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Message Publié : 12 Juin 2019 12:38 
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Revenons au fond, les neuro-paléontologues mesurent les volumes internes et explorent les répartitions de ces volumes, ainsi que les traces laissées sur les faces internes par les structures des cranes. Ils notent les évolutions et essayent d'en tirer des conclusions. Mais, eux-mêmes relativisent leur travail en parlant des cranes découverts en Géorgie, à Dmanissi. Plusieurs cranes venant d'humains primitifs, et avec une telle variabilité que si on ne les avaient pas trouvés dans le même lieu on les aurait classés dans des groupes différents. Il faut tenir compte des variabilités individuelles. Ainsi, à Dmanissi, 2 des crânes ont plus de 730 cm3. Ce sont pourtant le crâne d'une femme (réputée avoir une capacité cérébrale plus faible) et d'un adolescent, donc dont le crâne n'avait peut-être pas sa taille adulte. Les 3 autres crânes ont un volume de 540 à 680 cm3. En pourcentage, cela fait déjà une assez grande différence . Voici ce qu'en dit Wikipedia :
Citer :
Le volume endocrânien des cinq fossiles trouvés à Dmanissi varie de 546 à 730 cm3, ce qui correspond plus ou moins à la variabilité trouvée chez Homo habilis (de 550 à 700 cm3 environ).


Citer :
Pour l'équipe de chercheurs de 2013, l'échantillon de Dmanissi fournit une preuve directe de la grande variabilité morphologique existant à l'intérieur des premières populations d’Homo, aussi bien qu'entre elles. De la comparaison des crânes de Dmanissi et des fossiles de la même période découverts en Afrique et en Asie, ils tirent la conclusion que plusieurs appellations taxonomiques existantes au sein du genre Homo seraient à regrouper.


En fait, on classe les populations anciennes en fonction de la taille du volume endocrânien. On part plus ou moins du principe que plus celui-ci est grand, plus les capacités intellectuelles sont développées ... Mais, cela est à relativiser. Pour démontrer cela, on va faire un bond dans le temps, Homo georgicus, c'était il y a 1,7 millions d'années, allons à -176 500 BP (environ), dans la Grotte de Bruniquel.

Il y a un documentaire qui passe sur Arte au sujet de cette grotte est qui est disponible sur le site d'Arte : Néandertal : le mystère de la grotte de Bruniquel. Je vous conseille d'y consacrer les 55 minutes nécessaires à le visionner. ;)

On y apprend quelque chose d'assez important. Avant la découverte de cette grotte, pas mal de monde pensait que Sapiens avait amené une révolution en ce qui concerne la pensée conceptuelle et symbolique humaine. Il y avait quelques indices qui mettaient en cause depuis quelques temps cette Révolution artistique paléolithique. Déjà, on avait fait des découvertes en Afrique qui mettaient l'apparition de certains traits vers -200 000 / -150 000 BP. Et on découvre cette grotte, et on la date ... Bref, les humains vivants il y a environ 170 000 ans, que ce soit en Afrique ou en Europe, et sûrement en Asie étaient capables de réaliser des choses qu'on n'imaginait pas réalisable avant - 50 000 BP. Coté artefacts retrouvés, il n'y a pas de rupture technologique à cette période. Or, l'un des postulat de base était que les ruptures dans l'évolution des capacités intellectuelles devaient entraîner des ruptures technologiques et culturelles. Si on maintient ce postulat, il faudrait en déduire que les d'humains de périodes encore plus primitives avaient aussi ces capacités.

Comme nous l'avons déjà évoqué dans diverses interventions, il y a des chercheurs qui pensent que certaines évolution ont eu besoin d'une maturation intellectuelle. D'autres se basent sur un autre constat et qui vient un peu contredire :
Atlante a écrit :
J'ai bien peur d'avoir une réponse, Skippy, tout au moins pour les humains : l'humain est naturellement flemmard et opportuniste. Il évolue sous la pression des éléments, pas quand tout va bien autour de lui. Des humains ont vécu isolés sur leurs îles, à l'écart du reste du monde pendant des millénaires, sans changer de mode de vie depuis l'arrivée de leurs ancêtres sur lesdites îles. Pourquoi ? Parce qu'il n'y avait aucune pression pour les contraindre à changer de mode de vie. Quand tu as l'eau, la nourriture en quantité suffisante à proximité et un climat clément en permanence, pourquoi te casser la tête à développer des techniques plus élaborées pour produire plus (tout au moins en l'absence de monnaie ou de système de valeurs financières) ?


En fait, la plupart des espèces animales sont très conservatrices. Quand elles sont adaptées à un environnement, elles se contentent d'exploiter celui-ci sans forcément chercher à explorer d'autres niches écologiques ou d'autres environnement. C'est un constat qu'ont fait de nombreux écologues. Il y a parfois quelques individus marginaux qui sortent un peu des règles de base de leurs groupes, mais il y a une très forte mortalité chez ces marginaux... Sauf quand les conditions évoluent, et ce sont ces marginaux qui représentent parfois la chance du groupe à survivre. Si on suit ces chercheurs, les humains, durant de très longues périodes, ont simplement reproduit à l'identique le mode de vie de leurs ancêtres, sans trop chercher à le modifier. Mais, donc, en n'exploitant pas l'intégralité de leurs capacités : ils n'en avaient pas besoin. Ce serait la nécessité qui les auraient faits évoluer. Mais, Bruniquel remet aussi un peu en cause ce postulat en montrant que l'on n'a pas pris en compte la richesse de la vie symbolique de nos lointains ancêtres...

Il y a une 3ème possibilité : pour réaliser des évolutions, il faut avoir le temps et les capacités de les inventer. Cela suppose d'avoir du temps libre, mais aussi d'avoir une certaine masse critique d'humains en interaction pour idéaliser ce nouveau mode de vie et le mettre en application. Pour les néandertaliens, il faut se rappeler que la variabilité génétique des fossiles retrouvés montre que la population totale, à certaines périodes ne dépassait pas les 7000 individus. 7000 individus répartis sur une domaine géographique qui s'étendait à la péninsule ibérique, la frange méditerranéenne de la France, l'Italie et la péninsule des Balkans. Bref, il n'y avait peut-être pas assez d'individus pour réussir des sauts technologiques.


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Message Publié : 12 Juin 2019 13:24 
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Jean Froissart
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Merci pour ces précisions.
Implicitement je me place dans le contexte histoire, pas l’actuel qui pollue le débat par des idéologies et aussi par la crainte de froisser les idéologies(la non intelligence collective).
Sans en faire état, le dernier siècle, et non l'actualité, peut aider à conforter la logique de l'évolution, l’historien peut ne pas ignorer les statistiques, l'actualité peut lui démontrer que ses hypothèses sur le passé sont totalement erronées.
Sans classer les hommes par leur intelligence on peut distinguer sans ambiguïté les démarches rationnelles ou irrationnelles.
Considérons deux individus à deux époques différentes :
Avant la connaissance de l’héliocentrisme et bien avant Aristarque de Samos => tous deux peuvent être convaincus de la platitude de la terre.
Après la connaissance de l’héliocentrisme => l’un des deux restera convaincu de la platitude de la terre. => il y a régression intellectuelle relative.
On est d’autant plus ignorant que l’environnement est instruit. Un tronc d’arbre tordu le sera d’autant plus qu'il est entouré de troncs droits.
Comme tout l’intelligence est relative.

Pour mesurer l’intelligence, bien que néophyte, je me garderai bien de prendre en compte uniquement des critères physiques de taille de crane étant donné qu'on ne connaît quasiment rien du fonctionnement de ce qu’il y a à l’intérieur.
Pour la connaissance du cerveau nous en somme à l'âge de la pierre.
J’ai l’impression que la preuve tangible d'intelligence de l'homme est qu'il soit conscient de son insignifiance et de son ignorance par rapport à ce qui lui reste à parcourir, qu'il est parfaitement incapable de mesurer.

On peut quand même estimer l’aptitude à raisonner logiquement :
- je me brûle avec du feu => je ne remet pas la main dans le feu,
- je me brûle avec du feu => je remet la main dans le feu
Il y a une différence d’intelligence dans les deux comportements, pour le même volume de crane.

Dans le passé, probablement depuis la préhistoire, l’homme évitait "intelligemment" les zones à risques naturels, progressivement en devenant intelligent il a colonisé les zones à risques, ça interpelle. (On n'est pas obligé de penser à l'époque contemporaine, … mais ça peut aider)

Je ne connais pas du tout le sujet, j'essaye de comprendre, j’applique une logique de paysan ignorant, circonstances atténuantes : j'en suis conscient.


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Message Publié : 12 Juin 2019 17:39 
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Kurnos a écrit :
Dans le passé, probablement depuis la préhistoire, l’homme évitait "intelligemment" les zones à risques naturels, progressivement en devenant intelligent il a colonisé les zones à risques, ça interpelle. (On n'est pas obligé de penser à l'époque contemporaine, … mais ça peut aider)


Hum, les zones à risques, c'est à nuancer. D'abord, avant la sédentarisation, les zones à risques sont certains obstacles naturels : les montagnes, les océans, certains fleuves... je ne sais pas si on peut déjà parler de déserts, mais il en existe probablement. A priori, ça a freiné certaines avancées dans l'expansion des différentes lignées humaines (principalement Érectus, Néandertal - même s'il n'est pas originaire d'Afrique - et Sapiens), mais pas arrêté. On sait par exemple que l'Australie est déjà atteinte par Sapiens il y a 50 à 60 000 ans, c'est-à-dire très peu de temps après sa sortie d'Afrique. Bon, traverser jusqu'en Australie ne représente pas un danger aussi grand que de franchir le Pacifique ou les courants arctiques, mais pour des "primitifs", c'est un sacré challenge quand même. Des hommes ont franchi la Béringie et colonisé l'Amérique (succédant peut-être à d'autres plus anciens, le débat n'est toujours pas tranché) avant la déglaciation quand cette région à l'est de la Sibérie... ressemblait à la Sibérie elle-même : des températures extrêmement glaciales, la neige, le blizzard, etc... Même s'ils n'avaient pas conscience de marcher vers un autre continent, ces hommes (ces familles, car ce n'était pas seulement des hommes) prenaient tout de même de sacrés risques.

Par ailleurs, le nomadisme, qui est la norme, ne permet pas de mesurer des dangers plus "locaux" mais tout aussi réels comme les crues régulières de certains fleuves, les risques sismiques ou volcaniques, les phénomènes de mousson ou d'ouragan propres à certaines zones...

Après la sédentarisation, on peut estimer que l'homme, effectivement, à force d'observations (et sûrement de catastrophes que la mémoire humaine pouvait transmettre), évitait de s'installer dans des zones à risque. Quoique... Les Pompéiens ignoraient que le Vésuve était un volcan, ce qui a signé leur fin atroce. Mais leurs successeurs, eux, ne l'ignoraient plus... et les pentes du Vésuve ont été à nouveau habitées et cultivées, de sorte qu'actuellement, la ville de Naples, qui compte la bagatelle de 3 millions d'habitants, vit dans l'ombre du volcan. Le risque volcanique ne fait pas fuir les humains parce que leur opportunisme naturel a remarqué que les pentes des montagnes volcaniques étaient fertiles. Les Îles de la Sonde, qui comptabilisent le record de volcans en activité, sont surpeuplées. Le tsunami de 2004 (qui n'a pas dû être le seul du genre au cours de l'histoire humaine) n'a pas poussé les habitants à déserter les littoraux.

Moi, j'habite à quelques kilomètres d'un fleuve très capricieux, la Loire. Ses crues dévastatrices sont connues déjà dans l'Antiquité. Depuis l'époque mérovingienne au moins (et peut-être avant), les hommes ont tenté de contrecarrer le phénomène avec des turcies, puis des levées. Pourtant, des traces d'habitats le long du fleuve remontent au Néolithique (pas n'importe où, il est vrai). Mais la plupart des villes, le long du fleuve, grandes ou petites, ont vu le jour sous l'Antiquité, avec des échanges fluviaux divers, des ports, des ponts... Et pourtant, leurs habitants ont dû en essuyer, des crues mémorables et dégâts apocalyptiques ! Et ils sont restés.

Je ne pense pas que le risque fasse fuir les hommes en règle générale, ni maintenant, ni il y a des dizaines de milliers d'années. Juste les ralentir temporairement, le cas échéant.


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Message Publié : 12 Juin 2019 18:54 
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Kurnos a écrit :
Dans le passé, probablement depuis la préhistoire, l’homme évitait "intelligemment" les zones à risques naturels, progressivement en devenant intelligent il a colonisé les zones à risques, ça interpelle.


Pour compléter ce que dit Atlante, il existe une légende urbaine qui consiste à croire que nous sommes plus cons (ou moins intelligents) que nos ancêtres. C'est bien une légende. SI on trouve des fossiles à certaines périodes, c'est bien qu'il y a des gens qui sont allés là où ils ne devaient pas aller. Le tort de l'archéologie est justement d'avoir intégré cet esprit, ou son inverse. Les deux sont dommageables. Les gens du néolithique étaient des hommes comme nous et ils ont installé leurs habitats là où ils avaient avantage à l'installer. Les nomades du paléolithique suivaient les troupeaux de leurs proies, et si ceux-ci passaient dans une zone à risque, tant pis.

Il faut arrêter avec les idées préconçues. Surtout quand des groupes de pression actuels les mettent en avant pour justifier des propos actuels. Nos Anciens n'étaient ni plus cons, ni plus intelligents que nous. Mais, leur environnement était différent. Pour ceux qui doutent de l'intelligence des hommes du passé, j'ai souvent proposé un petit exercice pratique. Il existe un monument en Angleterre où la lumière du soleil rentre une fois par an durant environ 15 minutes lors du solstice d'hiver. Si vous désirez savoir si vous êtes plus ou moins astucieux, cherchez donc à savoir comment faire et faites les calculs nécessaires. En sachant que vous avez un avantage, en quelques clics vous devriez trouver la hauteur azimutale du soleil à la date concernée. Cela doit faire 15 ans que je propose cet exercice et je n'ai jamais trouvé personne pour essayer de relever ce petit défit...


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Message Publié : 12 Juin 2019 19:15 
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Atlante a écrit :
Des hommes ont franchi la Béringie et colonisé l'Amérique (succédant peut-être à d'autres plus anciens, le débat n'est toujours pas tranché) avant la déglaciation quand cette région à l'est de la Sibérie... ressemblait à la Sibérie elle-même : des températures extrêmement glaciales, la neige, le blizzard, etc... Même s'ils n'avaient pas conscience de marcher vers un autre continent, ces hommes (ces familles, car ce n'était pas seulement des hommes) prenaient tout de même de sacrés risques.

Cette migration m'a toujours interpellé. Pourquoi migrer dans le blizzard et des températures basses, au lieu de suivre le soleil, qui indique le sud, en hiver, comme destination chaude.
La seule explication que je vois est la densité de poissons et autres ressources alimentaires en bord de mer. Je pense qu'ils ont longé la côte.

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Message Publié : 12 Juin 2019 19:27 
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Léonard59 a écrit :
Il existe un monument en Angleterre où la lumière du soleil rentre une fois par an durant environ 15 minutes lors du solstice d'hiver. Si vous désirez savoir si vous êtes plus ou moins astucieux, cherchez donc à savoir comment faire et faites les calculs nécessaires. En sachant que vous avez un avantage, en quelques clics vous devriez trouver la hauteur azimutale du soleil à la date concernée. Cela doit faire 15 ans que je propose cet exercice et je n'ai jamais trouvé personne pour essayer de relever ce petit défit...


Ce n'est pas moi qui me lancerai là-dedans, vu mon problème pathologique avec les chiffres ! lol

A la lueur de vos explications, plus haut, je me pose d'ailleurs une question cruciale : la taille (et donc le volume) joue certainement un rôle dans l'évolution de "l'intelligence" humaine. Mais est-ce que la taille (et le volume) définit tout ? C'est certainement plus complexe. Après tout, Einstein, qui avait un QI extraordinaire, avait un cerveau plutôt petit. Néandertal, dont les capacités crâniennes étaient supérieures aux nôtres, était capable de fabriquer des objets et de concevoir l'abstraction mais... il s'est éteint et les traces qu'il a laissées sont plutôt primitives (comparativement à ce que faisait Sapiens au même moment). Et puis un constat tout bête : n'importe qui possédant une intelligence extraordinaire, des talents incomparables et des capacités hors norme n'en devient pas pour autant une sommité. Ce ne sont pas ses aptitudes qui font de l'être humain ce qu'il est, ce sont ses choix. Et ceci est vrai il y a 80 000 ans tout comme aujourd'hui. Parce que certains ont pris des risques et le choix de braver des éléments hostiles (sans doute pas sans dommages collatéraux), ils ont atteint d'autres terres, d'autres contrées plus propices. Qu'allait donc faire Ötzi, tout seul, à 3000 mètres d'altitude, avec tout son barda, alors qu'il était déjà âgé (pour l'époque) et dans un état de santé peu brillant ? Ce n'était sûrement pas la première fois et c'était sans doute un parcours qu'il avait déjà accompli.

Et puis malgré des modes de vie dits "primitifs", des hommes ont bâti des ensembles monumentaux, tels que le Göbekli Tepe, Çatal Hoyük, Stonehenge, les alignements de Carnac... sans grue, sans engins de chantier, sans architectes aux plans complexes, en traînant des pierres énormes parfois sur des centaines de kilomètres. Primitif, ça ne veut pas dire intellectuellement limité. Au contraire, des primitifs qui construisent des ensembles pareils avec si peu de moyens me semblent extrêmement intelligents... bien davantage que les concepteurs du WTC, par exemple (je ne me rappelle plus de l'explication exacte que j'ai vues dans un reportage au moment des événements, mais ces bâtiments étaient construits d'une telle façon que des pics de chaleur extrême, du genre choc avec un avion chargé à bloc de kérosène, provoqueraient un effondrement inéluctable après surchauffe des structures en métal... C'était diablement complexe !). Ou de tout un tas d'édifices modernes à la durée de vie somme toute limitée (je pourrais en citer bien d'autres, mais ce n'est pas le sujet).


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Message Publié : 12 Juin 2019 20:55 
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Atlante a écrit :
C'est certainement plus complexe.


C'est plus complexe, mais les préhistoriens font avec ce qu'ils ont. Ils sont conscients qu'ils ont peu. Ils accèdent au volume endocrânien, ils accèdent aux traces laissées sur l'intérieur des os par les strucutures du cerveau. Ils ont aussi accès aux artefacts et aux réalisations de nos ancêtres. Et à partir de cela, ils essayent de comprendre qui ils étaient. Ils sont conscients que leurs constructions intellectuelles sont bancales. Ceux qui ont regardé la vidéo sur la grotte de Bruniquel ont entendu des choses que d'autres documentaires plus anciens jugeaient impossibles pour une époque aussi ancienne.


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Message Publié : 12 Juin 2019 22:07 
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Grégoire de Tours
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Cette migration m'a toujours interpellé. Pourquoi migrer dans le blizzard et des températures basses, au lieu de suivre le soleil, qui indique le sud, en hiver, comme destination chaude.
La seule explication que je vois est la densité de poissons et autres ressources alimentaires en bord de mer. Je pense qu'ils ont longé la côte.


On peut se poser la question pour tous les établissements dans des contrées plutôt "hostiles"? Pourquoi les groupements humains ne sont-ils pas restés dans des territoires chauds et où le gibier abonde?

Pourquoi être allé s’installer dans le désert, dans la toundra, en Scandinavie, en Alaska?

Pour y chercher de meilleurs terrains de chasse? Pour échapper à des concurrents hostiles et plus puissants? J'ai du mal à croire que les peuplades qui ont traversé le détroit de Bering se sentaient à l'étroit en Sibérie il y a 10 000 ans.

J'imagine qu'ils n'y sont pas allé en aveugle. Peut-être des groupes de chasseurs avaient déjà mené des expéditions, revenant dans leur groupe avec des histoires de terres immenses et giboyeuses?

Une sorte de curiosité instinctive? L'idée qu'ailleurs rime avec meilleur? Après tout, des êtres humains, il n'y a pas si longtemps, se sont entassés dans des boîtes de conserves pour aller poser le pied sur la Lune... De là à aller s'y installer...

C'est une question effectivement intrigante.


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Message Publié : 12 Juin 2019 22:39 
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Jean Froissart
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Léonard59 a écrit :
Pour compléter ce que dit Atlante, il existe une légende urbaine qui consiste à croire que nous sommes plus cons (ou moins intelligents) que nos ancêtres. C'est bien une légende. .

Nous sommes bien d'accord et nous ne sommes pas dans ce schémas, ce n'était pas mon propos, convenons pour simplifier d'une intelligence constante, ou bien même l'inverse de l'accroissement de l’intelligence avec les siècles en nous intéressant à l'inintelligence.
La connaissance et l'explication rationnelle de certains phénomènes ne semblent pas parallèlement diminuer les explications irrationnelles qui prospèrent. C'est sur le terreau de l'intelligence que la bêtise semble pousser le mieux.
L'accroissement éventuel de l'intelligence de l'humanité semble aller de pair avec celui de l'aveuglement et la bêtise. Les circonstances seraient aggravantes pour le taux de bêtise du fait de la cohabitation intime avec l'intelligence.
A taux de croissance constants pour l'intelligence et la bêtise, celle-ci pourrait bien ternir l'ensemble par son caractère dominant.
La bêtise et l'aveuglement pourraient bien être accentués par l'intelligence ?
L'homme est probablement plus intelligent, mais l'intelligence semble avoir un caractère récessif par rapport à la bêtise qui a souvent le dernier mot.

Peut être sans rapport avec le sujet, je vais essayer d'y réfléchir, selon Pascal : "L'homme n'est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l'ange fait la bête."


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Message Publié : 13 Juin 2019 6:19 
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Kurnos a écrit :
Peut être sans rapport avec le sujet, je vais essayer d'y réfléchir, selon Pascal : "L'homme n'est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l'ange fait la bête."

Je pense que ça s'adresse plutôt aux phénomènes de fanatisation de ceux qui veulent à toute force atteindre la pureté. Le cas typique à son époque est l'Inquisition, ou Savonarole avant cela, et depuis on a eu notre lot de révolutionnaires qui lavaient plus blanc que blanc... :rool:

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Message Publié : 13 Juin 2019 7:09 
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Grégoire de Tours
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Effectivement, Pascal évoque là la nature humaine et pas son intelligence. Le passage est le suivant :
"Il est dangereux de trop faire voir à l’homme combien il est égal aux bêtes, sans lui montrer sa grandeur. Il est encore dangereux de lui trop faire voir sa grandeur sans sa bassesse. Il est encore plus dangereux de lui laisser ignorer l’un et l’autre. Mais il est très avantageux de lui représenter l’un et l’autre. Il ne faut pas que l’homme croie qu’il est égal aux bêtes, ni aux anges, ni qu’il ignore l’un et l’autre, mais qu’il sache l’un et l’autre. L’homme n’est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bête. S’il se vante, je l’abaisse ; s’il s’abaisse, je le vante ; et le contredis toujours, jusqu’à ce qu’il comprenne qu’il est un monstre incompréhensible. Que l’homme maintenant s’estime à son prix. Qu’il s’aime, car il y a en lui une nature capable du bien ; mais qu’il n’aime pas pour cela les bassesses qui y sont. "


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Message Publié : 13 Juin 2019 8:22 
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La corrélation entre l'évolution de la taille du cerveau et aptitude à l'intelligence du monde semble être plausible(logique), mais avec le comportement rationnel cohérent ce n'est pas évident.
Un ordinateur très performant peut être sujet à plus de dysfonctionnements qu'une calculette, la gravité des conséquences des dysfonctionnements peut être plus importante.
En observant le monde, en toute rigueur et absence totale de modestie(ce n'est pas le sujet), l'intelligence ultime d'un éventuel Dieu ne semble pas exempte de dysfonctionnements, dans l'état de notre perception du monde à un instant donné ?
Comme tout, les capacités et aptitudes à l'erreur sont infinies.


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Message Publié : 13 Juin 2019 10:49 
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En fait, on a le tort de ne parler que d'intelligence. L'intelligence "pure" ne sert pas à grand chose. Ce serait comme celui qui aurait un super-ordinateur, mais sans système d'exploitation. Il faut aussi des connaissances, mais il faut aussi une certaine maturation dans les réflexions.

Dans plusieurs endroits du monde, des chasseurs-cueilleurs ont mis au point des systèmes permettant de vivre du produit de la pêche. Des systèmes très compliqués parfois et qui impliquent de modifier l'écosystème en créant des zones de frayage, des zones où les poissons peuvent grandir et se nourrir en abondance. Et une zone de pêche, on pourrait presque dire des zones de récolte ... On trouve des traces de cela un peu partout dans le monde, et on sait les interpréter, parce qu'on a des témoignages à l'époque historique de tels procédés en Australie et en Amérique. Les plus vieilles traces connues de tels procédés remontent à environ 50 000 ans.

Premièrement, il faut bien comprendre que ce sont des procédés relativement complexes et qui ont du demander la participation de plusieurs dizaines de personnes, voire de plusieurs centaines. Il a fallu bien comprendre le cycle de vie des poissons que l'on va élever. De plus, cela a inféodé les populations concernées à un milieu nourricier spécifique. C'est en même temps une manne, mais aussi une contrainte, car ces systèmes requièrent un entretien régulier. Plusieurs chercheurs pensent qu'il y a un effet de seuil, ou plutôt un effet "à cliquet", c'est à dire que quand une population s'engage dans une telle voie, elle a très peu de moyens de revenir à la situation antérieure. La raison est que l'abondance de ressource produite tend à augmenter les tailles des populations. Donc elles prospèrent, mais du coup, elles ne peuvent plus vivre sur le même espace avec les anciennes méthodes de subsistance. Ce qui fait qu'un retour à la situation antérieure entraine la disparition d'une grande part de la population. Mais, c'est aussi le cas si l'on ne maintien pas le système d'élevage en fonctionnement en ne réalisant pas la maintenance nécessaire. Donc, il faut que cette société soit assez unie pour que le travail nécessaire soit fait, pour que tous bénéficient des ressources qui sont mises en commun.


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Message Publié : 13 Juin 2019 11:07 
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Jean Froissart
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Léonard59 a écrit :
L'intelligence "pure" ne sert pas à grand chose. Ce serait comme celui qui aurait un super-ordinateur, mais sans système d'exploitation.

Merci pour cette analogie, oui, là, je commence à comprendre : un tas de circuits de neurones très performants, n'est pas une condition suffisante.


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Message Publié : 13 Juin 2019 11:49 
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Kurnos a écrit :
Léonard59 a écrit :
L'intelligence "pure" ne sert pas à grand chose. Ce serait comme celui qui aurait un super-ordinateur, mais sans système d'exploitation.

Merci pour cette analogie, oui, là, je commence à comprendre : un tas de circuits de neurones très performants, n'est pas une condition suffisante.


Ensuite, il faut tenir compte qu'un homme seul ne fait pas grand chose... Et c'est là où apparait de nouveau cette notion d'intelligence collective : un groupe d'humains en interraction sont capables de plus grandes réalisations qu'un humain seul, qui serait très intelligent et assisté par une armée de robots dénués d'intelligence.


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