Pierma a écrit :
L'article présente le programme de 81 comme une énorme relance keynésienne qui aurait échoué. (Pourquoi ? Du fait de l'inflation, à 14% à l'époque ?)
Le programme de 1981 est bien un programme inspiré, pour l'économie, de Keynes. Je pense que ce sera le seul point où tout le monde sera d'accord.
Les raisons de son échec ? Là, les opinions politiques jouent un rôle et je ne pense pas qu'il y ait une explication qui convainque tout le monde.
Pour moi, la raison peut tenir en une phrase, de Keynes : " les hommes d’action sont d’ordinaires les esclaves de quelques économistes passés […] Les idées que les fonctionnaires, les hommes politiques […] appliquent […] ont peu de chances d’être les plus neuves. Mais ce sont les idées […] qui, tôt ou tard, sont dangereuses pour le bien comme pour le mal."
En d'autres termes, le keynésianisme était adapté au cadre économique des années 1930 et jusqu'aux années 1960, c'est-à-dire à une économique encore relativement peu ouverte et où l'industrie tient une place prépondérante. A partir des années 1970-80, on assiste aux débuts de la mondialisation avec une augmentation des échanges internationaux et donc des mouvements financiers; ainsi, les capitaux fuient plus aisément en 1981 que dans les années 30 à 60 (et d'autant plus vite que le Royaume-Uni et bientôt les Etats-Unis libéralisent leurs marchés financiers, aspirant ces capitaux). De plus, le keynésianisme qui a vraiment fonctionné après la Seconde Guerre mondiale existe dans un monde en pleine croissance (les Trente Glorieuses) alors que, depuis les chocs pétroliers du milieu des 70s, le monde est entré dans une phase de crise économique, c'est-à-dire qu'on ne demande plus seulement au keynésianisme de soutenir la croissance mais carrément de la créer.
A cela s'ajoutent les nationalisations, qui ont un lourd impact sur les finances publics (puisque la confiscation est condamnée par le Conseil constitutionnel), ce qui a un impact sur le niveau de relance que l'Etat peut se permettre (si vous voulez dépenser 100 milliards sur le budget mais que vous en passez déjà 40 en rachats d'actions, il vous reste plus que 60 pour l'investissement pur). Par ailleurs, la gestion de ces entreprises nouvellement publiques, du moins au début, n'a pas été véritablement performante (certains dirigeants produisaient de bons chiffres pour soutenir la politique du gouvernement mais des chiffres faux...).
Ensuite, le programme commun se base sur une relance industrielle au moment où commence déjà la désindustrialisation des pays occidentaux, la cible est donc manquée.