En attendant, quelques vues de la première chambre de Napoléon 1er aux Tuileries, dans l'ancienne chambre de Marie Thérèse, avant que la chambre impériale ne soit déplacée, en 1808-1809 sur l'emplacement de l'ancienne chambre du roi.
On sait que Napoléon Bonaparte devenu Premier consul s'installe aux Tuileries avec les deux autres Consuls (Cambacérès et Lebrun) en février 1800. Il occupe alors, et jusqu'en 1814, l'ancien appartement de Marie-Thérèse, la petite chambre de la Reine devenant sa chambre à coucher, plus exactement une chambre de parade puisqu'il dort chez Joséphine, juste en dessous.
Jean Pierre Samoyault a consacré un article à l'appartement de Bonaparte aux Tuileries. Comme la très grande majorité des éléments mobiliers existent j'ai tenté une restitution.
D'après Jean Pierre Samoyault, le mobilier décrit dans l'inventaire du 1er janvier 1807 (le premier que l'on ait) reflète l'ameublement du Premier Consul, à l'exception du lit et des sièges, qui sont ceux de la chambre de Louis XVI à Saint Cloud et qui ont été amenés en 1804. Il a identifié ceux du Consulat avec l'ensemble encore actuellement dans la chambre du petit appartement de l'empereur à Fontainebleau, où ils ont été amenés en 1805 (installés d'abord dans la grande chambre, de 1805 à 1808).
Pour rappel, le plan de l'appartement de l'empereur :
La chambre du Premier consul correspond au n°5, devenu cabinet de travail en 1809.
Voici donc une petite visite de la chambre...
Comme Napoléon dès potron-minet, sortant de la chambre de Joséphine pour rejoindre notre cabinet de travail, nous gravissons le petit escalier coincé entre la chambre et ledit cabinet (n°5 et 6 du plan ci-dessus). Cet escalier est peint à l'imitation de pierre, et éclairé par des manchons en fer blanc. Le valet est là pour donner l'échelle (cet escalier est vraiment très étroit) et se trouve dans l'embrasure de la porte qui ouvre sur la salle de bains installée de l'autre côté du palier, dans l'ancien oratoire de Marie-Thérèse.
La chambre est donc celle de Marie-Thérèse, qui a servi à Madame Royale et qui a conservé son décor Louis XIV de Jean Nocret et Franscisque Millet. On peut rappeler que deux des quatre paires de porte d'origine sont présentées au Louvre depuis peu.
La chambre est divisée en deux parties par deux tapis (ici des évocations) qui délimitent une alcôve et un "salon", délimitation renforcée par deux rideaux de taffetas vert avec comme bordure celle de la chambre de la reine à Versailles.
Le lit est couvert d'un velours chiné (modèle conservé) livré par Pernon en 1787. En chaire à précher, il est d'un modèle "à l'antique" bronzé et doré, c'est le frère de celui livré à Saint-Cloud également pour Napoléon et récemment identifié. Ce lit s'accompagne d'un ensemble de sièges sur le même modèle : deux bergères, six fauteuils et huit chaises que j'ai disposés "à l''étiquette".
Quatre paires de portières du même velours chiné garnissent les portes de l'enfilade donnant sur le Second salon du Premier consul et son cabinet de travail) et sur le petit escalier. Une paire de rideaux verts habille la fenêtre.
Les meubles qui accompagnent ces sièges, encore présents en 1807 sont assez nombreux : deux lavabos (un en acajou maintenant au Louvre, l'autre à cuvette soutenue par quatre pieds), un somno en acajou sur lequel le mot est écrit (aujourd'hui au Grand Trianon) une des tables à écrire en acajou à galerie d'ébène (faite pour Thierry de Ville d'Avray et maintenant à Versailles), une petite console en demi-lune.
Vue vers l'enfilade de l'appartement du Premier Consul. On aperçoit par la porte ouverte, dans le second salon, la commode de la chambre du roi à Compiègne, installée dans l'ancienne grande chambre de Marie-Thérèse.
On compte également deux commodes (celle en laque de Carlin et celle en acajou, d'un modèle identique à une commode à Versailles), une table à quadrille et un guéridon à pied tripode et dessus octogonal de marbre bleu turquin. La cheminée comprend un feu identifié, mais je n'ai pas (encore) retrouvé la paire de candélabres (à trois lumières, une femme ailée en bronze tenant une lampe et reposant sur un piédestal en forme d'obélisque en marbre vert de mer) et la pendule (dite "l'amour maternel" de Robin).
Six flambeaux complètent l'éclairage de la chambre, laquelle n'a pas de lustre.