Jerôme a écrit :
L'affaire est délicate. En pratique le dey d'Alger n'avait aucune autorité sur les beys de Tunis, Constantine et Oran qui lui étaient nominalement subordonnés.
C'est vrai. Constantine a été disputée entre les deys d'Alger et de Tunis et était en 1830 pratiquement indépendante. Oran, après avoir été sous domination espagnole fut annexée par le dey d'Alger avant de devenir elle aussi pratiquement indépendante. Par ailleurs, le père d'Abd el Kader était entré en rébellion contre le dey d'Alger et Abd el Kader aurait peut être fini par s'imposer sur les différentes chefferies si les Français n'étaient pas arrivés. Il n'y avait pas d'unité politique mais il y avait un ensemble de territoires présentant de nombreuses similarités de sorte qu'on ne peut dire qu'avant 1830 l'Algérie n'existait pas.
Jerôme a écrit :
En outre les écoles primaires dont parle Tocqueville sont elles de véritables écoles primaires ou de simples écoles coraniques comparables au catéchisme catholique français ? parce que dans ce cas 99% des petits français étaient scolarisés ! On doutera accessoirement de l'impartialité de Tocqueville.
Le niveau devait être assez bas. Cependant 1 300 enfants suivant un enseignement primaire et 600 élèves suivant un enseignement secondaire ou supérieur, c'est beaucoup pour une ville de 30 000 habitants. Cela met au moins en évidence que savoir lire et écrire n'était pas chose rare tout au moins dans les villes. A titre de comparaison, le recensement de 1866 en France fait apparaître que 54% des hommes et 45% des hommes savaient lire et écrire tandis que 36% des hommes et 43% des femmes ne savaient ni lire ni écrire.
Faget a écrit :
Déjà qu'en France on se base sur ceux qui étaient capable de signer des actes de leur nom, sauf erreur de ma part.
Curieusement, des recherches ont montré la validité de ce critère :
https://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1974_num_29_3_293505Sir Peter a écrit :
Il me semble bien qu'à un moment Napoléon III avait envisagé d' adhèrer à la religion musulmane pour être reconnu aussi comme empereur des musulmans.
Cela a été dit, sans fondement, à propos de Napoléon I mais je n'ai rien entendu de tel à propos de Napoléon III. C'est invraisemblable. Il aurait peut-être ainsi gagné les Musulmans algériens, mais il aurait probablement perdu les citoyens français. Il est en revanche exact que Napoléon III s'est beaucoup intéressé au développement de l'Algérie et souhaitait des réformes au bénéfice de la population indigène. Mais il s'est heurté à de très vives oppositions.
Jerôme a écrit :
Certes mais il était très hostile à la façon dont cette colonisation était effectuée sous Louis Philippe. Il n'est donc pas étonnant qu'il ait retenu des éléments à charge vrais ou faux contre les autorités en place. Dans mon souvenir, le sujet pour lui était surtout de savoir qui des militaires ou des civils étaient les mieux aptes à coloniser! Et ainsi de démontrer que les choix du gouvernement royal était mauvais.
Il était partisan de la manière forte et, de ce côté, il pouvait être satisfait. Il s'employait surtout à dénoncer des incohérences et appelait à plus de rationalité. Il se prononçait pour un gouvernement civil de l'Algérie et, de fait, l'administration a été confié à des civils dès que ce fut possible, très tôt dans l'Algérois. Les régions non encore pacifiées sont restées plus longtemps sous administration des militaires ce qui était tout à fait rationnel. Tocqueville n'était pas hostile à la politique de Louis-Philippe, il était critique sur les actions menées par les autorités sur place.
En citant le rapport d'un général mentionnant de nombreuses écoles à Constantine, il n'a pas retenu des éléments à charge, il a voulu montrer que l'Algérie n'était pas aussi arriérée qu'on pouvait le penser et qu'il fallait en tenir compte dans la politique de colonisation. Pour lui, les Algériens étaient à demi civilisés. Or, selon lui,
les peuples à demi civilisés comprennent malaisément la longanimité et l'indulgence, ils n'entendent bien que la justice. La justice exacte, mais rigoureuse, doit être notre seule règle de conduite vis-à-vis des indigènes quand ils se rendent coupables envers nous. Tocqueville appelait à un état de droit rigoureux et à se garder de l'arbitraire.