Rivoli a écrit :
Je parle du mois de septembre. A ce moment là, Joffre a pu extraire son armée de la menace enveloppante et continu sa retraite jusqu'à la Marne. C'est bien lui qui a choisi le champs de bataille, organisé les armées et leurs dispositions.
Oui, vous parlez de la Marne, c'est en septembre, je ne suis pas simplet.
Si je parle du mois d'août (et de la vision fausse que vous en avez) c'est bien sûr parce que c'est le déroulé des évènements du mois d'août - que je vous engage à étudier - qui explique la déroute aux frontières et le fait que la retraite se soit poursuivie aussi bas que la Marne.
(Heu... vous lisez ce que j'écris, ou bien ? Je me répète, là !)
Il a pu "extraire son armée" ? Il a choisi le champ de bataille ? Vous rêvez !
Déjà on ne parle pas de SON armée, mais de ses armées.
Les deux armées de l'aile gauche, soit Maunoury, l'armée de Paris, et surtout la 5ème armée (Franchet d'Esperey, qui vient de remplacer Lanrezac) ont les Allemands sur les talons et l'épée dans les reins.
Elle n'aura pas à "se placer", mais simplement à faire demi-tour.
Von Kluck a quelque peu délaissé Maunoury, à peine masqué par un corps de réserve, et c'est cette erreur que Gallieni va constater et décider d'exploiter immédiatement.
mais Joffre n'a "extrait" aucune armée de la pression ennemie. (Je ne parle pas des Anglais.) En revanche il a commencé, et ce mouvement est entamé depuis au moins 10 jours, à ramener des divisions de son aile droite. (L'armée Maunoury a été créée comme ça, mais elle était supposée agir sur une ligne d'arrêt bien plus au nord. Las, il a fallu dérouter les trains plus au sud pour qu'elle puisse débarquer sans risques. comme "extraction"...) Il a créé en particulier le détachement d'armée Foch - qui devient la 9ème armée - positionné à droite de la 5ème armée, parce que c'est là qu'il faut faire face.
Le choix du champ de bataille ? Le positionnement des armées ? Lorsque Gallieni constate (reconnaissances de cavalerie + reconnaissances aériennes) que Von Kluck lui prête le flanc, d'abord il donne directement des ordres à Maunoury - l'armée de Paris est en théorie sous ses ordres, ce que Joffre ignore délibérément, mais Gallieni prend l'initiative - pour qu'il se porte vers l'est. Ensuite il fait savoir au GQG que cette armée attaquera le lendemain. Enfin il appelle Joffre.
Joffre est alors occupé à préparer une bataille plus au sud : l'état de la 5ème armée exige un sursis. (Cette question inquiétera sérieusement les généraux de cette armée : Pétain et Mangin, craignant que les hommes à bout se révoltent en recevant l'ordre d'attaquer, allèrent chacun se placer à la tête de leur division : ils furent acclamés. Se battre signifiait d'abord la fin de la retraite : encore une étape de 40 km ? Non, les soldats l'ont dit, ce fut un soulagement de savoir qu'ils n'auraient pas encore une marche forcée. "Joffre a extrait son armée et l'a positionnée" : vous plaisantez ?)
Gallieni : - Je veux parler au général Joffre.
- nous vous passons le major Berthelot.
(Joffre ne répondait JAMAIS au téléphone. "Je ne comprends rien à cet ustensile." En réalité, il détestait devoir donner une réponse immédiate, et se donnait systématiquement le temps de la réflexion. Honnêtement, à son rang ça peut se défendre, sauf situation de crise. Mais on y était.)
Galliéni : - Je ne veux pas le major Berthelot. Je veux parler de vive voix au général Joffre !
Il finit par obtenir qu'il se déplace, et lui explique ce qu'il va faire. (Joffre a été sous ses ordres à Madagascar.) Réponse : - c'est entendu.
On se battra donc sur la Marne.
Du coup, Joffre a immédiatement du pain urgent sur la planche. Il a déjà sondé ses généraux de droite, mais n'a pas encore de réponse. Les Anglais sont au diable, avec une marche d'avance (24h00) dans la retraite.
Un télégramme envoyé à Castelnau, je crois, commence par :"Le général Gallieni ayant pris l'initiative,
peut-être prématurée, d'attaquer la droite allemande à l'est de Paris..."
Autant pour la bataille ou il a "placé son armée", après l'avoir "extraite de la pression ennemie"... Sur la Marne est d'ailleurs inexact : à ce moment les trois armées concernées (les Anglais, Franchet d'Espérey et Foch) sont déjà nettement au sud de la Marne.
Rivoli, vous devriez lire un peu sur la déroute aux frontières, sur la retraite et sur la Marne. Je ne prétends pas à l'exactitude parfaite, mais vous êtes à côté de la plaque. En particulier vous sous-estimez la situation d'urgence critique où se trouvaient les armées françaises. Votre vision d'une bataille préparée ne correspond pas à la réalité.
je vous conseillerais "La Marne" de Georges Blond. Il n'est pas historien, dans l'absolu, mais il a le don du récit, ce qui est bien, vu les conditions dans lesquelles les soldats ont vécu cette bataille.
Quelqu'un pourra peut-être vous conseiller un ouvrage qui porte sur toute la période ? (allant de août à fin septembre.)