Barbetorte a écrit :
Les dirigeants du FLN, beaucoup marxistes qu'islamistes, était dans un état d'esprit voisin.
Je me permets de corriger : les membres fondateurs du FLN, futurs chefs de Wilayas, ceux qui ont déclenché les premiers attentats en 54, en bref que que Yves Courrière appelle joliment "les fils de la Toussaint", n'étaient absolument pas marxistes.
Au contraire, ils s'en méfiaient comme de la peste, et d'abord parce que le communisme est athée. Ce n'était pas leur culture.
Et tout au long de la guerre, des gens comme Belkacem Krim - pour la Kabylie - ou Ben Bella (j'en prends deux au hasard) on toujours envisagé un futur de l'Algérie dans une économie liée à celle de la France, conscients que l'Algérie n'avait pas de techniciens, cadres techniques ou administratifs, d'ingénieurs, pétroliers en particulier, pour se passer d'une bonne relation avec la France et même pour se passer des Pieds-Noirs. Et cela même au pire des combats et des massacres.
L'idée d'adopter une économie socialiste - qui semblait faire des miracles - et de se lier à l'URSS est venue de Boumedienne, chef d'état-major de l'ALN, stationnée - et bien armée - en Tunisie, mais à qui l'impossibilité de franchir le barrage laissait du temps pour penser. Il représentait donc une puissance à ne pas négliger, et il a intrigué politiquement pour entrer dans la direction collégiale du FLN.
Etape suivante : il a laissé Belkacem Krim et d'autres négocier les accords d'Evian, l'a accusé à son retour (Krim s'y attendait) d'avoir trop bradé à la France, et a mis de son côté plusieurs dirigeants convaincus à leur tour des bienfaits d'une économie socialiste qui pourrait se passer de la France.
On connaît la suite... coup d'état, guerre civile, dictature du FLN (et assassinat de Belkacem Krim qui avait pris l'exil...) et économie socialiste alliée à l'URSS.