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Message Publié : 29 Juin 2020 5:43 
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Jean Froissart
Jean Froissart
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Voila une nouvelle fiche de lecture que l'on aurait pu mettre aussi dans le Haut-Moyen-âge, mais que finalement j'ai mis ici comme faisant partie plutôt de la fin de l'antiquité : Attila le fléau de Dieu par Maurice Bouvier-Ajama de 1982.

L'auteur de la fiche, Didier Laffargue, me rappelle qu'il faut enlever le dernier zéro aux chiffres indiqués par Maurice Bouvier-Ajam, sur la foi des renseignements donnés par Jordanès (il l'indique dans la phrase suivante : "Cinq-cent-cinquante mille combattants furent engagés dans cette bataille, l’une des plus grandes de l’Histoire. Il faudra attendre les guerres napoléoniennes et les guerres mondiales pour voir engager des masses de combattants comparables"). C'est ce que sous-entendait l'historien Michel Rouche, biographe d'Attila plus récent.


Attila, le fléau de dieu
Par Maurice Bouvier-Ajam
(1982)



L’origine des Huns est assez mystérieuse. L’hypothèse la moins non envisageable est une hypothèse coréenne, du fait de la ressemblance des mœurs des Coréens avec ceux des Huns.


I. Installation des Huns.

Vers 270, des premiers cavaliers Huns avaient obligé les Alains à les laisser s’installer chez eux. Ensemble, ils avaient envahi l’actuelle Turquie. Ces premiers Huns n’étaient que des éclaireurs. Des Huns blancs sont installés aux alentours de la mer Caspienne ; des Huns noirs (plus basanés) sont sur le versant Ouest de l’Oural. En 374, les seconds, dirigés par Balamir, franchissent la Volga, soumettent les Alains, détruisent le royaume Ostrogoth de Ermanaric, contraignent les Wisigoths à demander alliance à Rome et sont maîtres du territoire jusqu’au Danube.

Il n’y avait pas de royauté hunnique alors chez les Huns. Balamir n’était que le général d’une immense équipée. Les tribus, divisées, se battaient entre elles pour le butin ou comme mercenaires. Après la mort de Balamir, quatre « chefs souverains » lui succédent : Oktar, Mundzuk – le père d’Attila --, Ebarse et Roas. Mundzuk meurt en 401 alors que son fils (né en 395) a six ans. Oktar, perpétuellement agité, multipliait les incursions aux dépens de l’Empire ou des autres Barbares. Ebarse s’occupait des relations avec les autres Huns et de l’ordre intérieur. Roas était sérieux et pondéré.


II. Les débuts d’Attila.

Roas, inquiet de l’action de Uldin, autre chef Hun qui tente de monopoliser l’alliance romaine, demande à Stilicon, mentor de l’empereur d’Occident Honorius, de lui envoyer un notable romain pour décider d’une coopération. Stilicon lui envoie Aetius. Ce dernier a quinze ou seize ans et, à la cours de Roas, se lie d’amitié avec Attila qui n’a que dix ans. Roas reçoit de l’empereur le grade de général romain.

Puis Roas, toujours inquiété par Uldin, envoie son neveu Attila, agé de treize ans, à la cours d’Honorius comme otage (l’otage était alors une sorte d’ambassadeur disposant d’une immunité diplomatique).

Attila est né dans un palais en bois sur le Danube et a connu une enfance plus sédentaire que celles de son père et de ses oncles nés dans des chariots en marche. Contrairement à la légende, il n’a pas eu la joue incisée, opération chez les Huns destinée à apeurer l’adversaire. Un précepteur romain en séjour lui a appris les premiers rudiments du latin, que Aetius a fortifiés. Otage en Italie, il apprend le latin, surtout le grec, s’adapte aux mœurs, à la tenue des Romains tout en conservant sa sobriété hunnique. Il apprend à connaître les forces et les faiblesses de l’Empire, ainsi que les hommes, ministres, généraux, et surtout l’empereur Honorius.

Entre-temps, Oktar est mort en 407, victime de ses imprudences. Ebarse est parti au Caucase mettre fin aux troubles qui agitent les Huns blancs aux prises avec d’autres peuples. Roas est donc le seul chef à l’Ouest. Il rappelle d’Italie Attila, fort d’une riche expérience, et l’associe au pouvoir dés 413. Attila a dix-huit ans. Il est chargé d’une tournée dans les tribus hunniques où il voit avec indignation que l’empereur d’Orient tente de soulever d’autres peuples contre les Huns. Puis il fait de la propagande en faveur de son oncle et de ses successeurs, distribuant ici et là cadeaux ou menaces.

En 423, Attila prête soixante mille hommes à Aetius pour l’aider à soutenir Jean l’usurpateur à la mort d’Honorius. Jean sera néanmoins vaincu. Attila et Aetius sont amis et s’entendent bien. Ils veulent se ménager l’un l’autre. Ils méditent peut-être un partage du monde et croient que si l’un d’eux disparaissait l’équilibre du monde serait bouleversé. On a fait de Aetius un héros. Mais il est très orgueilleux et n’oublie jamais ses intérêts personnels, parfois au détriment de l’empire.

Attila entreprend alors un périple dans l’ « empire » des Huns. Il va chez les Huns blancs, se pose là en maître après la mort d’Ebarse, y développe l’administration (sommaire), fait un immense voyage vers l’Est, conclue un pacte d’amitié avec les redoutables nomades Akatzires, visite les Massagètes, les Hiong nou, et va même en Chine signer un pacte d’amitié avec un gouverneur. Partout, en bref, il consolide l’autorité de Roas dans l’empire Hun, empire fictif et incertain avec des limites imprécises, constitué de nomades, de sédentaires, de citadins, de fédérés, de régions impénétrées. L’empire était composé de plusieurs peuplades hunniques assez différentes les unes des autres. A l'Est, les Huns blancs, sur la Caspienne, sont sédentaires, agriculteurs. A l’ouest, les Huns noirs sont nomades. Certaines société Huns sont monogames. La plupart sont polygames avec des limites. Il existe chez les Huns un certain respect de la femme. Un point commun : ils n’ont pas de religion. Seulement le respect des ancêtres, le culte des héros, l’admission d’un sommeil éternel dans le néant, foi dans le génie des chefs, croyances en pouvoirs divinatoires.

Attila eut trente femmes plus d’innombrables concubines et un grand nombre d’enfants. Sa principale épouse sera Kerka, fille d’un grand chef hun. Elle aura le titre suprême de reine impératrice, sera la seule à être associée à la politique de son mari, recevra des ambassadeurs. Son principal fils sera Ellak.


III. Attila, empereur des Huns.

Roas meurt en 434. Attila se proclame empereur en 435. Ce titre lui permet de s’imposer à égalité avec les empereurs romains. Bléda, son frère aîné proclamé avec lui, n’est pas gênant car il est frustre et alcoolique. Il précise son empire : au Sud, il est limité par le Caucase, la mer d’Azov, la mer noire et les Carpathes, au Nord par une ligne allant de l’Oural au Rhin. Son empire va de la Caspienne au Danube. Attila le place dans les quatre grands : l’empire d’Occident, celui d’Orient, le sien et le lointain empire de Chine.

Attila contraint l’empereur d’Orient Théodose II à signer avec lui le traité de Margus, selon lequel Théodose lui livrera les prisonniers romains évadés, les transfuges et traîtres et surtout devra payer un tribut annuel de 700 livres d’or. Ce traité, pour lequel Attila a recouru à l’arrogance, au chantage, à la menace de guerre, est négocié par les deux ambassadeurs d’Attila : le Grec Onégèse, qui est son bras droit, une sorte de vice-roi, et le Pannonien Oreste, l’un de ses conseillers.

Le personnage d’Attila est le suivant :

C’est un diplomate. Tout le montre : ses ambassades à l’Est, ses premières relations avec les tribus danubiennes, ses relations avec Aetius, l’accord de Margus, son sens du jugement à la cours d’Honorius.

Il est cruel. Mais c’est une cruauté diplomatique. Il massacre les habitants d’une ville non pour le plaisir du mal mais pour forcer à traiter, pour économiser batailles et guerres.

C’est un séducteur. C’est son côté le moins connu. Il aime offrir son assistance, recevoir avec faste, offrir des cadeaux.

Dés 437, tout se gâte : séparatisme des Huns blancs, raids d’Akatzires, invasions slaves. Attila fait face. Il écrase les Akatzires, soumet les Huns blancs, engage des expéditions au Nord. Bléda, son frère qu’Attila venait d’installer dans une ville du Danube, meurt à la chasse. Les Romains dirent qu’Attila l’avait tué. C’est faux car le faible Bléda ne le gênait pas.

Honoria, princesse romaine fille de Galla Placidia, frivole, agitée et en révolte contre la discipline de sa famille, offre le mariage à Attila en lui proposant de demander en dot la moitié de l’empire. Attila refuse mais garde la lettre.

Attila disposait de deux sortes d’armées :

Sa horde de cavaliers sauvages.
Des légions armées à la romaine et disciplinées.


IV. Menace d’Attila sur l’empire d’Orient.

Attila, las des manœuvres de l’empereur d’Orient pour acheter ses fédérés, envoie dans la grande foire de Margus une troupe de Huns qui, feignant d’acheter, se livrent par surprise au pillage. Ensuite, devant les plaintes de Théodose II, il marche sur la ville et oblige l’évêque Andoche à la lui livrer. Théodose II demande l’aide de l’empereur d’Occident, mais, peut être à cause de l’intervention d’Aetius, celui-ci lui refuse son appui.

Poursuivant son avantage, Attila s’empare de Sirmium, grande ville de l’empire. Il ravage ensuite la Mésie et s’empare de Naïsse en Serbie. Puis ses armées restent cantonnées à Constantinople et ne bougent plus, soit du fait de l’intervention d’Aetius qui espère enfin le grand accord avec Attila, soit parce que Attila estime que cela suffit, soit parce qu’il est trop occupé par les troubles de l’Est de son empire. En effet, Attila fait une nouvelle tournée pour faire comprendre aux diverses tribus qu’elles font partie d’un empire. Les chefs récalcitrants sont assassinés, empoisonnés, détrônés par l’opposition ou ont un « accident ». Attila use de la persuasion et de la contrainte. Après son passage, son empire est consolidé et devient davantage un empire. De retour, il permet à son général Onégèse d’envahir la Macédoine et la Thessalie où il écrase deux armées romaines, puis il contraint l’empereur d’Orient à traiter. Celui-ci accepte malgré la possible défense de Constantinople par le général Aspar. L’envoyé du Hun exige une indemnité de six mille livres d’or, un tribut annuel de deux-mille cent pièces d’or et une rançon pour chaque officier romain évadé.

Une question s’est posée : pourquoi Attila n’a-t-il pas pris Constantinople ? parce que c’était un diplomate, qu’il voulait obtenir des territoires par le chantage quand on pouvait éviter le combat. Aussi parce que c’était un razieur, un pillard qui rêvait d’autres aventures.

Le grand-Eunuque Chrysaphius, furieux contre Attila (celui-ci l’a empêché de s’approprier une partie du tribut en faisant contrôler les comptes par Scotta), tente de le faire assassiner par Edecon, l’un de ses généraux. Edecon, dévoué à Attila, feint d’accepter et demande une solde pour payer ses appuis. Chrysaphius dépêche un certain Vigilas pour porter l’argent à Edecon chez les Huns. L’empereur Théodose II donne son accord.

Edecon raconte le complot à Attila qui ne bronche pas. Une ambassade lui est dépêchée sous la direction du comte Maximin, qui ignore tout. Dans sa suite se trouve Vigilas. Ce dernier retourne ensuite à Constantinople pour doubler la solde jugée insuffisante par Edecon. Revenu à la cour d’Attila, il est enfin jeté en prison par celui-ci et avoue tout. Son argent est saisi. Oreste va à Constantinople demander la tête de Chrysaphius. Théodose II refuse mais doit signer le traité donnant les terres exigées par Attila. La question d’Orient est réglée au profit de l’empereur des Huns. Dans l’affaire, Attila a montré son sens diplomatique par le choix de ses subordonnés (Edecon), par son sens du discernement (il a vu que Maximin était loyal).


V. L’invasion de la Gaule.


1. Menace des Huns sur la Gaule.

Attila s’intéresse ensuite à l’Occident. Un premier différend le met aux prises avec Valentinien III. Un évêque, tué lors de la prise de Sirmium, avait eu le temps de faire vendre à un usurier italien des vases précieux. Attila exige ce butin. Valentinien III refuse avec courtoisie. L’empereur Hun lui adresse des menaces. Ce faisant, Kerka meurt et Attila est fou de chagrin.

Attila remet ensuite sur le tapis l’affaire d’Honoria et demande sa main, avec en dot sa part de l’empire bien sûr. Valentinien III lui répond poliment qu’elle est déjà mariée. Attila le prend très bien. Il ne fait que s’amuser. Mais la menace se précise.

Attila demande enfin à l’empereur d’Occident la permission de franchir le Rhin pour châtier les Wisigoths d’Aquitaine, coupables de soulever les Goths de son empire. Sur le conseil d’Aetius, Valentinien III refuse et s’allie en fait à Théodoric 1er, roi des Wisigoths, par l’entremise de son ami Avitus.

Deux face-à-faces se préparent :

Sur le Rhin, le Franc Ramacher, allié des Romains, s’oppose au Franc Vaast, allié d’Attila.
En Afrique, Genséric, allié d’Attila, s’oppose à Théodoric 1er en Aquitaine, allié d’Aetius.

Attila croit disposer en Gaule de l’appui des Gaulois, des Barbares, des bagaudes (des paysans révoltés). Mais :

Les Gaulois veulent l’indépendance, et non l’oppression hunnique substituée à l’oppression romaine.
Les Barbares ont été éblouis par la Gaule si riche et refusent l’arrivée d’un concurrent, d’un trublion.
Les bagaudes, opposés à Rome, refusent l’incorporation à un autre empire et veulent une Gaule libre. Sur ce point, Eudoxe, leur chef, a trompé Attila.


2. La campagne d’Attila.

Prétextant donc son désir de punir Théodoric, Attila franchit le Rhin vers 450 avec ses alliés les Ostrogoths de Theodemir, les Gépides, les Francs de Vaast. Ses généraux et lui commencent par prendre quelques villes dont Bâle et Colmar. Mais toutes les cohortes se dispersent sans plan d’ensemble, vont à l’aventure, se livrent au pillage, tout cela contre la volonté d’Attila. Ce dernier envoie des émissaires pour tenter de grouper tous ces hommes dans des points de rassemblement et invite ses généraux à se limiter à des actions locales et à éviter le pillage.

On a dit que l’armée hunnique se distinguait par sa cavalerie, celle d’Aetius par l’infanterie. Cependant, les Romains disposaient d’une grande cavalerie et dans le camp Hun existait la solide infanterie gépide. Mais la cavalerie hun était supérieure à celle romaine car les cavaliers Huns étaient mieux équipés. Ils disposaient d’étriers primitifs qui leur assuraient une meilleure stabilité. La cavalerie hun attaquait en quatre lignes successives. D’abord, les « effrayeurs » armés de flèches semaient l’épouvante et préparaient le travail des trois autres lignes armées de javelots, lances, épées. Contrairement à ce que l’on a dit, les familles accompagnant les guerriers étaient rares et étaient restées cantonnées sur le Rhin, ce qui explique la rapidité des manœuvres. Chaque camp avait son intendance mais celle Hun était loin de valoir celle gallo-romaine et n’avait ni four, ni meule. Les Huns vivaient sur les indigènes en prenant leur bétail. Mais ils ont pris des précautions : un troupeau suit la troupe et des réserves de viandes sont installées dans un chariot. Contrairement à la légende, les morceaux de viande placés entre les cuisses des cavaliers et les selles étaient rares : c’était seulement en vue d’une campagne hasardée, sans intendance.

En bref, les Romains ont donné l’exemple de la défense statique, de la stabilité, de la solidité des légions, et les Huns ont cherché le mouvement, la manœuvre. Les premiers voulaient impressionner par le nombre, les seconds, par la terreur, l’épouvante.

Attila se dirige vers Metz. Malgré un siège héroïque et alors qu’il allait se retirer, la ville est prise. Mais Attila ne peut empêcher le massacre et le pillage de la ville par ses hommes. Son général, Oreste, après avoir écrasé une troupe de Gallo-romains et de Francs parvient à Laon qu’il prend et incendie. Puis il s’empare de Saint-Quentin qui connaît le même sort. Il rejoint ensuite Attila. Ce dernier marche sur Reims, fait tuer devant lui l’évêque Nicaise qui tente de négocier la reddition et prend la ville. Mais là encore, il ne peut s’opposer aux excès. Attila est ulcéré par ces massacres, ces excès inutiles, notamment ceux d’Oreste. Une grâce aurait mieux servi sa gloire. Par ailleurs, il estime avoir perdu du temps du fait des massacres, pillages et regroupement des cohortes dispersées. Il veut régler leur compte aux Wisigoths avant l’arrivée des légions d’Aetius qu’il compte refouler dans les Alpes. Il a obtenu l’appui du roi des Alains Sangiban censé garder la Loire pour le compte des Romains. Mais il s’en méfie car c’est un escroc.

Il marche sur Paris. Les Parisiens, affolés, veulent s’enfuir. Sainte Geneviève ranime leur courage et les incite à prier. Attila lève le siège ! quelle est la raison de ce choix ? Probablement en partie son désir d’aller plus loin, d’attaquer avant l’arrivée d’Aetius.

Mais il apprend que celui-ci est parvenu à Arles.

Pour l’empereur Hun c’est un terrible coup du sort car il ne peut plus espérer le refouler dans les Alpes. Il se dirige alors vers Orléans. L’évêque de la ville, Aignan, est résolu à la défendre car il a reçu des assurances de l’arrivée d’Aetius. Les Huns se heurtent là à une résistance héroïque. Mais les Romains n’arrivent pas et Orléans doit se rendre. Toutefois, Attila empêche pillage et massacre.

Aetius finit enfin par arriver. Ses troupes étant inférieures en nombre, il permet à Attila de se retirer de façon honorable. Chose curieuse, il ne fait pas suivre Attila en retraite et n’est informé que par des rapports de bagaudes. Cela, probablement parce que Aetius sait que l’empire d’Attila connaît des troubles dans sa partie Est et qu’il va donc quitter la Gaule. Mais Attila s’inquiète peu pour son empire et veut conquérir les richesses de la Gaule. Aussi, il s’arrête à vingt kilomètres de Troyes, en Champagne, dans un lieu appelé les Champs catalauniques, et attend Aetius.


3. La bataille des Champs catalauniques.

L’étymologie du nom du lieu a été discutée. Il semblerait que le mot vienne des terres, des campagnes, des champs des Catalaunii, une peuplade gauloise, et non d’un terrain où l’on avait l’habitude de dresser des camps. Le lieu de la bataille est imprécis mais de toute façon fut immense et déborda même les Champs catalauniques.

Aetius arrive et les deux armées prennent leurs dispositions sans se gêner. Attila se réserve le centre. En face, il trouve les Francs et les Burgondes d’Aetius. Entre les deux, Aetius a placé Sangiban et ses Alains. Sangiban a en effet trahi Attila mais Aetius s’en méfie et derrière lui a placé les Armoricains. Le général pense que Attila foncera vers Sangiban, butera contre les Armoricains et sera attaqué sur ses flancs. A la tête des Gallo-romains, Aetius s’est réservé l’aile gauche.

La bataille fait rage durant quatre jours. Le roi des Wisigoths Théodoric y trouve la mort. Attila esquisse un mouvement de retraite au moment où ses ennemis Francs, Burgondes, Wisigoths en font autant. Cinq-cent-cinquante mille combattants furent engagés dans cette bataille, l’une des plus grandes de l’Histoire. Il faudra attendre les guerres napoléoniennes et les guerres mondiales pour voir engager des masses de combattants comparables. Les Champs Catalauniques furent :

La victoire de la romanité sur la barbarie (à condition de ne pas oublier que des Barbares défendaient la romanité et qu’il y avaient des Romains dans le camp Hun).
Du conservatisme (non des masses mais plutôt des aveugles comme Valentinien III) sur l’aventurisme guerrier.
Du christianisme sur le paganisme (l’Eglise a soutenu la défense).
De la civilisation sédentaire sur les nomades.

Mais surtout :

Ce fut la victoire des Gaulois qui sauvèrent leur indépendance contre l’envahisseur. Devant l’indifférence de l‘empereur, pour qui la Gaule n’était qu’un rempart, les Gaulois abandonneront Rome et tenteront d’édifier une nation avec les Barbares. Après les Champs catalauniques, la Gaule ne sera plus la même. L’invasion Hun a ébranlé toute la Gaule qui a participé à l’effort commun, et a préparé, accéléré, la prise de conscience nationale, l’aube de la France, même s’il ne faut rien exagérer.

Plusieurs énigmes se posent :

Pourquoi les divers belligérants se sont-ils retirés en même temps ? Les Wisigoths sont partis pour résoudre les conflits entre les successeurs de Théodoric en Aquitaine. Aetius n’a pu les en empêcher sans risquer une rupture. Les Francs ont voulu se faire bien voir de Rome et des Gaulois en surveillant la retraite des Huns. Les Burgondes ont regagné la Bourgogne où ils devaient être souverains.

Mais Attila ? Il aurait pu continuer le combat, il lui restait deux-cent-cinquante mille hommes contre les cent-quinze mille d’Aetius ! En fait, la bataille aboutissait à un match nul. Plusieurs hypothèses ont été émises sur la retraite d’Attila. Les deux principales sont les suivantes :

Attila a sous-estimé la résistance des Gaulois, et il a pensé conquérir plus facilement la Gaule en l’attaquant par le Sud, pendant que ses alliés Ostrogoths l’attaqueraient par le nord, après s’être emparé de l’Italie.
Il pense s’entendre ensuite avec les Francs espérant peut-être leur faire accepter son protectorat.

L’empereur Hun pense peut-être qu’un nouveau choc lui sera fatal. Il est possible que la complicité d’Aetius, voulant ménager Attila, ait joué.

L’abstention d’Aetius ne poursuivant pas son ennemi est plus troublante. Elle s’explique peut-être par :

La complicité d’Aetius vis-à-vis d’Attila.
L’obligation de laisser partir les fédérés.
La certitude qu’Attila, partant avec ses chariots, ne pourra faire une volte-face subite.
La conviction qu’Attila doit remettre de l’ordre dans son empire (Aetius, complice, préfère pour voisin un empire stable que des tribus sauvages).
Ses illusions qui l’incitent à rentrer rapidement à Rome où il sera, pense-t-il, triomphalement reçu.

Sur ce dernier point, il sera déçu. Des espions ont informé Valentinien III de l’abstention du patrice. Sur l’instigation de son ennemi à la cour, Maxime Petrone, Aetius est même mis en accusation. Ses officiers sont solidaires de lui et il refuse de comparaître. Toujours du fait des agissements de Petrone, il sera finalement assassiné par l’empereur.





VI. L’invasion de l’Italie.

Attila fait retraite vers le Danube en laissant de nombreux blessés derrière lui. Même s’il a une impression de défaite, il ne renonce pas à la guerre. Son but : entreprendre une conquête de l’Italie pour entrer en Gaule par le Sud. Apprenant le heurt de Aetius avec son empereur, il attend que les choses se dégradent en bon diplomate qu’il est. Puis, alors qu’il envoie Oreste à l’Est aider Ellak à remettre de l’ordre et qu’il laisse sur place Onégèse administrer l’empire et entrer en contact avec les Francs, il prépare son expédition. Hélas, les Ostrogoths, les Gépides, les Hérules, ébranlés par sa retraite et prétextant des troubles intérieurs ne lui envoient qu’un faible contingent.

De son côté, Aetius prépare la défense. Il tente vainement de convaincre l’empereur de se rendre en Gaule, mieux protégée, mais il parvient à le persuader de s’établir à Rome, moins menacée que Ravenne. Puis il se rend à Constantinople solliciter de l’empereur Marcien – homme énergique arrivé au pouvoir après une révolution de palais survenue à la mort de Théodose II et qui, ayant refusé de payer le tribut à Attila, pense l’avoir suffisamment intimidé – l’envoi de troupes dans l’Est alpin. Marcien n’est pas d’accord et ne promet qu’une attaque en Mésie si l’Italie est envahie.

Entre-temps, Attila, déjà malade, a fait son testament. Il veut garder l’unité de l’empire et placer à sa tête son fils Ellak comme empereur, avec Onegèse comme mentor. Ses autres fils auront le titre de rois sur les divers territoires. Mais à sa mort, son empire s’effondrera malgré les efforts d’Onegèse. Attila savait choisir ses subordonnés qui firent preuve d’un grand dévouement pour lui car ils lui devaient tout. Toutes les actions d’Attila seront celles d’une équipe, même si l’empereur Hun se réservait en définitif le dernier mot.

Le maître des Huns envahit alors l’Italie, en 452, et marche sur Aquilée, point stratégique et grande place commerciale. Malgré une défense héroïque, la ville est prise et les habitants massacrés. Le fléau de Dieu renoue ainsi avec sa politique de férocité car il pense que seul l’appât du gain intéresse ses guerriers.

Puis il s’empare des villes de l’Italie du Nord avec la même cruauté. Des habitants fuient sur les lagunes et fonderont Venise. Aetius établit une ligne de défense au Sud du Pô. Attila imagine alors la ruse de lancer Oreste en Toscane pour attirer et égayer les forces d’Aetius par des dispersions et regroupements successifs. Pendant ce temps, Attila franchira le Pô à un autre endroit et marchera tranquillement sur Rome. Oreste exécute la première partie du plan mais Attila ne bouge pas de Mantoue !

Valentinien III, terrorisé, veut alors négocier avec Attila. Il envoie le Pape Léon 1er, très respecté, obtenir le départ du Hun. Une entrevue a lieu où Attila est fasciné par le saint homme. Moyennant le paiement d’un lourd tribut, il accepte de partir. Au passage, il livre néanmoins Augsbourg au pillage.

Pourquoi cette nouvelle retraite ? plusieurs hypothèses sont les suivantes :

Un désir de remettre de l’ordre dans son empire.
Une santé chancelante.
Un déséquilibre psychologique faisant succéder une phase de démission à une phase de résolution (la nature d’Attila est certes complexe et mystérieuse).
Son génie diplomatique : peut être veut-il seulement faire peur pour voir se donner à lui presque sans combat l’Occident avec la Gaule, une fois qu’il aura conquis l’Orient.


VII. La fin du règne.
Attila entreprend ensuite sa dernière campagne pour rétablir l’ordre à l’Est. C’est la plus rapide (trois mois). Lui et Oreste se répartissent la tâche en allant chacun opérer dans des régions différentes. Ils ont affaire à des nouveaux venus : les Khazars.

De retour, Attila compte préparer sa grande expédition sur les deux empires romains en commençant par celui d’Orient. Avant, il se marie avec Ildico, mystérieuse princesse ostrogoth, danoise, burgonde, franque ou bactrienne (on ne sait pas), de l’âge de seize ans. Les cérémonies se déroulent avec faste devant les rois vassaux. Puis ils entrent dans la chambre nuptiale. Attila est retrouvé au matin mort d’une apoplexie hémorragique. Nous sommes en 453.

Attila a donné le coup de grâce à l’empire d’Occident. Mais son renoncement à Constantinople a permis à celui d’Orient de vivre encore mille ans. Attila a ainsi influencé le cours de l’Histoire.



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«Κρέσσον πάντα θαρσέοντα ἥμισυ τῶν δεινῶν πάσκειν μᾶλλον ἢ πᾶν χρῆμα προδειμαίνοντα μηδαμὰ μηδὲν ποιέειν»
Xerxès, in Hérodote,

L'Empereur n'avait pas à redouter qu'on ignorât qu'il régnait, il tenait plus encore à ce qu'on sût qu'il gouvernait[...].
Émile Ollivier, l'Empire libéral.
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Message Publié : 29 Juin 2020 17:57 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 13 Jan 2013 13:11
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Intéressant, j'ignorais notamment que Attila avait fait un séjour à Rome comme otage de marque. De même le voyage dans une province chinoise m'était inconnu.

Je suis un peu plus perplexe sur certaines choses:

Par exemple l'idée que les Champs Catalauniques ai marqué une victoire de la romanité, même modérée... l'auteur de la fiche relativise, je l'ai bien vu mais l'idée m'étonne...
Citer :
En bref, les Romains ont donné l’exemple de la défense statique, de la stabilité, de la solidité des légions
De ce que j'ai pu lire sur cette fameuse bataille il n'y avait plus grand chose de tout ceci dans le camps "pseudo romain". Ce sont surtout les wisigohts qui décident du sort de la bataille... non?
Citer :
De son côté, Aetius prépare la défense. Il tente vainement de convaincre l’empereur de se rendre en Gaule, mieux protégée, mais il parvient à le persuader de s’établir à Rome, moins menacée que Ravenne
Heu c'est l'inverse non...? Ravenne avait justement été choisie pour sa moindre vulnérabilité. A moins qu'il ne s'agisse d'un sombre calcule d'Aetius >:(

En tout cas c'est bien écrit et avec de nombreux détails instructifs mais je serait curieux d'avoir d'autres avis...


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Message Publié : 29 Juin 2020 21:00 
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Jean-Pierre Vernant
Jean-Pierre Vernant
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Je n'ai fait que parcourir mais juste pour vous répondre Théodare, les Wisigoths de l'époque sont loin d'être des Germains hirsutes à la Gladiator ; ils vivent en interaction avec l'Empire depuis le IIIe siècle et ils se sont installés sur les terres impériales dès 376, sans parler du fait qu'ils sont partiellement christianisés avant cette date. Disons qu'il y a tout de même de la romanité dans ces barbares. Je ne sais pas ce que l'auteur a dans la tête et la formule est grandiloquente. A voir dès que je pourrais lire ça posément.

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Scribant reliqua potiores, aetate doctrinisque florentes. quos id, si libuerit, adgressuros, procudere linguas ad maiores moneo stilos. Amm. XXXI, 16, 9.


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Message Publié : 03 Juil 2020 4:16 
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Les effectifs des armées de la bataille des Champs Catalauniques me paraissent outrageusement gonflés.

Un sentiment national gaulois me paraît aussi hautement improbable à cette époque.

_________________
Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)


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Message Publié : 03 Juil 2020 9:44 
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Eginhard
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Jean-Marc Labat a écrit :
Un sentiment national gaulois me paraît aussi hautement improbable à cette époque.
Quelques hisopriens l'ont pourtant mis en avant


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Message Publié : 03 Juil 2020 10:00 
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Jean-Pierre Vernant
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Un sentiment d'appartenance n'est pas un sentiment national, à un moment les anachronismes il faut arrêter.

Pour ce qui est des chiffres dans l'antiquité... On va dire qu'ils n'ont pas souvent le souci de la précision comptable.

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Scribant reliqua potiores, aetate doctrinisque florentes. quos id, si libuerit, adgressuros, procudere linguas ad maiores moneo stilos. Amm. XXXI, 16, 9.


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Message Publié : 03 Juil 2020 16:31 
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Eginhard
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Inscription : 18 Fév 2010 22:31
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Pédro a écrit :
Un sentiment d'appartenance n'est pas un sentiment national, à un moment les anachronismes il faut arrêter.
Je pensais à Maurice Bouvier-Ajam et à ce qu'il a écrit dans Les Empereurs gaulois. Il utilise plusieurs fois l'expression "nation gauloise", et lorsqu'il écrit : "Le point de départ des Empereurs gaulois est la volonté de libérer la Gaule de l'oppression romaine, de la sortir de l'état d'infériorité où Rome entend la maintenir, d'assurer les droits propres d'une nation gauloise". Alors, un sentiment d'appartenance à un peuple qui est qualifié de nation ressemble bien à un sentiment national ?


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Message Publié : 03 Juil 2020 17:20 
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Certes, mais entre les empereurs gaulois et Attila, presque deux cents ans se sont écoulés, ce qui n'est pas rien.

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)


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Message Publié : 03 Juil 2020 18:21 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

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Diviacus a écrit :
Pédro a écrit :
Un sentiment d'appartenance n'est pas un sentiment national, à un moment les anachronismes il faut arrêter.
Je pensais à Maurice Bouvier-Ajam et à ce qu'il a écrit dans Les Empereurs gaulois. Il utilise plusieurs fois l'expression "nation gauloise", et lorsqu'il écrit : "Le point de départ des Empereurs gaulois est la volonté de libérer la Gaule de l'oppression romaine, de la sortir de l'état d'infériorité où Rome entend la maintenir, d'assurer les droits propres d'une nation gauloise". Alors, un sentiment d'appartenance à un peuple qui est qualifié de nation ressemble bien à un sentiment national ?
Pour ma part j'ai surtout lu que cet empire gaulois était le fruit d'une volonté d'autodéfense dû à un sentiment d'insécurité permanent. Ceci en raison d'une impuissance de Rome à défendre efficacement la frontière du Rhin au cours de la crise du troisième siècle. L'ambition personnelle de généraux et de hauts personnages a certainement joué aussi...

Et puis lorsque Tétricus, le dernier empereur gaulois se retrouve face à face avec Aurélien il n'y a pas de soulèvement ni de motivation en faveur de la survie de cet empire annexe. Tout au plus un petit "Délivres moi ho invincible de mes tourments!" et puis hop tout le monde rentre dans le rang... ( je plaisante, la citation est peut être apocryphe mais amusante :))


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Message Publié : 03 Juil 2020 18:56 
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Jean-Pierre Vernant
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Vous avez totalement raison Théodare ; cet "Empire gaulois" est de toute façon un calque de l'Empire romain mais dont l'extension se limite à l'extrême occident. D'ailleurs son étendue même brise l'idée d'une appartenance nationale puisqu'il englobe jusqu'à l'Espagne et l'Angleterre... Il correspond simplement à un terrain d'opération rationnel dans un moment très compliqué. Il disparaît dès la reprise en main d'Aurélien sans la moindre révolte gauloise. Et les bagaudes dont on a parfois voulu faire une forme de résistance à la conquête (sic) c'est essentiellement du brigandage commis par des paysans ruinés.

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