Jerôme a écrit :
Il existe un village de Bethleem dans le Morvan je crois...
Il s'agit bien de l'évêché de Bethléem. Bravo, Jérôme, vous avez la réponse, à deux détails près...
1/ Bethléem n'est pas un village, c'est un quartier de la petite ville de Clamecy (sous-préfecture de 3600 habitants, le plus petit secteur sauvegardé de France).
2/ Clamecy, et Bethléem-lès-Clamecy, ne sont pas en Morvan, mais dans la plaine de l'Yonne. Clamecy appartient au département de la Nièvre
(qui couvre effectivement la moitié du Morvan, mais c'est plus loin > 35km environ)Jean-Mic a écrit :
Je suis fondé en 1110 dans le lieu dont j'ai logiquement pris le nom,
La ville de Bethléem est érigée en évêché en 1110, avec un évêque (franc) résident. La basilique de la Nativité devient cathédrale.
En 1168, le comte Guillaume IV de Nevers, meurt de la peste durant la Croisade. Avant sa mort, il lègue à l'évêché de Bethléem un hôpital du nom de Panténor, situé juste de l'autre côté de la rivière face à la petite ville de Clamecy (première étape de la Via Lemovicensis, partant de Vézelay). La donation est confirmée sans équivoque par ses descendants.
Jean-Mic a écrit :
Quand les choses se gâtent, je trouve pour un temps refuge dans l'un des derniers réduits de sûreté en terre hostile,
En 1187, lorsque Bethléem tombe, l'évêque Pierre (6ème évêque) se réfugie d'abord à Saint-Jean-d'Acre, puis dans différents lieux de France.
Jean-Mic a écrit :
Puis, je me réfugie très très-loin de là, dans un modeste hôpital au faubourg d'une petite ville, au bord de la rivière.
En 1224, l'évêque Geoffroi (8ème évêque) prend réellement possession de l'Hôpital de Panténor, et y installe temporairement son siège épiscopal. La chapelle de l'hôpital devient cathédrale : une cathédrale de deux travées de long, construite autour de 1180, dont les voûtes comptent parmi les premières croisées d'ogives de la région.
(NB : ce qui reste de cette cathédrale est aujourd'hui une salle de restaurant !).
La communauté de religieux desservant l'hôpital prend le double statut de chapitre cathédral et d'ordre hospitalier sous le nom d'
Ordre de l'Étoile (en référence à l'étoile de Bethléem, évidemment).
Jean-Mic a écrit :
De 1224 jusqu'à la Révolution Française, en plus d'être une bizarrerie canonique, je suis, sans hésitation aucune, le plus petit évêché que la chrétienté ait connu.
En 1291, lors de la chute de Saint-Jean-d'Acre et de la fin du Royaume de Jérusalem, le siège épiscopal de Bethléem est maintenu,
à la différence des autres évêchés catholiques de Palestine. L'installation temporaire devient définitive. Le diocèse de Bethléem est désormais réduit à l'hôpital et à ses dépendances. Il ne couvre que quatre hectares ! et n'a pas d'autres diocésains que les chanoines desservant l'hôpital. Il est totalement enclavé dans le diocèse d'Auxerre
(qui à l'époque couvre une partie du comté de Nevers, et une partie de la Nièvre actuelle).
Il s'agit donc bien d'une bizarrerie canonique : un évêché quasiment sans territoire et sans peuple, mais dont le titulaire compte de manière ininterrompue jusqu'en 1792 parmi les évêques de France. Heureusement pour les évêques de Bethléem, tous ont pu disposer d'autres bénéfices, car ceux du tout petit diocèse de Bethléem n'auraient jamais suffi pour subsister.
Il ne doit toutefois pas être confondus avec les évêchés in partibus, dont seul le nom est conservé, et attribué à des évêques sans diocèse. Par exemple, les évêques auxiliaires des grandes métropoles (Paris en compte quatre) ont pour titre des évêchés disparus depuis longtemps, en Palestine, en Asie mineure, en Afrique romaine, et dont pour certains on ignore jusqu'à l'emplacement exact (ex : Zalatta, Partenia, en Afrique du Nord, rasés par l'invasion vandale). Les évêchés in partibus ont une existence intermittente : le titre se crée et se perd au gré des ordinations épiscopales ... alors que notre évêché de Bethléem a perduré dans les siècles.A vous, Jérôme !