certaine fortune, de pouvoir se faire des relations et de disposer de facultés d'adaptation ainsi que d'une certaine puissance de travail.
La lecture de Rousseau n'amène pas à chérir la monarchie, mais celle de Montesquieu est plutôt favorable au despotisme éclairé. Montesquieu est plutôt monarchiste. Il ne rejette pas la démocratie, mais il n'y croit guère. Pour lui c'est un système fragile qui se corrompt facilement et tourne vite à la tyrannie.
Bonaparte quelles qu'aient pu être ses lectures, n'avait rien d'un rebelle ni d'un révolutionnaire. Il avait le sens de l'Etat et une ambition démesurée. Sous la monarchie, il aurait probablement servi l'Etat en servant le roi et se serait probablement fait distinguer par sa puissance de travail et ses remarquables talents d'administrateur. Sous les différents gouvernements révolutionnaires, il a servi l'Etat, a su se faire remarquer et satisfaire ses ambitions. Les nouvelles institutions ne pouvaient que convenir par leur rationalité à cet esprit pratique.