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Message Publié : 01 Sep 2005 9:47 
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Voilà un résumé de' deux articles, parus dans la revue "Historiens et Géographes", l'un de Christian Baechler et l'autre de Léon Strauss :

I. Le "malaise alsacien" :

"malaise alsacien" est une expression utilisée dès 1919 par la presse alsacienne pour exprimer la difficulté de la réintégration de l'Alsace à la France
Les deux articles distinguent trois causes essentielles : -le statut religieux et scolaire. (80% des Alsaciens signent la pétition en vue de maintenir le Concordat ).
-la langue (volonté du gouvernement français de faire du français, au plus tôt, la langue de l'administration, de la justice, de l'enseignement, etc, alors qu'il est connu d'environ 4% des Alsaciens).
-le cadre administratif (suppression du Statut d'autonomie de 1911, nomination d'un commissaire général en charge de l'Alsace-Lorraine, postes de hauts-fonctionnaires donnés quasi-systématiquements à des Français "de l'intérieur").

A celà, Christian Baechler ajoute :
-les problèmes psychologiques (commission de triage des Alsaciens et expulsions nombreuses).
-financiers (conversions des marks).
-économiques (modification des courants d'échange commerciaux).
-sociaux (modification des statuts).

Les mouvements de protestation (notamment la grève générale du 21 avril 1920) obligent Clémenceau à faire marche arrière sur un certain nombre de points.

II. essor du mouvement autonomiste (1925-1932)

Se dévellope sur le thème des Heimatrechte, et de la volonté d'acquérir une autonomie semblable à celle de 1911.
-Succès de la revue Zukunft, diffusée à 35 000 exemplaires dès 1926.
-Fondation du Heimatbund (7 juin 1926). Répression par l'Etat des signataires, ce qui provoque une série de manifestations.
-Fondation de deux partis, l'Elsässische fortschrittspartei et Das Neue Elsass.
-prise de contact avec les autonomistes Bretons et Corses.
Au début de la politique française de répression, il faut ajouter, la "bataille rangée" qui opposa le 26 août 1926, à Colmar, les militants de l'Action française aux amis de l'autonomiste Rossé.

III. la "crise" de 1928-29

la politique de répression menée par la France (interdiction de trois journaux autonomistes) à partir de 1927 déclenche l'expansion du mouvement autonomiste.
-1927-28 : série de perquisitions et d'arrestations qui débouche sur les procès de Colmar. Fashauer, Ricklin, Rossé et Schall, qui sont comdamnés à 1 an de prison et 5 ans de bannissement, sans que la preuve est été faite des accusations de "collusions avec l'Allemagne" qui pesait sur eux, ce qui indigne l'opinion alsacienne dans "sa grande majorité".
7 candidats autonomistes, dont 5 sont en, prison, se présentent aux élections, et recueillent 11% des suffrages. Se forme alors un Volksfront, qui s'élargit aux Communistes. Ce Volksfront gagne alors la Mairie de Strasbourg (Mourer), de Colmar(Rossé), de Saverne (Dahlet), de Altkirch (Ricklin) et emporte la majorité au conseil général du Bas-Rhin.
Le ralliement de l'UPR (Union Populaire Républicaine) permet aux autonomistes de dominer la politique alsacienne jusqu'en 1934-35.

IV.Le recul
le recul de l'autonomisme s'amorce avec l'augmentation de la menace de guerre avec l'Allemagne. Les autonomistes obtiennent cependant en 1936 17,7% dans le Haut-Rhin et 23,9% dans le Bas-Rhin. La question du Nazisme déchaîne les passions, les autonomistes convaincus le condamnant, tandis que d'autres se rallient à une politique de collaboration avec l'Allemagne, ce qui provoque l'implosion des partis autonomistes. c'est dans ce contexte que Karl Roos, accusé de "collusion avec l'ennemi" sans que cela aût été prouvé, est exécuté par le gouvernement français (les Nazis en profiteront pour récupérer le symbole de son exécution : place Kléber rebaptisée "Karl Roos Platz"). Le IIIè Reich connait un nombre fort restreint, voire quasi-inexistant de sympathisants (la Moselle sera, par exemple, parmi les derniers départements au niveau de la collaboration).


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Message Publié : 01 Sep 2005 10:55 
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Comment se fait-il que les autonomistes s'expriment en allemand plutôt qu'en alsacien. Je suppose que celui-ci devait être plus répandu que de nos jours.

Les mots que vous citez sont bien en allemand, ou c'est que je comprends l'alsacien écrit (je me débrouille avec celui des DNA),. Un autonomiste devrait s'exprimer dans la langue de la région qu'il défend, et non dans la langue de l'ennemi (supposé) allemand. Auquel cas ce ne sont plus des autonomistes.

Bref, un point mineur que j'aimerai comprendre.

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)


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Message Publié : 01 Sep 2005 13:53 
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Thucydide
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Jean-Marc Labat a écrit :
Comment se fait-il que les autonomistes s'expriment en allemand plutôt qu'en alsacien. Je suppose que celui-ci devait être plus répandu que de nos jours.

Les mots que vous citez sont bien en allemand, ou c'est que je comprends l'alsacien écrit (je me débrouille avec celui des DNA),. Un autonomiste devrait s'exprimer dans la langue de la région qu'il défend, et non dans la langue de l'ennemi (supposé) allemand. Auquel cas ce ne sont plus des autonomistes.

Bref, un point mineur que j'aimerai comprendre.


Je croyais que les Dernière Nouvelles d'Alsace étaient en version bilingue français/allemand et non en alsacien.

Cela n'a pas vraiment de sens à mon avis de distinguer une langue alsacienne de la langue allemande. Ce qu'on appelle "allemand" est la
forme écrite standard d'un ensemble de dialectes germaniques d'Allemagne, Autriche et Suisse, etc. Parmi ceux-ci vous avez les dialectes alémaniques parlés en Alsace mais aussi en Suisse et dans le Bade-Wurtemberg. L'alémanique y est la forme parlée et l'allemand est traditionnellement la forme écrite. Pour les générations actuelles formées en français, l'allemand devient une langue étrangère et ils ne ressentent plus de la même manière le lien entre alsacien et allemand alors que pour ceux qui ont été scolarisés en allemand comme les autonomistes des années 1920, l'allemand est simplement la forme écrite de leur langue natale.

La situation est plus ou moins la même pour la Corse où la langue est plus proche de l'italien standard que ne le sont le milanais ou le napolitain et où l'italien était jusqu'au XIXe siècle la langue écrite traditionnelle mais que les autonomistes actuels insistent pour voir comme une langue distincte.

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"L'Amérindien qui le premier a découvert Christophe Colomb a fait une bien fâcheuse découverte" (Lichtenberg)


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Message Publié : 01 Sep 2005 14:53 
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Hérodote
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Exactement, Yom. Le Hoch-Deutsch n'est de toute façon, à la base, qu'une langue écrite conçue pour que tous ceux qui parlent une langue germanique puissent la comprendre. Il n'y a , par exemple, quasiment aucun écrit en Platt ou en Luxembourgeois avant le XXème siècle. L'Alsacien était effectivement plus répandu qu'aujourd'hui (jusque dans les années 60, je crois, il reste la langue de 80% de la population), même s'il reste une des langues régionales les plus parlées.


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Message Publié : 01 Sep 2005 15:11 
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Philippe de Commines
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c'est dans ce contexte que Karl Roos, accusé de "collusion avec l'ennemi" sans que cela aût été prouvé, est exécuté par le gouvernement français (les Nazis en profiteront pour récupérer le symbole de son exécution : place Kléber rebaptisée "Karl Roos Platz").

En quelle année cette exécution ? N'est-ce pas le 7 février 1940 ? Je ne connais pas le dossier. Je me garderai donc d'en dire davantage...

Et contrairement à ce que vous annonciez, elle fut unique...


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Message Publié : 01 Sep 2005 15:46 
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Le "exécuté" dans ma phrase faisait référence à Karl Roos, les autres leaders autonomistes ayant été 1. jugés, 2. pour certains condamnés. 3.pour karl Roos (dont le cas est spécifique, je vous l'accorde) exécuté.
Cette exécution a effectivement eu lieu en février 40.

Le problème, pour l'histoire de l'autonomisme, c'est que nombre des sources qui auraient dûes être ouvertes au public ne le sont toujours pas.


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Message Publié : 01 Sep 2005 23:19 
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Yom a écrit :
Cela n'a pas vraiment de sens à mon avis de distinguer une langue alsacienne de la langue allemande. Ce qu'on appelle "allemand" est la
forme écrite standard d'un ensemble de dialectes germaniques d'Allemagne, Autriche et Suisse, etc. Parmi ceux-ci vous avez les dialectes alémaniques parlés en Alsace mais aussi en Suisse et dans le Bade-Wurtemberg. L'alémanique y est la forme parlée et l'allemand est traditionnellement la forme écrite. Pour les générations actuelles formées en français, l'allemand devient une langue étrangère et ils ne ressentent plus de la même manière le lien entre alsacien et allemand alors que pour ceux qui ont été scolarisés en allemand comme les autonomistes des années 1920, l'allemand est simplement la forme écrite de leur langue natale.


je pense qu'il s'agit de l'une des plus grosses conneries que j'ai lue depuis un moment. Les allemands ont réprimé l'usage de l'alsacien. Il y a une différence très nette entre l'alémanique et l'allemand (d'ailleurs, de plus en plus de suisses alémaniques demandent le changement de statut, ils disent que leur langue est l'alémanique et non l'allemand).
De nombreux dialectophones âgés se souvenaient des punitions qui leur étaient infligées par les instituteurs allemands quand ils étaient surpris à parler alsacien dans la cour d'école. Et leur surprise, quand leurs libérateurs français se mirent à appliquer les mêmes méthodes.
Je me rappelle d'un ancien du village ou j'ai vécu adolescent qui nous "serina" pendant une bonne heure que le vrai nom du village n'était ni Reiningue ou Reiningen, mais Reininguà !
Dans de nombreux articles de souvenirs parus dans la presse cette histoire de punition pour le fait de parler l'alsacien revient souvent, apparemment, elle a beaucoup frappé l'esprit des jeunes alsaciens qui eurent à les subir. Aussi bien de la part des allemands que des français !
Cette récrimination revient souvent dès que l'on parle des ces périodes !


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Message Publié : 01 Sep 2005 23:49 
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Hérodote
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Localisation : Diddenuewen / Stroosburi
Cette répression de l'Alsacien à l'époque allemande tient en fait au rejet des "dialectes", "patois" jugés inférieurs. Il en a été de même dans toute l'Allemagne, je crois bien. A l'époque, la volonté politique était d'unifier la langue en combattant les "Patois" (quoique cette politique ait été plus limitée qu'en France). D'où l'interdiction de parler Alsacien à l'école ou à l'armée... Cela n'empêche pas que le Hoch-Deutsch ait été la forme écrite standard de l'Alsacien, et que l'on écrivait pas en Alsacien. Les auteurs alsaciens eux-mêmes écrivaient en Allemand "standard" et ce , je serais tenté de dire, depuis Gottfried von Strassburg (même si le Hoch-Deutsch, à proprement parler, n'existait pas encore à cette époque). Le texte considéré comme le plus ancien du vieux haut allemand a d'ailleurs été rédigé en Alsace. Cela n'empêche pas, bien sûr, des différences d'exister entre l'Alsacien et l'Allemand standard, tout comme entre le Saxon, le Bavarrois ou le Platt et l'Alllemand Standard.


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Message Publié : 02 Sep 2005 0:10 
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Localisation : Alsace, Zillisheim
La littérature dialectale alsacienne inéxistante ? Mince, comment Auguste Wackenheim a-t-il fait pour en remplir 5 tomes ? Ce doit être un sacré filou pour remplir 5 livres avec du vide !
http://www3.fnac.com/item/author.do?id=41215&RNID=%2D13&SID=8872db22%2D03c3%2D6e1e%2D77f1%2D13171769031a&UID=1CEEB4F38%2D8D0C%2D7049%2DCFD2%2D0D5A5F5DA55D&AID=&Origin=FnacAff&OrderInSession=1&TTL=030920050054
L'alsacien s'écrit et même assez bien et pas seulement depuis quelques années.
http://www.oberlin.fr/Fichiers/livres_alsatiques.htm
Il existe même des livres en allemand, français et alsacien pour satisfaire tous les publics.
Quelques alsatiques: http://perso.wanadoo.fr/culture.alsace/interets.htm
Si vous ne parlez qu'allemand il me semble que certains textes devraient rester hermétiques à votre entendement. Pour beaucoup de dialectophones, assimiler l'allemand à une forme écrite de leur parler est assimilé à une insulte grave. certains prétendent que c'est comme prétendre que le français et l'italien soit deux manière d'écrire la même langue.


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Message Publié : 02 Sep 2005 10:39 
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Thucydide
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Inscription : 25 Fév 2005 15:51
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Narduccio a écrit :
Yom a écrit :
Cela n'a pas vraiment de sens à mon avis de distinguer une langue alsacienne de la langue allemande. Ce qu'on appelle "allemand" est la
forme écrite standard d'un ensemble de dialectes germaniques d'Allemagne, Autriche et Suisse, etc. Parmi ceux-ci vous avez les dialectes alémaniques parlés en Alsace mais aussi en Suisse et dans le Bade-Wurtemberg. L'alémanique y est la forme parlée et l'allemand est traditionnellement la forme écrite. Pour les générations actuelles formées en français, l'allemand devient une langue étrangère et ils ne ressentent plus de la même manière le lien entre alsacien et allemand alors que pour ceux qui ont été scolarisés en allemand comme les autonomistes des années 1920, l'allemand est simplement la forme écrite de leur langue natale.


je pense qu'il s'agit de l'une des plus grosses conneries que j'ai lue depuis un moment.

Une connerie que je suis loin d'être le seul ni le premier à dire...
Je n'ai pas inventé ce que j'ai dit, je l'ai lu chez des auteurs alsaciens.
Quelques exemples sur internet:
http://www.heimetsproch.org/2_associati ... ation0.htm
http://fers.elsass.free.fr/alsace/histo ... sjours.htm
http://www.aber.ac.uk/~merwww/francais/lang/gerals.htm

Citer :
Les allemands ont réprimé l'usage

Ce n'est en aucun cas contradictoire avec ce que j'ai dit.
Citer :
Il y a une différence très nette entre l'alémanique et l'allemand

Bien sûr qu'il y a une différence, mais c'est le cas aussi pour la plupart des dialectes allemands. Mais là n'est pas la question. Ce qui compte est surtout la perception par les locuteurs. Manifestement aujourd'hui ce n'est plus trop le cas, les alsaciens préférant insister sur les différences que sur les similitudes avec l'allemand.

Citer :
(d'ailleurs, de plus en plus de suisses alémaniques demandent le changement de statut, ils disent que leur langue est l'alémanique et non l'allemand).

De plus en plus peut-être mais toujours très minoritaires. J'habite en Suisse et je m'intéresse beaucoup aux langues, je n'en ai jamais entendu parler. A la rubrique "langue maternelle" des recensements, les suisses-allemands répondent sans problème "allemand" alors qu'ils ne sont que très peu en contact avec l'allemand standard avant l'âge de 7 ans.
Citer :
La littérature dialectale alsacienne inéxistante ? Mince, comment Auguste Wackenheim a-t-il fait pour en remplir 5 tomes ?

Si on parle de littérature dialectale, c'est en opposition avec la littérature en langue standard, en l'occurence en hochdeutsch. Le fait qu'il ait réussi à faire 5 tomes montre simplement qu'il y a une culture régionale forte. Je suppose qu'on doit aussi pouvoir faire une anthologie de la littérature dialectale picarde en 5 tomes, cela n'empêche pas que les picards écrivent majoritairement en français standard depuis des siècles et le français n'y a jamais été perçu comme une langue étrangère.

Citer :
certains prétendent que c'est comme prétendre que le français et l'italien soit deux manière d'écrire la même langue.

Mais certains le prétendent aussi, vous savez.

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Message Publié : 28 Mai 2009 19:22 
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Philippe de Commines
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Remonte petit sujet oublié, remonte ! ;) :)

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Message Publié : 02 Nov 2018 8:26 
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Salluste
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Localisation : Bretaine et Lorragne
Je remonte le sujet à la surface non pas pour les bisbilles linguistiques mais pour en revenir aux autonomistes.
Depuis 2005, un certain nombre de dossiers d'archives sont ouverts ...
Voir en parallèle le sujet sur les Alsaciens et l'armistice de 1918.
Mais j'en reparlerai un peu plus tard.
JD


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Message Publié : 02 Nov 2018 13:11 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

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Il me semble tout de même utile, sans entrer dans une querelle byzantine, de revenir sur la question que posait Jean-Marc Labat : Comment se fait-il que les autonomistes s'expriment en allemand plutôt qu'en alsacien ?

C'est que l'Alsacien n'a jamais été employé de façon usuelle dans la communication écrite, pas plus que le breton par ailleurs. Il y a deux siècles, lorsque des gens du peuple se rendaient chez le notaire, elles conversaient en alsacien avec le notaire mais l'acte était rédigé en Hochdeutsch s'il ne l'était pas en français. En Basse-Bretagne, elles conversaient en breton et l'acte était rédigé en français. Les Alsaciens, même peu instruits, n'avaient pas besoin de traducteur pour comprendre ce qui était rédigé dans l'acte notarié. A l'inverse, le français, pour les Bas-bretons, était une langue étrangère.

Ce qu'on entend par langue française est la langue de Malherbe et ce qu'on entend par langue allemande est la langue de Luther. Les Allemands emploient le terme de Hochdeutsch pour différencier cette langue, devenue le standard dans les actes officiels, la littérature ou l'enseignement, des parlers locaux dont l'Alsacien ou, plus exactement, les différentes variantes des parlers alsaciens. Car, originellement, il n'y a pas plus d'unité linguistique en Alsace qu'en Bretagne. Ce n'est que très récemment que, grâce aux efforts de promotion de la culture régionale accomplis par des intellectuels comme Germain Muller (1923 – 1994) qui ont écrit des œuvres littéraires et produit des spectacles en alsacien que s'est établi un alsacien standard, synthèse des différents parlers locaux. Ce parler standard ne correspond en fait exactement à aucune des variantes très locales qui étaient jadis les langues maternelles des Alsaciens. Il en est de même pour le breton quoique le travail de normalisation soit un peu plus ancien.

Jusqu'à une époque récente, on parlait alsacien en famille et on lisait les Dernières Nouvelles d'Alsace dans son édition allemande, écrite dans un Hochdeutsch qu'on n'avait pas nécessairement appris à l'école, parce que l'enseignement se faisait en français, mais qu'on comprenait parfaitement. Ce n'est qu'en classe de sixième qu'on commençait à apprendre l'allemand comme langue étrangère, à moins d'avoir opté pour l'anglais, ce qui n'était guère fréquent. Et l'on se faisait tancer par le professeur parce qu'on n'avait pas appris ses leçons et que l'on truffait ses devoirs de tournures locales incorrectes en allemand scolaire. Le petit « français de l'intérieur » lui, se faisait beaucoup moins tancer parce que, ignorant totalement la langue, il était bien obligé d'apprendre ses leçons.

Il était donc tout naturel que le bilinguisme revendiqué par les autonomistes dans l'entre-deux guerre consistât à rendre langues officielles à égalité entre elles le français standard et l'allemand standard. Les revues autonomismes étaient d'ailleurs écrites en Hochdeutsch.


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Message Publié : 02 Nov 2018 13:43 
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Salluste
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Inscription : 11 Juin 2012 17:37
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Barbetorte a écrit :
Il me semble tout de même utile, sans entrer dans une querelle byzantine, de revenir sur la question que posait Jean-Marc Labat : Comment se fait-il que les autonomistes s'expriment en allemand plutôt qu'en alsacien ?


Outre les raisons que vous apportez, n'y a-t-il pas des raisons plus pragmatique d'accessibilité auprès des Alsaciens eux-mêmes et de la possibilité de créer des liens outre-Rhin ?

Je m'explique. Le mouvement régionaliste flamand en France a été confronté à cette question de la langue, notamment suite aux différentes phases d'uniformisation du néerlandais.
Ceux qui étaient favorables à l'uniformisation argués de la possibilité de reconquérir les francisés, de maintenir les flamingants dans la langue, de faciliter le lien avec les indépendantistes belges et d'avoir une langue vivante qui évolue. Ils étaient parfois favorables à une forme de nationalisme "Thiois" et donc sur le fait de quitter la France.
Ceux qui était favorables au vieux "Frans-Vlams" (qui n'a pas évoluée depuis le XVIIIème siècle) refusaient l'uniformisation sur une langue étrangère, "éloignée du peuple". Ils étaient généralement plus favorable à l'existence d'une France fédérale.

Il est à noter qu'il y eu aussi une minorité d'autonomistes flamands de France favorables au rattachement au Reich.

Est ce que ce parallèle avec les flamands de France vous parait judicieux ? Je connais peu le cas alsacien.

Citer :
Jusqu'à une époque récente, on parlait alsacien en famille (...) Ce n'est qu'en classe de sixième qu'on commençait à apprendre l'allemand comme langue étrangère, à moins d'avoir opté pour l'anglais, ce qui n'était guère fréquent. Et l'on se faisait tancer par le professeur parce qu'on n'avait pas appris ses leçons et que l'on truffait ses devoirs de tournures locales incorrectes en allemand scolaire.


C'est encore d'actualité: je connais une jeune femme d'Haguenau qui m'a raconté exactement ce genre d'anecdotes, quasiment mot pour mot. Elle a 20 ans.

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Message Publié : 02 Nov 2018 14:13 
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Je sais, on parle beaucoup "d'alsacien" ... Mais les linguistes reconnaissent qu'en Alsace il y a au moins 4 ou 5 dialectes différents. Dans le sud de l'Alsace, près de la Suisse, on parle un Haut-Alémanique qui est très proche de l'Alémanique parlé par les Suisses-allemands. Une certaine proportion de Suisses-allemands désirent que ce soit cette langue qui soit reconnue comme langue officielle en Suisse à la place de l'Allemand.

Tout au nord de l'Alsace, on parle du Francique rhénan palatin, le dialecte du Palatinat voisin. A l'Ouest de Strasbourg, on parle un Francique méridional lorrain. Et puis, il y a l'ensemble de la Plaine du Rhin alsacienne où on parle un bas-alémanique. Il y a une certaine tendance à l'uniformisation avec le parlé de Strasbourg que déplorent la plupart des haut-rhinois. On trouve parfois des cartes avec une séparation entre le parler du Haut-Rhin et le parlé du Bas-Rhin ... Puis, il y a un dialecte nommé Welche qui serait une forme de romand lorrain sur les hauts des Vosges alsaciennes. Certains strabourgeois disent ne pas arriver à lire le billet en alsacien haut-rhinois qui parait tous les dimanches dans le journal L'Alsace qui parait à Mulhouse. Tandis que ceux de Mulhouse prétendent la même chose au sujet du billet qui parait dans les DNA dans l'édition de Strabourg ou d'Hagenau. Mais, bien entendu, ils parlent tous alsaciens ... comme la montré la polémique bredele-bredala lors de l'introduction de ce mot dans le dictionnaires français
Citer :
En alsacien, les bredele ou braedele (Bas-Rhin et Moselle), bredala (Haut-Rhin), bredle (Strasbourg) ou plus spécifiquement Winachtsbredele (mêmes variantes, littéralement : « petits gâteaux de Noël ») sont des petits fours qui sont aujourd'hui confectionnés à l'occasion des fêtes de fin d'année.

Le mot bredele est inapproprié. Ces petits fours s'appellent bredle ou bredla. Bredle est le diminutif de brot. Brot, c'est le pain et bredel au singulier et bredle au pluriel sont des petits pains. Bredele ou bredela n'est que du langage enfantin. C'est le diminutif qui est parfois utilisé quand on donne un bredel à mâchouiller à un bébé qui fait sa première dent. Dans ce cas certaines mamans donnent un bredele à leur bébé en guise de sucette ou anneau de dentition.

Ce mot a fait son entrée dans le dictionnaire Larousse en 2018 et dans le Petit Robert en 20191.


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Au fait, l'alémanique serait le descendant de la langue parlée par les Alamans, tandis que le francique serait le descendant de la langue parlée par les Francs


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