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Kurnos a écrit :
... j'ai l'impression que le facteur discriminatoire doit aussi jouer. Les femme esclaves peuvent(doivent?) vivre à moitié dénudées. Tout comme les dhimmis ? ... groupe de femmes pures ce qui permet de désigner les autres comme des impures.
Je suis toute autant ignorante du sujet mais moins de l'Empire ottoman (jusqu'au sultanat des Femmes – ce qui montre, par le nom de cette période, que les femmes avaient sinon "
le" au moins "
un fort" pouvoir politique officieux, issu du harem...). Il faut déjà cesser de les voir comme des potiches sexuelles. Un harem fonctionne plus comme "un couvent" vu les règles. C'est une communauté hiérarchisée de femmes avec certaines qui enseignent aux nouvelles venues etc. En haut de la pyramide la "
validé" (mère du sultan). Elle a tout pouvoir, elle peut décider que telle ou telle femme du harem va "épouser" tel ou tel fonctionnaire par exemple. Et tant d'autres choses encore. C'est un petit état avec son économie intérieure et des règles à n'en plus finir. Ajoutons à ceci que le harem ne se situait pas à Topkapi Sarail mais dans "le vieux palais". Il faudra attendre Hürrem Sultan pour que ceci change. Les femmes étant alors dans le lieu de pouvoir, au sein de ce lieu, il sera plus aisé de manoeuvrer politiquement.
Les femmes ne vivent pas "
à moitié dénudée" et ce... même à l'intérieur du hammam. Oublions donc...
Les femmes dhimmis ne vivent pas plus dénudées, elles s'habillent selon la latitude qui leur est faite -dans leur culture d'origine- simplement certaines couleurs, étoffes sont interdites (idem pour les hommes). C'est ainsi. A l'intérieur du millet, je ne pense pas que l'autorité religieuse (rabbin etc.) souhaite tout autant des femmes nues. Existe-t-il une religion autorisant les femmes nues à déambuler ? Si oui, je ne vois pas laquelle.
Là, j'évoque Istanboul ou toute autre ville musulmane mais en Roumélie où les musulmans sont les moins nombreux, les femmes continuent de s'habiller comme avant l'arrivée ottomane. Si on ne cherche pas à convertir, pourquoi exiger de porter un "habit" bien spécifique ? Il faut être logique...
Je n'évoque pas la notion de "
pureté" car elle est trop floue présentée ainsi. Je ne relève pas non plus ce qui tiendrait d'une stigmatisation et appartient plus à la fantasmagorie de chacun.
Concernant Rania de Jordanie, c'est une femme de son temps. Je ne vois -actuellement- que très peu d'épouses d'hommes au pouvoir dans ces contrées porter un voile lors de leurs sorties. A moins de se trouver dans des pays "d'islam rigoriste" mais là... Il se trouve qu'il n'existe pas de "première dame" représentative...
Nous sommes toujours dans une
forme qui s'essaie -ce n'est que mon avis- à pallier un
fond qui peut/pourrait donner l'impression d'être "assez léger".
Ceci pourrait être compris à une époque lointaine où la compréhension du texte n'était pas toujours bien présente mais on "obéissait". Alors parfois ceci tenait d'une ancienne coutume remixée, d'us, de bon sens etc. le tout servi sous la caution de la "religion".
Pour ce qui est évoqué par Léonard, rien ne s'appuie sur des textes. Ceci tient de la coutume. La sobriété des couleurs (ce qui correspond souvent au demi-deuil en France) ainsi que l'absence d'accessoires était de mise. Contourner les rigueurs, on n'y songe pas car lorsque vous naissez au sein d'une communauté X ou Y, ceci n'est pas ressenti comme une "
rigueur". Le mot "rigueur" existe pour celui qui a une vision de la communauté extérieure à celle-ci et selon des critères qui lui sont propres.
Personnellement, je n'aurais pas souhaité être une reine de France car l'humiliation d'avoir à côtoyer sans cesse les maîtresses de mon époux -et ce même pendant l'office religieux- me porterait un peu à la nausée, noter le côté très courtisant du prêtre officiant me poserait certainement un problème. Maintenant c'est une vision de femme du XXème.
Sous toutes les latitudes, le pouvoir fait qu'en effet on "contourne" ce qui "ennuie" ; c'est plus difficile avec la religion musulmane parce-que celui qui détient le pouvoir est aussi l'exemple du rapport au divin -avec les "contraintes", les exigences, les commandements etc.- inhérents.
Accessoirement que ce soit de la soie [le foulard] (il faut pouvoir se l'offrir) ou n'importe quel tissu, les endroits du corps à voiler sont identiques. Agrémenter le voile ? On ne peut pas tout simplement pour des raisons qui tiennent plus à la couture (là j'entends le mot dans sa fonctionnalité et non dans son côté esthétique comme la "Haute couture"). Si on peut éventuellement "rebroder" sur de la soie sauvage (le rendu n'est pas des plus esthétique), le faire sur de la mousseline de soie est impossible et on peut décliner les problèmes "d'aiguille" selon les tissus. On pourrait avoir un voile de brocart richement décoré mais bon, respirer sous du brocart, bonjour ! Surtout lorsque le reste de la tenue est en tissu léger vu la chaleur... Un second problème donc : l'esthétique. Les tissus employés dans des pays chauds sont légers. Rebroder sur du lin, c'est difficile, il est donc plus évident d'agrémenter. Les boutons seront des perles ou des pierres. Les boutonnières plus travaillées etc. Le port de bijoux de cou est très présent. Le port de ces bijoux montre que le cou n'est pas caché à l'intérieur de la maison/endroit réservé aux femmes/moment où Madame voit Monsieur et partage un peu de temps avec lui etc. La plupart du temps, c'est d'ailleurs cadeau de Monsieur.
Moi, ce qui m'interroge est le rapport au pèlerinage... pour commencer parce-que ceci semble s'inscrire dans une continuité de culte ante islam:
https://journals.openedition.org/asr/407https://fr.wikipedia.org/wiki/B%C3%A9tyleJe sens aussi -à tort sans doute- une sorte de "réticence" à l'échange dès qu'il s'agit d'évoquer telle ou telle "recommandation" qui tient lieu de "pilier" selon que l'on soit sunnite ou appartenant à une autre branche. Ceci m'interpelle d'autant plus que la "forme" semble prendre le pas/pallier à un "fond".
On se retrouve donc en face d'une liste interminable d'interdits, d'autorisations -certains dans le simple bon sens et afin de régir une vie en communauté- et d'autres tout de même un peu "légers". Comme si l'accumulation de lignes, textes, hadiths etc. étaient présents pour mieux s'insinuer dans l'intimité de chacun faute d'avoir une sorte de socle suffisamment solide pour qu'une fois les lois sur la "forme" expurgées, il ne reste pas grand chose des grands traits de la religion en question.
De nos jours où justement tout ce qui est "forme" est un choix individuel, ceci n'empêche nullement le rapport au divin. Ma question est donc : dans certains pays musulmans, si on enlève ces multitudes de coutumes/commandements un peu surannés, reste-t-il un rapport au religieux suffisamment consistant pour que l'on puisse y voir une "religion", un chemin vers une foi, une évidence spirituelle ?
Et là, je reste un peu en rade...
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