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Message Publié : 07 Nov 2018 21:25 
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Polybe
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Je me suis installé devant...

Un documentaire tout public, mais qui mélange toutes ses images d'archives (du bleu horizon et des casques adrian en aout 1914). La colorisation est complètement ratée...

Mais beaucoup de témoignages authentiques (?) ca change de Kassovitz et Torretton.

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"Chacun fait à un moment ou à un autre de sa vie, sa rencontre avec l'Histoire" Pierre Miquel
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Message Publié : 08 Nov 2018 0:21 
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Personnellement, je suis lassé de la façon dont les médias évoquent la grande guerre.

Il doit être entendu que ce n'était qu'une boucherie stupide, dont les soldats n'étaient que des victimes, et qui n'avait aucun sens.

L'idée que ces soldats se soient aussi battus pour gagner, et aient fait preuve d'un courage et même d'une ténacité impressionnante, ça n'existe plus.

_________________
Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)


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Message Publié : 08 Nov 2018 16:08 
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Grégoire de Tours
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L'idée que ces soldats se soient aussi battus pour gagner, et aient fait preuve d'un courage et même d'une ténacité impressionnante, ça n'existe plus


Avaient-ils le choix?


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Message Publié : 08 Nov 2018 16:53 
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Hérodote
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Pierma a écrit :
Il doit être entendu que ce n'était qu'une boucherie stupide, dont les soldats n'étaient que des victimes, et qui n'avait aucun sens.

L'idée que ces soldats se soient aussi battus pour gagner, et aient fait preuve d'un courage et même d'une ténacité impressionnante, ça n'existe plus.

Pourquoi vos deux phrases, et donc ces deux visions, ne pourraient-elles pas être complémentaires ?
Les soldats ont pu se battre pour gagner, avoir fait preuve de courage et de ténacité, tout en étant les victimes d'une boucherie stupide et inutile.
L'un ne me semble pas exclure l'autre.


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Message Publié : 08 Nov 2018 18:03 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile
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Citer :
L'idée que ces soldats se soient aussi battus pour gagner, et aient fait preuve d'un courage et même d'une ténacité impressionnante, ça n'existe plus.


On peut peut-être penser à leur exemple quand dans la vie les choses deviennent très dures et qu'il faut tenir le coup...

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Le souvenir ne disparait pas, il s'endort seulement.
Epitaphe trouvée dans un cimetière des Alpes

La science de l'histoire est une digue qui s'oppose au torrent du temps.
Anne Comnène, princesse byzantine (1083-1148)

Le passé fait plus de mal que le présent
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Message Publié : 08 Nov 2018 18:11 
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Philippe de Commines
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Pour avoir visionné une bonne partie du documentaire hier, il me semblait qu'il était bien plus question de la vie des civils « à l'arrière » que des militaires... Il y avait relativement peu d'images des combats.

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“La barbarie est l'état naturel de l'humanité, [...]. La civilisation n'est pas naturelle. Elle résulte simplement d'un concours de circonstances. Et la barbarie finira toujours par triompher.” ― Robert E. Howard


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Message Publié : 08 Nov 2018 19:55 
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Brennus a écrit :
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L'idée que ces soldats se soient aussi battus pour gagner, et aient fait preuve d'un courage et même d'une ténacité impressionnante, ça n'existe plus


Avaient-ils le choix?

S'ils avaient décidé en masse de rentrer chez eux, rien n'aurait pu les en empêcher. C'est en gros ce processus qui avait commencé dans l'armée allemande au début novembre 1918.

Mais les poilus avaient une motivation supplémentaire : ils se battaient chez eux, contre un ennemi installé en France.

Zéro Janvier a écrit :
Pierma a écrit :
Il doit être entendu que ce n'était qu'une boucherie stupide, dont les soldats n'étaient que des victimes, et qui n'avait aucun sens.

L'idée que ces soldats se soient aussi battus pour gagner, et aient fait preuve d'un courage et même d'une ténacité impressionnante, ça n'existe plus.

Pourquoi vos deux phrases, et donc ces deux visions, ne pourraient-elles pas être complémentaires ?
Les soldats ont pu se battre pour gagner, avoir fait preuve de courage et de ténacité, tout en étant les victimes d'une boucherie stupide et inutile.
L'un ne me semble pas exclure l'autre.

Mais je suis d'accord, raconter la guerre c'est raconter les deux. Ce que je demande, c'est pourquoi les médias occultent systématiquement le second aspect ?

Encore que "boucherie" c'est entendu, "stupide" oui, trop souvent, mais inutile, c'est à moduler : après tout, ce sont les Allemands qui nous déclaré la guerre et sont entrés en France. Et il n'a pas tenu aux poilus que cette victoire s'avère inutile 20 ans plus tard.

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Message Publié : 08 Nov 2018 20:23 
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Pierma a écrit :
Personnellement, je suis lassé de la façon dont les médias évoquent la grande guerre.

Il doit être entendu que ce n'était qu'une boucherie stupide, dont les soldats n'étaient que des victimes, et qui n'avait aucun sens.

L'idée que ces soldats se soient aussi battus pour gagner, et aient fait preuve d'un courage et même d'une ténacité impressionnante, ça n'existe plus.



Vous reformulez les termes du débat des commémorations du centenaire (avant d'être éclipsé par cette mascarade autour de ¨Pétain). Pour ma part, ce qui est déroutant, c'est le flou entretenu autour de ce que l'on doit honorer, de ce qui importe vraiment en ce jour.
La polémique tente de scinder l'opinion entre 1)- le deuil national puisque la grande guerre n'a été qu'une boucherie stupide, et j'use à dessein de la négation restrictive pour signifier le danger qui existe sous cette idée de" montrons horreur, montrons l'horreur, montrons l'horreur" (pour reprendre le rythme ternaire du discours de Clemenceau) et 2)- la commémoration de la victoire. Or il me semble qu'on commémore pour entretenir le souvenir, pas pour célébrer une victoire.
Mais cette deuxième idée se retrouve d'emblée mise au banc à cause de ce que la première pose. Rien ne doit avoir l'air d'un nationalisme.

Il faut s'accorder sur les mots qui sont ici lourds de sens. Le président a exprimé une idée majoritaire mais malheureusement imprécise en disant que les combattants étaient "des civils à qui l'on a donné des armes". Or chez moi, cela peut vouloir tout dire et rien dire en même temps. C'étaient des conscrits . Or en employant ce terme plus juste, on convoque aussi les guerres révolutionnaire et l'imaginaire de la patrie en danger, les conscrits de l'empire, le débat autour du service militaire, la question de l'armée-citoyenne. Enfin cette idée fondamentale de la démocratie, du moins à l'origine, le citoyen-soldat. Jaurès dans l’Armée Nouvelle montrait la nécessité, pour lui absolue, d'une force armée raisonnée, même dans la plus parfaite des démocratie. Il liait le patriotisme et l'internationalisme, sans verser dans un pacifisme aveugle.
Dans les programme scolaires on n'insiste plus que sur l'horreur et l'expérience directe de la guerre; rien de consistant, au contraire, au plan évènementiel, politique, idéologique et sur les ligues et associations d'anciens combattants.
Il me semble que l'on regarde la guerre de l'intérieur, comme une boucherie impensable et indicible. On veut proclamer "plus jamais ça", comme pour mieux se conforter. Nous aurions dépassé cette brutalité jugée archaïque et incompréhensible.
Pierma, je pense, voulait simplement dire, que parler des combattants, c'est précisément ne pas les reléguer dans les fosses et les ossuaires où ils dorment dans le carnage, sans nom. Ils ont tenu, chacun, ils ont survécu, ou l'on tenté, ils ont incarné la guerre quand elle n'était plus là.
Ces commémorations posent un problème redoutable, et elles courent le risque d'enterrer la Grande-Guerre, de l’étiqueter une bonne fois pour toutes en usant d'anathème. Que vaudront les commémorations suivantes, que pourront-elles après que le pays aura déposé, pour ainsi dire, la mante et le deuil. Non que nous devrions nous morfondre dans ce souvenir, comme dans un culte des mort, qui a marqué les années trente, mais il est impossible de fermer la page, d'être "apaisé" dans nos mémoires; c'est pourtant ce que l'on veut désormais en "tournant la page".
L'idée d'une guerre sans aucun sens et du plus jamais ça, on sait bien où ça nous a mené.

Je regrette que l'on ne parle pas assez de ce qu'a été, en lui-même le 11 novembre. Une commémoration nationale transcende un évènement. Dans mon département, l'Isère, professeurs, élèves, anciens combattants... ont défilé pour le 11 novembre 1943, à Grenoble, en signe de protestation. Ce n'était pas de l’anti-germanisme primaire, c'était avant-tout un moment sacré où le pays se souvenait de l'exemple des poilus, de ce que les citoyens-soldats avaient endurés, et que chacun avait fait son devoir. Devoir terrible, car l'on se battait pour quoi ? Pour défendre la République en danger face aux tyrans, comme en 1792-1793 ? Pour la "gloire éternelle de la patrie" ? Sûrement pour les camarades que l'on voulait sortir de l'enfer vivant !

Des hommes résignés. Des hommes partis, sachant que l'on mourrait, que l'on se sacrifiait pour la République. Ils ne désertèrent pas en masse, ni ne partirent le cœur gonflé d’enthousiasme, comme le voulaient les rouleurs de tambour, les Barrès et les Déroulèdes. Ils y sont allés lucides et graves, sachant ce qu'ils mettaient en jeu et le devoir envers la République.
Les engagés volontaires naturalisés, les juifs dont Barrès du bien reconnaître le courage exemplaire au feu, les troupes issues des colonies... Ils y allèrent d'abord pour montrer qu'ils ne reculeraient pas, au moment fatidique où se poserait la question.

Quand en 1943, les participants à ces commémorations furent arrêtés et déportés (350, environ à Grenoble), par les troupes d'occupation et la milice, je doute fort qu'ils défilaient sans songer à la République, au sacrifice, au sens profond de cette cérémonie.
Certes, nous ne sommes plus dans un système de conscription nationale, mais je ne pense pas que l'on doive se souvenir de "civils auxquels on avait donné des armes". Le 11 novembre est un moment de réflexion, un moment républicain-il faut le redire, et il vient nous tirer d'une vie tranquille, pour nous reposer cette question: demain, et après cela, en sachent cela, voudrons-nous encore de la guerre ? Est-on prêt à aller au champ ? Et si non, le citoyen peut-il déléguer la défense nationale ? Que me disent ces mémoires, que je convoque et entretiens ?

_________________
Þat skal at minnum manna
meðan menn lifa


Cela restera dans la mémoire des hommes
tant qu'ils vivront (pierre de Runby, Upland)


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Message Publié : 09 Nov 2018 0:19 
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Champollion a écrit :
Pour ma part, ce qui est déroutant, c'est le flou entretenu autour de ce que l'on doit honorer, de ce qui importe vraiment en ce jour.
La polémique tente de scinder l'opinion entre 1)- le deuil national puisque la grande guerre n'a été qu'une boucherie stupide, et j'use à dessein de la négation restrictive pour signifier le danger qui existe sous cette idée de" montrons horreur, montrons l'horreur, montrons l'horreur" (pour reprendre le rythme ternaire du discours de Clemenceau) et 2)- la commémoration de la victoire. Or il me semble qu'on commémore pour entretenir le souvenir, pas pour célébrer une victoire.
Mais cette deuxième idée se retrouve d'emblée mise au banc à cause de ce que la première pose. Rien ne doit avoir l'air d'un nationalisme.

Il faut s'accorder sur les mots qui sont ici lourds de sens. Le président a exprimé une idée majoritaire mais malheureusement imprécise en disant que les combattants étaient "des civils à qui l'on a donné des armes".

Merci Champollion. Votre post tout entier est remarquable. Je ne garde que cette partie, qui résume l'essentiel.

La discussion devient une discussion d'opinions, politique au sens le plus noble, feu vert pour ça, si il faut on la déplacera dans l'Agora. (où d'ailleurs elle n'échappera pas aux règles de bonne conduite usuelles.)

Posons-nous la question : qu'est-ce qu'on commémore, exactement ?

Je corrigerais :"Mais cette deuxième idée se retrouve d'emblée mise au banc à cause de ce que la première pose." C'est clair. Non pas parce que "Rien ne doit avoir l'air d'un nationalisme" mais tout simplement parce qu'en leur attribuant, y compris aux combattants qui ont vu le jour de la victoire, le statut de victime, cela exclut qu'ils aient pu être des guerriers et aient voulu cette victoire, et qu'ils aient tenu jusqu'au bout pour cela. Une victime ne saurait faire un vainqueur.
On leur refuse le statut de soldats de la Nation, de vainqueurs qui l'ont sauvée. Pour bien enfoncer le clou, le président les traite de "civils à qui l'on a donné des armes", ce qui passe les bornes.

En somme, on ne commémore, et on ne veut se souvenir, que de souffrances. Comme si rien d'autre ne faisait sens.

Depuis le refus du président d'organiser un défilé militaire, ce qui aurait signifié "commémorer la victoire"- par ce moyen là ou par tout autre, d'ailleurs, peu importe - je n'ai pas décoléré. Le colonel Goya a publié un texte qui dit mieux que moi ce que lui inspire cette décision :
Le 11 novembre, rien ne remplacera la victoire.

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Message Publié : 09 Nov 2018 8:22 
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Pierre de L'Estoile
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Pierma a écrit :
Depuis le refus du président d'organiser un défilé militaire, ce qui aurait signifié "commémorer la victoire"

allusion très claire hier sur France 5 à C dans l'Air

_________________
il pleuvait, en cette Nuit de Noël 1914, où les Rois Mages apportaient des Minenwerfer


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Message Publié : 09 Nov 2018 12:30 
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Je vais prendre le contrepied d'une bonne partie des interventions. Un grand défilé militaire aurait signifié que l'on commémorait "la Victoire". Ce fut le cas pendant pas mal de temps, et cela pouvait s'expliquer. Aujourd'hui, les choses ont changé et surtout, on a beaucoup appris sur ce qu'il s'était passé à l'époque. Car, comme après chaque évènement qui impacte toute la Nation, on a construit un récit mémoriel qui convenait au plus grand nombre, quitte a effacé certains aspects plus ou moins dérangeants pour les uns ou les autres.

On a fêté la victoire de l'armée, et de ces chefs. En jetant un voile pudique sur les fusillés de 1914-1915, sur les révoltes de 1917, et sur les boucheries qui les entraînèrent. On a fêté ceux qui surent tenir au front dans des conditions épouvantables. On a oublié de commémorer celles qui ont tenu à l'arrière. D'ailleurs, pour les remercier, on s'est empressé d'essayer de revenir à la société d'avant 1914 et de reléguer la femme dans un rôle subalterne. "On" rendait hommage à la veuve de poilu qui portait son deuil ostensiblement en place publique. Mais, si elle ne faisait pas partie de la bonne société que lui restait-il pour faire vivre ses enfants ?

Ces 4 dernières années ont été l'occasion de revenir sur cela. On a vu le sacrifice des soldats. On a vu que leurs chefs essayaient de faire en fonction des évènements et des pressions politiques. Mais aussi en fonction de leurs idées de classe, certains montrant un certain mépris pour la vie de leurs subalternes.

Mais, il faut aussi se rappeler que 100 ans ont passé. Il y a eu une seconde guerre entre la France et l'Allemagne. Que cette seconde guerre fut perçue comme le combat entre la Démocratie et la Dictature (si on laisse de coté la participation de Staline au front anti forces de l'Axe). Après cette seconde geurre, on a su faire la paix avec notre ennemi "historique", l'Allemagne pour créer un objet unique dans l'histoire des Peuples et des Nations : l'Union Européenne.

Certains des propos qui ont été tenus sur la place publique me grènent car ils nous ramènent 100 ans en arrière ... comme si on était le 11 novembre 1918. Et souvent avec comme seule nécessité qu'une nécessité politique. On pouvait montrer une image apaisée de ce conflit. Une image apaisée de ce qui s'était passé au sein de la Nation française, un message apaisé de ce qui s'était passé entre Nations européennes, et un message appaisé des relations qu'on a eu avec nos anciennes colonies. Je comprends le coup de gueule des historiens du Conseil scientifique du Centenaire : INFO FRANCEINFO. Polémique sur l'hommage à Pétain : des membres du Conseil scientifique du Centenaire déplorent "un gâchis"

Et je déplore que peu de monde ai signalé le travail qu'ils ont réalisé : Centenaire : espace scientifique


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Message Publié : 09 Nov 2018 20:15 
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Léonard59 a écrit :
Ces 4 dernières années ont été l'occasion de revenir sur cela. On a vu le sacrifice des soldats. On a vu que leurs chefs essayaient de faire en fonction des évènements et des pressions politiques. Mais aussi en fonction de leurs idées de classe, certains montrant un certain mépris pour la vie de leurs subalternes.

Ces quatre dernières années ? 8-|

Mais ça fait plus de 20 ans, et même bien davantage, que seul cet aspect de la guerre est mis en avant !

Il y a une éternité que le peuple français ne s'intéresse qu'à ça : les souffrances, les conditions épouvantables du combat, les généraux - qui étaient tous des bouchers, ça va sans dire - les fusillés pour l'exemple - qui seraient des milliers, parce qu'on fusillait à tour de bras - les lettres des poilus...

La production cinématographique est dans la même veine : quand on ne montre pas quelques jours de fraternisation entre soldats oubliés par la bataille, on a "Un long dimanche de fiançailles" (j'aime beaucoup, d'ailleurs, mais c'est une sorte de polar, et le talent d'Audrey Tautou y est pour l'essentiel) qui présente une vision terrifiante de la guerre, qui invente au passage que Pétain aurait fait exécuter des hommes en les faisant jeter dans le no man's land - ce qui est fou, mais bien dans l'air de notre temps - ou encore "La vie et rien d'autre" qui est avant tout un long décompte des victimes, qui montre les familles à la recherche de leurs disparus, et qui fait d'ailleurs un portrait assez juste des régions touchées, de la vie des civils dans une société qui commence à peine à se reconstruire...

Des victimes, des souffrances, réelles ou inventées, il est clair que le peuple français ne connaît plus que cela : l'absurdité de la guerre.

Marc Ferro dit que "la mémoire collective persiste tant qu'elle présente une utilité pour le peuple." Hé bien la mémoire collective des Français sur la Grande Guerre est désormais fixée, et depuis longtemps. Il n'y est plus question de victoire, encore moins de héros. Cette mémoire collective est radicalement pacifiste et même antimilitariste. Les soldats ne se sont battus que sous la contrainte et la peur d'être fusillés, là-dessus il n'y a même plus moyen de discuter.

Je pense que c'est très logique dans une société qui ne supporte plus l'idée de la mort. C'est le rêve irréel d'un monde aseptisé, où le sang n'existerait pas - pas même celui des animaux, à l'extrême - et où l'idée que le combat ait été - ou soit encore - nécessaire est totalement inaudible.

Le corolaire est l'indifférence totale envers notre armée d'aujourd'hui. Nos soldats ont combattu en Afghanistan, au Mali, aujourd'hui sur l'ensemble du Sahel, sans que jamais les médias n'en parlent.

Ah si : lorsqu'il y a des pertes. Là on sort les drapeaux, cérémonie aux Invalides, discours, pour honorer... les victimes ! A partir de 4 ou 5 tués c'est trop, ça choque dans les chaumières, au point que les militaires disent qu'il leur est désormais quasiment interdit de prendre des risques : la pression des politiques va dans ce sens, parce que l'opinion ne supporte plus les pertes.

Au passage, c'est la même opinion commune qui se scandalisera, à l'occasion, du massacre des civils dans une guerre en cours, qui jugera inadmissible "qu'on ne fasse rien", mais qui jamais, au grand jamais, n'accepterait des pertes lourdes dans une intervention difficile.

Oui, notre société ne supporte plus la mort, et l'idée de commémorer une victoire est une vieille idée réactionnaire. C'est comme ça... :rool:

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Message Publié : 09 Nov 2018 20:41 
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Je fais peut-être une sorte de "grand écart" mais, quand je vous lis, Pierma, je ne peux m'empêcher de penser à ce qu'on a appelé les "Munichois" : ce refus évident de la réalité, cette fuite dans l' "illusion" (ou le refoulement ?), se mettre la tête dans le sable, "la Paix à tout prix" etc.
Histoire d'utiliser un cliché, on ne lutte pas contre la guerre, et donc la violence, le terrorisme etc. avec des fleurs ou en fermant les yeux.

Ca me rappelle Neville Chamberlain, tout heureux de revenir à Londres avec son "joli" accord signé par Hitler...
C'est clair, c'était pas Churchill !

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- "Heil Hitler !"
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Message Publié : 09 Nov 2018 21:35 
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Léonard59 a écrit :
Je vais prendre le contrepied d'une bonne partie des interventions. Un grand défilé militaire aurait signifié que l'on commémorait "la Victoire". Ce fut le cas pendant pas mal de temps, et cela pouvait s'expliquer. Aujourd'hui, les choses ont changé et surtout, on a beaucoup appris sur ce qu'il s'était passé à l'époque. Car, comme après chaque évènement qui impacte toute la Nation, on a construit un récit mémoriel qui convenait au plus grand nombre, quitte a effacé certains aspects plus ou moins dérangeants pour les uns ou les autres.

On a fêté la victoire de l'armée, et de ces chefs. En jetant un voile pudique sur les fusillés de 1914-1915, sur les révoltes de 1917, et sur les boucheries qui les entraînèrent. On a fêté ceux qui surent tenir au front dans des conditions épouvantables. On a oublié de commémorer celles qui ont tenu à l'arrière. D'ailleurs, pour les remercier, on s'est empressé d'essayer de revenir à la société d'avant 1914 et de reléguer la femme dans un rôle subalterne. "On" rendait hommage à la veuve de poilu qui portait son deuil ostensiblement en place publique. Mais, si elle ne faisait pas partie de la bonne société que lui restait-il pour faire vivre ses enfants ?

Ces 4 dernières années ont été l'occasion de revenir sur cela. On a vu le sacrifice des soldats. On a vu que leurs chefs essayaient de faire en fonction des évènements et des pressions politiques. Mais aussi en fonction de leurs idées de classe, certains montrant un certain mépris pour la vie de leurs subalternes.

Mais, il faut aussi se rappeler que 100 ans ont passé. Il y a eu une seconde guerre entre la France et l'Allemagne. Que cette seconde guerre fut perçue comme le combat entre la Démocratie et la Dictature (si on laisse de coté la participation de Staline au front anti forces de l'Axe). Après cette seconde geurre, on a su faire la paix avec notre ennemi "historique", l'Allemagne pour créer un objet unique dans l'histoire des Peuples et des Nations : l'Union Européenne.

Certains des propos qui ont été tenus sur la place publique me grènent car ils nous ramènent 100 ans en arrière ... comme si on était le 11 novembre 1918. Et souvent avec comme seule nécessité qu'une nécessité politique. On pouvait montrer une image apaisée de ce conflit. Une image apaisée de ce qui s'était passé au sein de la Nation française, un message apaisé de ce qui s'était passé entre Nations européennes, et un message appaisé des relations qu'on a eu avec nos anciennes colonies. Je comprends le coup de gueule des historiens du Conseil scientifique du Centenaire : INFO FRANCEINFO. Polémique sur l'hommage à Pétain : des membres du Conseil scientifique du Centenaire déplorent "un gâchis"

Et je déplore que peu de monde ai signalé le travail qu'ils ont réalisé : Centenaire : espace scientifique




En ce qui concerne le défilé militaire, personne ne le défend expressément ici. Nul n'appelle à une démonstration de force tonitruante où l'armée communie avec elle-même dans une mystique fervente qu'ignore le civil. Ceux qui défendent contre vents et marées le défilé sont minoritaires et orientent le jour du souvenir vers tout autre chose, vers une célébration insistant sur la puissance française.

Le débat ne se situe pas sur ce point organisationnel; comment le pourrait-il d'ailleurs ?

Ce que je trouve surprenant c'est la collusion du politique et de la politique. En ce sens que la commémoration ne devrait pas servir, comme un moyen vers une fin pratique. Ce n'est pas l'occasion de faire un G20 surprise, ni celle d'expliquer aux Français rencontrés les mesures financières de l'actuel gouvernement. On parle ici d'un devoir qui incombe au politique, comme le disait Pierma "au sens noble du terme". La fonction doit prendre de la hauteur et transcender les intérêts et les problèmes actuels, pour donner du sens, pour laisser chacun accomplir un véritable retour en lui-même; penser profondément ces années et ce qu'elles ont à dire.
Le chef de l'Etat, le gouvernement et le comité historique dessinent un cadre, mais ils n’ont pas à prêcher un évangile, un catéchisme du "plus jamais ça".
Refuser de considérer la guerre, la bannir absolument, c'est rendre la violence plus absurde encore puisqu'elle devient absolue, informe et privée d'une quelconque direction.

Ce faisant, il renforce l'errance ambiante; prenons garde que l'itinérance mémorielle ne se transforme en pure "errance".
Je n'ai pas parlé strictement d'une "fête" de la victoire. Parler de "fête" ne vient à l'idée de personne en pareil moments; de même que la cérémonie ne se réfère qu'à un ordonnancement, un cérémonial fixé d'avance, mécanisme abstrait.
Mais le 11 novembre occupe, en lui-même, une place singulière dans l'histoire qui nous lie, qui aide à comprendre la République, ce que c'est qu'être un Républicain. Je ne me lance pas dans une démonstration politique, il importe davantage de redresser la tête (et pas de bomber le torse ou de détourner le regard face à l'infâme). Est-ce bien le moment, ce week-end, de pousser des cris d'orfraie ? L'un pense que les gender studies ne sont pas assez mises en avant, qui veut parler des fusillés, qui de l'arrière, qui acère sa plume pour la une de sa tribune et le triomphe de conceptions étroites.

Leonard mentionne le travail des historiens, et notamment le portail dédié. C'est, en effet, une entreprise remarquable, qui vulgarise les dernières découvertes et nous met en face d'autres perspectives, d'aspects que l’inconscient collectif avait refoulés.
Or, on nous rebat les oreilles avec cette idée lasse d'histoires "apaisée", autre mot pour ne pas mentionner les angles aplanis et les bords saillants sobrement équarris, comme s'il s'agissait de rendre une copie parfaite. Justement, les historiens ne veulent pas de ça, ils ne travaillent pas pour enterrer des évènements, ils en dévoilent la richesse, tentent d'en unifier le divers, enfin aident le politique dans cette entreprise délicate de commémoration. Mais, voudriez-vous d'historiens, de scientifiques prêts à clore pour toujours un sujet, résolus à mettre la vérité sous presse à grands coups de concepts qu'inspire la pensée du plus grand nombre ?

Le coup de gueule de ces historiens tombe à point nommé, mais il n'est pas si dispersé qu'on voudrait l'entendre. Au fond que demande-t-il ? Que l'on se recentre sur l'essentiel, commémorer dignement nos morts, et en ressortir peut-être grandis.
L'apaisement des mémoires doit laisser place à l'éveil du citoyen.

"On peut montrer une image apaisée"; à qui ? Qui voulez-vous que nous satisfassions ? Oui, nous montrons une image le 11 novembre, nous usons de symboles car nous n'avons que ça. On ne peut pas lire les noms des morts gravés sur les stèles, l'un après l'autre. En fait on ne réussit jamais à commémorer, parce que l'on ne fait pas cela pour réussir et cocher les cases d'une bonne "communication" politique.
Le jour se prépare, on tente de faire de son mieux, mais quand vient ce moment que la mémoire a décidé d'ouvrir comme une porte sur un passé commun, alors on ne doit plus songer à autre chose qu'à la signification.
J'en arrive à l'idée que la République, c'est aussi le 11 novembre et par-là qu'elle est aussi la première guerre mondiale. Il faut rendre hommage; le pays tout entier revient sur lui-même, et, dans un mouvement suspendu, qui ne tient plus qu'à notre volonté, réussir, après la réminiscence et l'hommage, à répondre, pour une année encore à l'ombre immense portée sur nos épaules.

Cela fait cent ans, 100 ans ont passé. Vous parlez de ce qui s'est produit entretemps. On peut aussi considérer les choses autrement; Le 11 novembre 1918, passe par la seconde guerre mondiale, et vient jusqu'à nous, en 2018. Il ne ramène pas "en arrière"; il est,toujours, comme un jour caduc que le temps linéaire de notre existence ne doit pas inscrire dans le cours effaré des choses; cette date prend un peu plus sens au fil du temps, tandis que nous demeurons une Nation, et, la Nation, c'est pour nous la République.

_________________
Þat skal at minnum manna
meðan menn lifa


Cela restera dans la mémoire des hommes
tant qu'ils vivront (pierre de Runby, Upland)


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Message Publié : 09 Nov 2018 22:14 
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Jean Mabillon
Jean Mabillon

Inscription : 16 Jan 2010 19:18
Message(s) : 2953
Que voulez vous : le grand danger est la disparition pure et simple de la Nation française originelle.... Déjà actuellement combien de françaises et français ont des origines françaises si on remonte à 5 générations :trop peu,sans doute.....Les gens pour beaucoup ne savent pas le cheminement de leurs familles dans l'histoire


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