Merci Walsingham. c'est une facette annexe du sujet, je pense, qui touche au capitalisme et un peu au pré-capitalisme. D'ailleurs c'est amusant mais on ne retrouve aucun de mes livres (que-sais-je ? et autres) dans la bibliographie finale, peut-être parce que la période concernée touche plutôt le XIXe siècle et moins l'époque moderne, malgré quelques paragraphes sur le XVIIe et XVIIIe siècle.
Je continue sur des perpesctives grâce à quelques définitions : je vais citer des extraits du petit livre sur les gens de finance pour bien montrer que le terme «financier» a au XVIIIe siècle un sens bien précis :
G.Chaussinand-Nogaret, Gens de finance au XVIIIe siècle, p. 5-6 a écrit :
Necker , dans son livre célèbre, De l'Administration des finances de la France, les [les financiers] a définis d'une phrase : «On donne le nom de financiers, en France, aux différentes personnes qui sont chargées du recouvrement des revenus publics soit comme receveurs, soit comme fermiers, soit comme régisseurs ; et l'on comprend encore sous cette dénomination les trésoriers qui paient les dépenses de l'État, le banquiers de la cour qui remplissent le service des Affaires étrangères et les diverses personnes qui, moyennant un droit de commission, font des avances sur les rentrées plus ou moins régulières des impositions.» Tout manieur d'argent n'est donc pas financier. Seul mérite ce titre, sous l'Ancien régime, celui qui manipule les deniers publics, c'est-à-dire les finances du prince.
Mais on note un léger changement entre le XVIe-XVIIe siècle et le XVIIIe siècle :
idem, p.10 a écrit :
Dans le domaine financier, une équipe de capitalistes, d'officiers du roi, qui tiennent à la fois du fonctionnaire et de l'aventurier, personnage d'un type non pas nouveau, mais qui trouve alors son équilibre et sa maturité, prennent le relais des partisans, banquiers, affairistes de tout poil, auxquels Louis XIV avait livré son royaume pour assurer les besoins de sa trésorerie, financer ses armées, payer les opérations militaires et satisfaire les exigences de la diplomatie.
Et pour définir en quelques mots les caractères (originaux) de l'organisation financière française : (
)
idem, p.11 a écrit :
L'organisation financière du royaume de Louis XIV a progressé depuis Colbert sans se transformer radicalement. Le XVIIIe siècle, qui hérite les méthodes vieilles de plusieurs siècles partiellement rénovées, n'y apportera que des aménagements de détail et, malgré ses efforts et les idées louables de théoriciens peu écoutés, ne parviendra jamais à en réformer la totalité des abus.
idem, p. 15 a écrit :
Jusqu'en 1714, toute préoccupation financière est dominée par une priorité absolue : financer régulièrement les armées, les ravitailler, payer les traitements des officiers et le prêt des troupes, sous peine de voir les effectifs fondre et les régiments se décompose. Le roi, n'ayant aucune organisation de trésorerie capable de faire face à des besoins qui ne s'accommodaient d'aucun retard, passait des contrats avec des banquiers. Ceux-ci s'engageaient à faire des avances mensuelles et acceptaient des remboursements différés en exigeant, bien sûr, de gros intérêts. Ces banquiers étaient aussi des officiers de finance, comme Antoine et Pierre Crozat, que des spécialistes des affaires bancaires comme Hogguer.
Le problème financier des guerres reviendra aussi au XVIIIe siècle. Si je ne me trompe, souvenir d'un cours de Monsieur Butel, la construction d'un navire de guerre coûte environ 1 million de livres (tournois) vers 1760.
Je n'oublie pas la petite bibliographie qui sera succincte je vous rassure....
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«Κρέσσον πάντα θαρσέοντα ἥμισυ τῶν δεινῶν πάσκειν μᾶλλον ἢ πᾶν χρῆμα προδειμαίνοντα μηδαμὰ μηδὲν ποιέειν»
Xerxès,
in Hérodote,
L'Empereur n'avait pas à redouter qu'on ignorât qu'il régnait, il tenait plus encore à ce qu'on sût qu'il gouvernait[...].
Émile Ollivier, l'
Empire libéral.