Robert Spierre a écrit :
nico86 a écrit :
Sinon, concernant les armées napoléoniennes, je suis tombé là-dessus :
En étudiant le problème des chaussures, nous abordons l'une des grosses carences des armées napoléoniennes. Cet accessoire si banal a été consommé d'une manière colossale pendant dix années. En parcourant la correspondance de Napoléon, nous constatons que ce problème revient sans arrêt.
Une paire de chaussures est normalement conçue pour faire mille kilomètres, à condition d'être de bonne qualité, ce qui n'est pas le cas, loin s'en faut.
Les fournisseurs trichent en effet sur la qualité des fournitures. Les chaussures, qui pèsent seulement six cent onze grammes, sont de trois tailles : petites (200 à 300 mm), moyennes (230 à 270 mm) ou grandes (plus de 270 mm) ; elles sont en peau de veau ou de vache et la dernière semelle est en cuir de bœuf tanné ; les semelles sont garnies de clous de fer à raison de trente-six à quarante selon la taille de la chaussure. Elles sont attachées par un lacet en cuir qui passe dans deux trous sans œillet ; le bout des chaussures est de forme carrée ; ajoutons qu'il n'y a ni pied gauche ni pied droit, les marches façonnent les chaussures.
Pendant la guerre d'Espagne, les soldats qui ne reçoivent plus de chaussures se fabriquent des espèces de bottes avec de la peau de bœuf, les poils en dehors ; cette pratique est largement confirmée par Bussy et Pereuse dans leurs Mémoires.http://gdif.forumactif.com/t2251-les-chaussuresUn témoignage intéressant, celui de Chlapowski (Mémoires) :
« Nous avions pris les chaussures de l'armée française : au lieu de bottes, des souliers avec des guêtres bien serrées sur la jambe, pour empêcher le sang de descendre et d'enfler les pieds.
Il est vrai que si l’on marche dans la neige ou dans la boue, les souliers se mouillent très vite, mais le soir, dans les quartiers, au camp ou au bivouac, on les sèche beaucoup plus vite que les bottes, qui se mouillent d'ailleurs comme les souliers. Pendant qu'on fait sécher souliers, guêtres et bas, on en met d'autres séchés de la veille, car il est plus facile d'emporter deux paires de souliers que deux paires de bottes.
On a fait remarquer qu'il arrive facilement, dans une boue épaisse, de perdre ses souliers; mais cela n'arrive que si les guêtres sont mal faites; si elles sont bien ajustées, les souliers tiennent mieux que des bottes.
Le point essentiel pour l'infanterie, est d'avoir les jambes en bon état, et pour les conserver telles, il est bon de les frictionner avec de l'eau-de-vie le soir, quand on change de chaussures ; ces frictions empêchent le pied d'enfler, et en même temps préservent la peau des écorchures.
Nos soldats préfèrent se frotter les jambes et les pieds avec de la graisse, et enveloppent ces derniers avec des bandes de linge, au lieu de chaussettes. Cette manière de faire devrait être interdite aux soldats, car si ces bandes ne sont pas très bien ajustées sur le pied, elles le blessent facilement.
Chaque homme devrait avoir trois paires de chaussettes et les laver régulièrement. Je donne tous ces détails à propos des jambes du fantassin, car c'est d'elles que dépend la rapidité de la marche ; un général distingué n'a-t-il pas dit que la victoire est dans les jambes du soldat ? »