J'ai lu "Einsatzgruppen" de Michaël Prazan aux éditions Seuil. On y trouve plusieurs témoignages sur les atrocités nazies à l'Est.
Le témoignage d'Adolf Wislowski dans la région de Lviv en Ukraine :
Citer :
C'était à la fin de la guerre. Lorsque le front a commencé à basculer à l'ouest, ils ont fait venir un groupe de Juifs. Ils étaient entourés de barbelés, on leur a construit un abri. Ils sortaient ceux qui se trouvaient dans les fosses et ils les brûlaient. Dans cette forêt, il n'y avait pas moins de 59 fosses ! C'était vers l'automne 1943, et cela a duré jusqu'au début 1944. Le front était à Termopil. C'est après avoir ouvert devant le monde entier les fosses de Katyn qu'ils ont décidé cela. Ils déterraient et brûlaient les cadavres jour et nuit, tant il y en avait. Pendant ce temps, les exécutions se poursuivaient. Ils continuaient à faire venir des gens et à les fusiller, même si c'était plus rare. Marcher sur la route alors qu'on assassine... On a du mal à passer à côté d'un abattoir, alors ici, avec tous ces gens tués et brûlés ! Nous habitions à cinq cents mètres de là. Lorsque le vent venait de ce côté, on entendait les tirs, et même les cris. On avait peur qu'à la fin, ils nous mettent dans la fosse, parce que nous étions témoins de ce qu'ils avaient fait. Nous vivions au jour le jour. Et lorsque les crémations ont commencé, quelle puanteur ! Car ces cadavres étaient là depuis deux ou trois ans. C'était une telle puanteur et la fumée montait si haut (ils versaient quelque chose la-dessus, pour que ça brûle mieux) que nous allions nous réfugier loin dans les champs. Vous savez, il est même difficile de dire ce que c'était. Imaginez-vous vivre ici, lorsque sans arrêt, année après année, on fusille, et puis on brûle les gens ! Ils sortaient les cadavres et ils en faisaient deux gros tas qu'ils incindiaient en même temps. Là où nous sommes assis, à cet endroi même, il y avait une sorte de petit camp de concentration entouré de fils de fer barbelés et de miradors. Les Juifs habitaient dans des baraquements. Les autres baraques du camp étaient occupées par les Allemands. Là-bas [Adolf nous indique un endroit situé à une dizaine de mètres], il y avait des latrines et cette machine à broyer les os. Les os qui ne brulaient pas, ils étaient mis dedans. Elle fonctionnait si bien qu'il n'y avait plus aucune trace de rien après cela. Ensuite, ils mettaient les cendres dans des sacs et ils les emportaient quelque part.