Je suis en train de lire un passionnant ouvrage : Histoire de la Restauration, 1814-1830, par E de Waresquiel et B Yvert.
Quel rapport avec le traité de Versailles ?
Eh bien je découvre les principes, le contenu et les suites du traité de Paris du 20 novembre 1815 (celui donc d'après les Cent-Jours) :
- tout est de la faute de Napoléon (et accessoirement de la Révolution)
- le traité a pour but de restaurer le gouvernement royal pour assurer la stabilité de l'Europe
- retour aux frontières de 1790 au lieu de 1792 soit quelques bouts de territoires et places fortes perdues en Allemagne, mais aussi la Savoie. (De ce point de vue la France s'en sort bien, la Prusse aurait souhaité une amputation territoriale plus conséquente)
- occupation partielle du pays par 150 000 hommes pendant 5 ans aux frais de la France
- indemnités de diverses sortes (dont 700 millions à payer aux Etats)
- conférence des ambassadeurs des 4 grandes puissances à Paris qui, 2 fois par semaine, allaient se réunir pour porter un avis sur la situation intérieure (donc la politique du gouvernement) et le transmettre à leurs souverains. Et qui en pratique ne manqueront pas de conseiller le gouvernement français sur ce qu'il convient de faire pour permettre la fin de l'occupation du pays.
Toutes choses égales par ailleurs, les 2 premiers points ci-dessus, et le dernier, me semblent les plus marquants.
Tout mettre sur le dos de Napoléon est évidemment logique (et compréhensible après l'échec de la première restauration), mais c'est passer sous silence, a minima, la déclaration de guerre formelle de l'Angleterre (1803, après la traditionnelle saisie des vaisseaux marchands français), sans parler des déclarations de guerre autrichienne et russe de 1805 et de l'ultimatum prussien de 1806. Et c'est également oublier les protestations de paix de Napoléon lors de son retour en 1815, auxquelles répond la mobilisation alliée.
Mais bon : Napoléon a perdu, donc c'est lui le responsable. Et c'est là qu'on rejoint 1919...
Et puis surtout : les alliés dictent à la France le régime politique qu'elle doit avoir. Ni Napoléon, ni son fils, ni la république, mais les Bourbons et la Charte. Et les ambassadeurs présents à Paris, et les 150 000 soldats qui vont avec, s'assureront pendant 3 ans qu'on s'en tient là. Dans l'histoire contemporaine, c'est à ma connaissance la seule fois où l'ingérence dans les affaires intérieures d'un pays vaincu va aussi loin, sauf pour l'Allemagne en 1945. Et peut-être pour... les conquêtes de Napoléon
A noter que comme en 1919 (et comme souvent), il revient à un nouveau régime (la Restauration, ministère Richelieu) de signer le traité provoqué par la défaite du régime précédent.
Il serait intéressant de savoir si la propagande bonapartiste a fait ensuite état d'un "coup de poignard dans le dos" ou son équivalent... Mais en l'occurrence même si en 1815 il n'y a pas eu de bataille sur le sol français, le territoire a été occupé (et il y avait eu la défaite de 1814).
Dans mes lectures sur le traité de Versailles, je n'ai quasiment pas trouvé mention ou référence à ce traité de Paris de 1815 (le congrès de Vienne est mentionné, mais plutôt comme une méthode de négociation - qui d'ailleurs n'est pas retenue puisqu'on exclut l'Allemagne des débats ; mais le traité de Paris, non). Pourtant, difficile d'imaginer que les diplomates français (et sans doute britanniques) de 1919 n'y aient pas songé. Après tout, nous discutons aujourd'hui passionnément d'un traité qui a cent ans, les diplomates de 1919 ont très bien pu faire de même, et ils avaient de meilleures raisons que nous de le faire.