Pouzet a écrit :
Permettez-moi de poser une question sur le naufrage du Titanic...
J'ai lu quelque part que lors du sauvetage des passagers il avait été fait un tri parmi les nationalités présentes.
Ainsi on aurait sauver en premier lieu les anglo-saxons et en dernier les latins (dont les français).
Info ou intox ????
Je n'ai pas relu tout le fil mais je suis surpris que cet aspect n'ait pas été abordé.
A ce sujet (et pour toute l'histoire du Titanic) il faut lire Philippe Masson. Longtemps historien maritime, avant de s'intéresser à la SGM.
Tout d'abord,non, il n'a pas été fait de tri parmi les nationalités.
Si la première classe était composée en grande partie d'anglo-saxons riches, en revanche seconde et surtout troisième classe étaient un mix de dizaines de nationalités, dont une bonne part d'émigrants, des pauvres de tous les pays qui venaient tenter leur chance en Amérique. Un tri par nationalités aurait été impraticables... sans compter qu'il aurait déclenché une émeute : "Les Italiens à gauche, les Irlandais à droite", vous imaginez ?
Il y a aussi l'image qui court, des 3e classes qu'on empêche de monter sur le pont. (C'est repris dans le film.) Je ne me souviens plus de ce qu'en dit Masson, mais c'est à prendre avec des pincettes :
- en réalité une bonne partie des 3e classes étaient des émigrants d'Europe centrale qui ignoraient tout de la mer et des naufrages. Ils ont encombré les coursives en emportant tous leurs bagages. Il est exact que des stewards ont pris sur eux de les faire attendre en leur demandant de laisser leur bagages.
- il est exact aussi qu'on a fait embarquer d'abord la 1ère classe. Femmes et enfants uniquement. Les hommes de la 1ère classe, les "happy few" ont su montrer qu'ils savaient mourir.
- Philippe Masson relève que parmi les survivants de la 3e classe il y a bon nombre de jeunes scandinaves, très au fait des choses de la mer, et qui ont compris rapidement qu'il fallait tout laisser et gagner un canot à toute force.
- Il indique aussi que la catégorie, et c'est un scandale, qui a la plus haute proportion de survivants, ce sont... les membres d'équipage.
Il y a un cas, épouvantable, de discrimination nationale : en 1ère classe se trouvait "le restaurant français", établissement de luxe où on pouvait aller s'offrir un repas chic. Dès le début de l'évacuation, le personnel de cuisine a été enfermé dans une arrière salle du restaurant, de crainte que ces Français, race indisciplinée et anarchique au yeux des Anglos saxons, ne créent de la panique.
(il faudra la Grande Guerre pour que ce préjugé anti-français disparaisse.)
Et donc, aucun survivant parmi ces 20 personnes.