Darwin1859 a écrit :
Commode-le-clément a écrit :
Si on s'amuse on peut même placer la fin de l'ère médiévale japonaise au milieu du XIXe siècle. .
Ce serait confondre le Moyen-Age et la féodalité: même si l'ère médiévale et l'ère féodale se chevauchent elles ne se confondent pas. L'ère Meiji est rarement décrite comme médiévale.
Commode-le-clément a écrit :
il ne veut pas non plus complètement renversé la division des époques traditionnels, il veut juste montrer qu'entre le monde médiévale...
JLG ne parle pas de
renverser la division
traditionnelle, mais en propose une parallèle, qu'il croit tout aussi cohérente, et argumente avec une grande justesse sa conception d'un monde
médiéval qui se poursuit jusqu'au 18es.
“Dans les domaines aussi bien économique, politique, social que culturel, il n’y a pas au XVIe siècle, et de fait jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, de changements fondamentaux qui justifieraient la séparation entre le Moyen Âge et une période nouvelle, différente, qui serait la Renaissance.” L'objection e st valide et la démonstration convaincante. La nature des échanges économiques, des voies de transport, ne change vraiment qu'au milieu du 18e s. Il s'appuie également sur Fernand Braudel qui voit une continuité dans les habitudes alimentaires, le cycle de famines et épidémies, jusqu'au 18e s, et parle d'une révolution céréalière, la "révolution du pain blanc", vers la fin du 18e s. JLG convoque d'autres historiens qui ont cette vision longue, comme Norbert Elias.
1) L'ère Meiji met justement fin à la féodalité et à l'isolement du Japon. Il y a un historien qui défendait le fait que le Japon restait au Moyen Âge jusqu'à cet ère. Je ne reviens pas dessus, mais c'était intéressant comme lecture, même si je n'en suis pas plus convaincu que ça (déjà parce que je pense que la notion de Moyen Âge que nous avons ne saurait être complètement la même que celles des autres continents).
La féodalité et la société d'ordre sont bien des points déterminants pour définir le Moyen Âge.
2) Dans un autre livre, il remet bien en question les classifications. Même si c'est plutôt le même but que ce que j'ai énoncé qu'il cherche (à savoir qu'un historien doit être souple, ne pas se contenter d'une seule période).
L'objection est certes convaincantes (je l'ai dis moi-même), mais Le Goff ne cherche pas non plus à renverser complètement l'idée d'une séparation Moyen Âge - Temps Modernes. Il va même par moment volontairement contre sa thèse (comme tout vrai scientifique), rappelant que si l'on reste fondamentalement dans le même monde philosophico-politique, il y a tout de même des changements de perception du monde justifiant le fait qu'on change d'époque (l'imprimerie - la découverte de l'Amérique - la révolution copernicienne - la Réforme). L'idée qu'il faut surtout en retenir (il le rappelle dans sa conclusion de mémoire), c'est que de la fin de l'Empire Romain à 1789 (et encore c'est schématique : la Révolution Américaine n'a-t-elle pas été autant déterminante sinon plus dans la vision libérale que nous avons aujourd'hui ? ), on est toujours dans une société d'ordre. C'est surtout la vision du monde qui semble déterminante (car les échanges économiques elle évolue tout de même en plus de 1300 ans), car avec la Lumière et les Révolutions, c'est surtout ça qui change. On passe d'un monde d'ordre et inégalitaire, à un monde où chacun serait égaux (en droit), et où l'individu devient une fin en soi.
Par contre, je vais être tatillon, mais bien que passionnant, Norbert Elias n'est pas un historien.^^