Sir Peter a écrit :
C'était bien là le problème....Cependant il fallait être pragmatique et inviter ceux de Brest-Litovsk.......
Il aurait peut-être fallu ... Mais tout le monde avait plein de raisons pour ne pas le faire :
- l'URSS avait déjà signé la paix : c'est quand même une bonne raison, non ?
- qui plus est une paix séparée qui avait permis à l'Allemagne de lancer à l'Ouest une offensive redoutable : ça ne donnait pas envie de l'associer aux vainqueurs
- et bien entendu le bolchevisme était pour la plupart de gouvernements un ennemi encore plus irréductible que l'Allemagne.
Aujourd'hui en 2018, éclairés par les travaux des historiens de l'entre-deux-guerres et du nazisme, il nous est aisé de commencer des raisonnements par "il fallait", "on aurait dû" ... Comme je l'ai écrit plus haut, j'ai acquis la conviction que tous ces raisonnements n'ont pas de valeur car tout simplement "on ne pouvait pas".
C'est pourquoi j'ai été frappé de lire, sur l'article wiki en anglais concernant le traité de Versailles, la citation suivante de E.M. House qui date de
juin 1919 :
Citer :
I am leaving Paris, after eight fateful months, with conflicting emotions. Looking at the conference in retrospect, there is much to approve and yet much to regret. It is easy to say what should have been done, but more difficult to have found a way of doing it. To those who are saying that the treaty is bad and should never have been made and that it will involve Europe in infinite difficulties in its enforcement, I feel like admitting it. But I would also say in reply that empires cannot be shattered, and new states raised upon their ruins without disturbance. To create new boundaries is to create new troubles. The one follows the other. While I should have preferred a different peace, I doubt very much whether it could have been made, for the ingredients required for such a peace as I would have were lacking at Paris.
Soit, si je traduis bien :
"Je quitte Paris, après huit mois fatidiques, avec des émotions contradictoires. En portant un regard rétrospectif sur la conférence, il y a beaucoup à approuver et pourtant beaucoup à regretter. Il est facile de dire ce qui aurait dû être fait, mais il était plus difficile de trouver un moyen de le faire. A ceux qui disent que le traité est mauvais et n'aurait jamais dû être fait, et qu'il va mettre l'Europe dans des difficultés infinies pour son application, j'ai envie de l'admettre. Mais je répondrais aussi qu'on ne peut pas détruire des empires et ériger de nouveaux états sur leurs ruines, sans perturbation. Créer de nouvelles frontières, c'est créer de nouveaux problèmes : les uns suivent les autres. Même si j'aurais préféré une paix différente, je doute fortement qu'elle aurait pu être faite, car les ingrédients requis pour une paix telle que je l'aurais souhaitée manquaient à Paris".