Jerôme a écrit :
Les vêpres provençales?
Non.
Rebecca West a écrit :
Les vêpres marseillaises ?
Oui.
Jerôme a écrit :
Rebecca West a écrit :
Les vêpres marseillaises ?
Et pourquoi marseillaises plus que setoises ou toulonnaises?
Parce que l'évènement eut lieu à Marseille le 17 juin 1881.
Depuis quelques années, la communauté italienne à Marseille augmentait régulièrement (jusqu’à atteindre environ 15% de la population sur un total de 360 000 habitants). On reprochait aux Italiens de conduire à la baisse des salaires dans les grandes industries et parmi les professions liées à l’activité portuaire (notamment les dockers).
Quelques jours plus tôt, le 12 mai, le traité du Bardo instaure la tutelle de la France sur la Tunisie, au détriment de l’Italie, conduisant à des tensions entre les deux pays. Le 17 juin, des troupes françaises revenant d’Afrique débarquent à Marseille et sont acclamés par les Marseillais lors d’un défilé qui va de l’avenue de la République à la Gare St Charles, en passant par le Vieux Port et la Cannebière. Cependant, sur le Vieux Port, cet accueil est aussi accompagné de quelques sifflets et huées, que les Marseillais vont attribuer aux Italiens et une de leur association dont un balcon donne sur le Vieux Port. Dans le contexte de tension internationale entre les deux pays et locale à cause des immigrés italiens, un attroupement se forme, après le défilé, au pied de l’immeuble où se situe le club italien. La gendarmerie et Préfet (en l’occurrence le célèbre préfet Eugène Poubelle – mais qui n’a pas encore imaginé l’invention à laquelle il laissera son nom) tentent d’apaiser les Marseillais. La nuit passe. Le 18, la presse monte l’incident en épingle, demandant réparation tandis que les autorités cherchent à savoir si les sifflets venaient bien du club. En même temps, de groupes de jeunes adultes, des nervis (350 selon certaines sources), arpentent la ville à la recherche d’Italiens au nom du patriotisme, tombant sur plusieurs d’entre eux au cours Belsunce où se tenait lieu quotidiennement une sorte de bourse à l’emploi pour les Italiens, jetant cailloux, pavés et autres projectiles sur tout ce qui est, pour eux, un Italien, tandis que la police, la gendarmerie et de nombreux passants viennent défendre les victimes de ces agressions. Les échauffourées s’étendent sur la ville. La tension retombe le dimanche jusqu’à 18h00 où une vingtaine d’Italiens, armés diversement, décident de chasser les Français pour se venger et attaquent un groupe de jeunes Français. Finalement, un Italien tirera un coup de feu, et les Italiens prennent la fuite devant la foule de Français rameutés par l’incident. Au final, il y aura 3 morts et 21 blessés, et une centaine d’arrestations dès le soir du 19 juin. Des groupes tenteront de relancer la chasse aux Italiens le 20 mais la police, la gendarmerie et l’armée tiennent la ville, l’armée restant sur place jusqu’au 28 juin.
ET la main passe donc à Rebecca West.