Oliviert a écrit :
L'aptitude est jugée par une série de tests lors des "3 jours". Cela permet déjà de faire une grosse sélection.
Ensuite, l'armée se doit d'accepter tous les conscrits qui ont été déclarés aptes. De nombreux postes ne réclament pas de condition physique d'un niveau élevé.
Les deux premiers mois du service militaire étaient appelés communément "les classes" (ou plus officiellement F.I., si je me souviens bien, dont le F voulait dire Formation). A l'issue de cette formation, les appelés sont orientés vers les différents postes disponibles dans le régiment.
Par exemple, dans mon cas personnel, on a jugé que j'étais trop faible pour faire partie d'une unité de combat, et on m'a orienté vers un escadron de circulation, qui regroupait tous les bras cassés, dont certains bien pires que moi, comme je m'en suis aperçu par la suite. Ce n'était pas glorieux. J'ai même laissé tombé une larme quand j'ai appris cette affectation. Mais, par la suite, je me suis consolé en parvenant à être l'un des meilleurs de cette unité. J'ai fait mienne la citation de Jules César, rapportée par Plutarque : Malo hic esse primus quam Romae secundus (Je préfère être premier ici que second à Rome).
Merci beaucoup, Oliviert, de votre témoignage, que j’ai trouvé très intéressant. J’ai bien ri de votre citation, qu’en ex-latiniste j’ai apprécié à sa juste valeur ! Et vous avez tout à fait raison. Comme on dit ici,
“it’s better to be a big fish in a small pond than a small fish in a big pond” (« mieux vaut être un gros poisson dans une petite mare qu’un petit poisson dans une grande mare »).
Quand vous dites que vous étiez un des meilleurs de votre unité, voulez-vous dire que vous étiez notés, comme au lycée ? Si oui, dans quel but ?
Dans mon cas les « Trois Jours » (au Fort de Vincennes) ont duré exactement une heure, avant qu’un charmant lieutenant à particule ne me renvoie dans mes foyers. Je quittai Vincennes à la barbe de tous les autres garçons, complètement ébahis. Malheureusement, trois mois plus tard je reçus une seconde convocation, cette fois-ci pour un conseil de révision à la caserne de Reuilly (Paris XIIe), m’avisant que le lieutenant de Vincennes m’avait renvoyé « par erreur ». J’en fus révulsé. J’espère que le lieutenant de Vincennes n’a pas eu à pâtir de son erreur, si tant est qu’il y en eût une. C’est finalement le conseil de révision de la caserne de Reuilly qui m’a réformé, après une entrevue particulièrement désagréable et humiliante. Mais une fois le mot « réformé » prononcé, je sortis de là tout guilleret. J’étais encore tout guilleret quand je rappliquai à Sciences-Po deux heures plus tard, tout les copains l’ont remarqué et quand je leur appris le pourquoi, ils ont bien ri. A cette époque-là tout le monde rêvait d’être réformé (sauf ceux qui ambitionnaient d’entrer à l’ENA car cela pouvait faire tache dans leur future carrière politique).