Francis Walsingham a écrit :
Pardonnez ma question de néophyte en économie, mais je ne suis pas sûr de comprendre l’intérêt du cash en cas d’inflation ou de dévaluation. Tout l’argent qu’on a chez soi vera immédiatement sa valeur baissée donc avoir des bundesmark ou euro ne permettra pas du tout d’y resister, non ?
Vous avez tout à fait raison, Walshingham. Et d'ailleurs, la relation très particulière que les Allemands entretiennent avec leur monnaie ne se caractérise pas seulement par leur goût pour le cash, mais aussi la détestation atavique de l'inflation. Avec comme épouvantail les mêmes expériences traumatisantes déjà décrites plus haut.
Les statuts de la Bundesbank n'assignent qu'un seul rôle à cette institution: juguler l'inflation. Ces statuts ont largement été repris dans ceux de la BCE, à des années-lumières donc du rôle que sont appelées à jouer la FED ou la Banque de France par exemple.
Je dépasse un instant la limite chronologique pour rajouter que, au XXIème siècle, cette hantise de l'inflation augmente. L'Allemagne est devenu un pays de vieux: solde d'accroissement naturel négatif depuis 1972, 9 naissances pour 1000 habitants (!), âge moyen 43 ans, 21% de la population a plus de 65 ans. Or, plus une population vieillit, moins elle aime l'inflation
il y a très certainement une frilosité liée au changement et l'inconnu, mais cela est difficilement quantifiable
dans une première phase de sa vie où l'on est en situation d'investissement (principalement dans l'immobilier), on a bénéficie de l'inflation, puisque celle-ci va
discounter chaque année le poids de la dette qu'il reste à payer. A contrario, dans une deuxième phase, lorsque ces investissements ont été remboursés, la part relative de la rente à l'intérieur des revenus du ménage augmente. L'inflation va venir grignoter cette rente.
enfin, dans une troisième partie de la vie, quand les revenus ne sont plus du tout ceux du travail mais seulement ceux des pensions et de la rente, l'impact de l'inflation est mortel.
Moralité: en dehors de traits culturels -qui existent indubitablement- l'appétence à l'inflation est directement proportionnelle à l'âge de la population.