b sonneck a écrit :
Emmanuel de Waresquiel écrit, dans le chapitre où il parle de la rencontre en Talleyrand et Louis XVIII, après le retour du roi (qui débarque à Calais le 24 avril) :
Il a bien connu le roi lui-même, lorsque celui-ci ne s'appelait que Monsieur, au début de la Révolution. Il le sait, comme lui, très habile politique, secret, voire tortueux, ombrageux et très à cheval sur ce qu'il appelle la "considération" qui fonde l'autorité de son pouvoir monarchique (…) Le roi et le prince de Bénévent se ressemblent et c'est pour cela qu'ils se détestent avant même de se retrouver. Tous les deux sont des spectres d'Ancien Régime. Ils ne peuvent pas se séduire puisqu'ils se connaissent. Ils se sont partagé Madame de Balbi avant la Révolution, et le roi ne le pardonne pas. Contrairement à Napoléon, l'héritier de la plus ancienne famille régnante d'Europe n'a aucune raison d'être fasciné par l'aristocratie et le prestige d'un Périgord. Il le lui fera assez sentir. Enfin Louis sait à quoi s'en tenir sur l'homme qui, depuis vingt ans, l'a poursuivi, espionné, qui a sans doute projeté et conseillé de le faire enlever, qui a tenté de l'acheter et de l'avilir. Très soucieux des formes, des règles et des apparences, il n'aime pas cet évêque en rupture de ban et s'en méfie naturellement.
Plus loin, après avoir écrit que l'entourage du roi et plus encore celui du comte d'Artois lui est contraire, l'auteur ajoute : Le roi lui-même le tient pour un "objet d'horreur", en faisant référence à la Correspondance diplomatique du comte Pozzo di Borgo.
Merci pour ce passage très intéressant, qui montre assez que Talleyrand ne pouvait abuser le principal intéressé. Je n'ose même pas imaginer ce que disaient de lui les partisans d'Artois
, eux-mêmes déçus par les concessions de la charte.
Exécration personnelle et, à tout le moins, grande méfiance coté politique !