Jean-Marc Labat a écrit :
Dans les métiers, ce que nous appelons aujourd'hui corporations, les femmes ont toujours eu le droit de perpétuer l'atelier de leur défunt mari en attendant que leurs enfants soient majeurs, ou si elles étaient sans enfants, à épouser un compagnon qui prenait la suite.
Par contre, je ne les voyais pas dans le bâtiment de façon régulière. J'ignorais tout à fait cet aspect. Il y a bien eu les Trümmerfrauen dans l'Allemagne d'après guerre, mais c'était un cas exceptionnel où les hommes étaient rares.
Tout à fait! En dehors des deux ouvrages incontournables cités au dessus, il me semble que le rôle des femmes, et notamment des femmes au travail, n'a pas encore révélé tous ses "secrets" malgré toutes les recherches et les articles (c'est d'ailleurs un bon signe pour l'histoire). D'ailleurs, lorsque Françoise Battagliola écrit son
Histoire du travail des femmes , il n'y a rien avant 1850. On pourrait presque relire, je pense,
Les Piliers de la Terre de Ken Follett sous cet angle. A contrario, tout le développement des pages précédentes de ce fil (autour du droit romain notamment) me semble assez stabilisé.
Souvenons-nous que Jacques le Goff, non sans provocation, disait que le travail n'est pas un bon sujet pour le Moyen Age (cf
https://www.cairn.info/revue-medievales-2015-2-page-5.htm ).
Citer :
Dans un long Moyen Age Jacques Le Goff combat les idées reçues sur l'infériorité des femmes durant l’époque médiévale.
Je pense qu'il faut opérer une distinction entre le fait religieux et la position de la femme au sein du corps social, chose que l'ogre avait fait au sein de cet ouvrage.
Je pense qu'il a raison. Malgré tout, il ne me semble pas que l'idée d'infériorité soit identique à celle de subordination ou de manque de reconnaissance. Les femmes me semblent à la fois visibles (déjà évoqué dans le fil) et invisibles ( parfois ignorées dans les textes corporatifs, parfois mal protégées...).
Enfin, il me semble que dans l'imaginaire populaire les femmes au Moyen Age ne sont que des
femmes de..., amoureuses transies ou des femmes fatales pour les plus célèbres. Aujourd'hui encore les femmes me semblent enfermées dans ce Janus: d'un côté la muse du poète qui attend son mari ou de l'autre la diablesse instable, démente, hystérique, fatale.
Carole Martinez reprend assez bien cette idée dans
Du domaine des Murmures : une jeune femme violée en 1187 refuse de se marier à un homme (le violeur dans mes souvenirs). Elle décide alors de s'emmurer dans une chapelle et devient, au fil du temps, une quasi sainte dans le livre et la chapelle un lieu de pèlerinage (car on n'explique pas la naissance de l'enfant issu du viol dans ce cloître).