Je ne dispose que de l'Histoire de l'Alsace de François-Georges Dreyfus, plus succinct que les ouvrages ayant servi à la rédaction de l'article de wikipedia sur les évènements de novembre 1918 en Alsace.
S'il y eut des troubles, ils restèrent légers. On ne peut parler de situation insurrectionnelle. Effectivement, il y eut des tentatives révolutionnaires à l'instar de ce qui se passait au même moment en Allemagne, mais qui restèrent sans effet. Ce que dit wikipedia me semble juste :
Les Alsaciens, qui savent que déjà les Français sont en route, considèrent cette révolution comme une mascarade, une dernière bêtise venant s'ajouter à bon nombre d'autres. Dreyfus donne peu de détails sur l'éclosion d'éphémères instances révolutionnaires. Il mentionne des manifestes rouges placardés à Strasbourg, avant le 11 novembre, demandant que l'on reconnaisse la neutralité de l'Alsace dans le conflit :
Nous voulons être libérés de la dictature militaire [du Reich]
mais nous voulons aussi rester libres à l'égard de la France... L'Alsace-Lorraine aux Alsaciens-Lorrains et rien d'autre. Il mentionne aussi qu'une minorité de catholiques avaient exprimé une hostilité à une intégration dans un Etat laïque :
La France est un pays athée avait déclaré le curé de Rountzenheim, mais le chanoine Delsor, député de Metz au Reichstag lui répondit que la France était peut-être anti-cléricale mais que le
Kulturkampf avait été mené contre la catholique Alsace.
En fait la réintégration dans la France n'a pas soulevé d'oppositions sérieuses. Le conseil central des travailleurs et des soldats qui s'était installé à Strasbourg dans le même temps que le landtag, assemblée élue au suffrage universel, se constituait en Conseil National était très francophile. Le 15 novembre le gouvernement français prit un décret désignant trois commissaires devant s'installer respectivement à Strasbourg, Colmar et Metz chargés de l'administration civile, celui de Strasbourg devant assurer la coordination. Le Conseil National alsacien en prit acte en votant une déclaration saluant avec joie le retour de l'Alsace et de la Lorraine à la France.
Léonard59 a écrit :
Sauf erreur de ma part, par la suite, les Autorités militaires françaises demandèrent aux alsaciens-mosellans de fournir les papiers selon lesquels ils étaient bien démobilisés, ceux qui ne fournirent pas ces certificats se retrouvèrent jugés pour désertion de l'armée allemande par les français ...
Ces papiers devaient servir à faire valoir des droits financiers sur l'Etat allemand tels que paiements de soldes ou de pensions qui étaient garantis par le traité de Versailles. Déserter l'armée allemande n'enfreignait pas la loi française et les tribunaux français ne condamnent qu'au regard de la loi française. D'ailleurs, en Allemagne, les mutins de Kiel ont été amnistiés.